Il est « grand temps » que la communauté internationale « concrétise sa détermination » à préserver l’humanité du « fléau de la guerre », selon l’ « engagement ferme » exprimé dans le préambule de la Charte des Nations Unies, a prévenu Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Relations avec les Etats, le 28 septembre dernier devant
Dans son intervention à la réunion plénière de haut niveau des Nations Unies pour commémorer et promouvoir la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, célébrée le 26 septembre, le secrétaire pour les Relations avec les Etats a mis en avant « la demande insistante de l’humanité pour l’élimination des armes nucléaires ».
Mgr Gallagher a dénoncé des facteurs faisant obstacle à ce processus : d’une part, « la politique de dissuasion, qui alimente la course aux armements et génère un environnement technologique déshumanisant entretenant et aggravant la méfiance entre les nations » ; et d’autre part, « la dépense exorbitante de quelques États dans la production et le déploiement d’arsenaux nucléaires, qui est une source d’inégalité croissante tant au sein des nations qu’entre elles ».
Voici notre traduction du discours prononcé en anglais par Mgr Paul Richard Gallagher.
Discours de Mgr Paul Richard Gallagher
Monsieur le Président,
La célébration aujourd’hui de la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires est l’occasion de faire comprendre au monde, et en particulier aux dirigeants des États dotés d’armes nucléaires, la demande insistante de l’humanité pour l’élimination des armes nucléaires et les nombreux engagements de ce forum pour débarrasser le monde de la menace d’une guerre nucléaire.
Il y a quatre ans, 122 États membres ont voté pour adopter le traité sur l’interdiction des armes nucléaires. En janvier dernier, ce traité est entré en vigueur. Le Saint-Siège est reconnaissant envers les Etats qui ont signé et ratifié le traité, et il encourage les États réticents à adhérer à cet important accord.
Monsieur le Président,
Deux facteurs contribuent à perpétuer le statu quo nucléaire.
Le premier est la politique de dissuasion, qui alimente la course aux armements (1) et génère un environnement technologique déshumanisant entretenant et aggravant la méfiance entre les nations (2). Nous devons faire nôtre l’intuition du pape Jean XXIII, selon laquelle « la paix véritable » et durable entre les nations ne résulte pas « de l’équilibre des armements », mais de la « seule confiance mutuelle » (3). La confiance entre les nations justifie la vérification et le Saint-Siège soutient fermement les accords de désarmement vérifiables.
Le deuxième facteur est la dépense exorbitante de quelques États dans la production et le déploiement d’arsenaux nucléaires, qui est une source d’inégalité croissante tant au sein des nations qu’entre elles. Face à une pandémie mondiale de durée incertaine et à l’aggravation des effets du changement climatique mondial, les États doivent réduire leurs dépenses militaires afin de répondre aux besoins humanitaires et aux exigences de notre maison commune. Dans ce contexte, je souhaite renouveler l’appel du Saint-Siège aux gouvernements pour que « les ressources financières consacrées aux armes ainsi qu’à d’autres dépenses militaires » soient utilisées pour créer « un fonds mondial, en vue d’éradiquer la faim une bonne fois pour toutes et pour le développement des pays les plus pauvres » [4]. J’exhorte particulièrement les États bénéficiant du parapluie nucléaire à contribuer à recalibrer les priorités mondiales en soutenant les efforts de désarmement nucléaire en vertu de l’article VI du Traité de non-prolifération.
Monsieur le Président,
Les premiers mots de la Charte des Nations Unies constituent un engagement ferme à « préserver les générations futures du fléau de la guerre qui a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances » (5). Il est donc grand temps que la communauté internationale concrétise sa détermination. C’est au cœur de la mission de cette Organisation et c’est le désir longtemps inassouvi de la famille humaine. Il est temps pour nous d’agir.
Je vous remercie, Monsieur le Président.
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(1) Mgr Dominique Mamberti, Discours à la Réunion de haut niveau sur le désarmement nucléaire, 26 septembre 2013.
(2) Cf. Pape François, Fratelli tutti, n. 258.
(3) Pape John XXIII, Pacem in terris, n. 113.
(4) Fratelli tutti, n. 262 ; Paul VI, Populorum progressio, n. 282.
(5) Préambule de la Charte des Nations Unies.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat