« L’hospitalité génère la vie », a déclaré le cardinal Michael Czerny SJ, sous-secrétaire de la Section Migrants et Réfugiés en accueillant la marionnette Amal, symbole des réfugiés, Place Saint-Pierre, ce 10 septembre 2021. L’hospitalité permet « aux communautés de grandir de façon consciente en tant que famille humaine, dans la maison commune ».
Marionnette de 3 mètres 50 en provenance de Gaziantep, près de la frontière entre la Turquie et la Syrie, Amal représente une petite fille réfugiée à la recherche de sa famille. Elle raconte symboliquement les souffrances de tant de mineurs migrants.
Des dizaines d’enfants aux foulards jaune étaient présents Place Saint-Pierre pour cet événement du Dicastère pour le service du développement humain intégral, encadrés par des animateurs de la communauté Sant’Egidio vêtus de tee-shirts rouge.
Dans son discours de bienvenue, le cardinal Czerny a évoqué le récit biblique de la Genèse, dans lequel Abraham et Sarah, en accueillant trois étrangers, reçoivent d’eux la « bonne nouvelle inattendue » qu’ils auront un fils, ce qui leur ouvre « une nouvelle perspective sur l’avenir ».
Voici notre traduction de l’italien des paroles de bienvenue du cardinal Czerny.
Discours de bienvenue du cardinal Czerny
Bienvenue Amal !
Merci, Mgr Ambarus, de m’avoir invité à cette fête. Bonjour à tous, aux enfants, aux jeunes et aux adultes qui sont ici ! Le diocèse de Rome a choisi pour cette occasion le puissant symbole de la Tente.
Comme on peut le lire au dix-huitième chapitre du livre de la Genèse, près du chêne de Mambré, Abraham accueille avec générosité, dans sa tente, trois étrangers qui se révèlent ensuite être envoyés par Dieu. Nous apprenons donc qu’offrir l’hospitalité à trois hôtes inattendus et inconnus ouvre à la possibilité d’une rencontre avec Dieu. Les trois étrangers, pour leur part, apportent à Abraham et Sarah l’annonce d’un fils. Ils sont les messagers d’une bonne nouvelle inattendue qui offre une nouvelle perspective sur l’avenir, une promesse de quelque chose qu’Abraham et Sarah désiraient ardemment et qu’ils considéraient désormais comme irréalisable.
Comme nous l’enseigne ce célèbre passage biblique, l’hospitalité génère donc la vie. La culture de la rencontre, comme le dit le pape François, est porteuse de défis – pas toujours faciles ! – qui permettent aux communautés de grandir de façon consciente en tant que famille humaine, dans la maison commune. Chère Amal, tu peux te reposer dans la tente, certes, mais tu reprendras bientôt ton chemin. Chacun de nous, tous frères et sœurs, est en chemin ; l’Eglise est en chemin et son renouveau passe par le changement de chacun, prouvant qu’elle est vivante (1).
L’accueil transforme, comme en témoignent tant de communautés et de familles qui ont pris sur elles le soin « de l’étranger », surtout les personnes qui s’occupent de mineurs déracinés de leur famille, de leur communauté, de leurs aspirations, qui doivent compter sur des inconnus de bonne volonté pour les protéger afin de devenir les personnes que Dieu a voulues et de prendre la place qui leur revient dans les communautés qui les accueillent. L’intégration est un processus bidirectionnel, avec une reconnaissance et des droits et devoirs réciproques (2) ; c’est aussi un processus complexe, parfois accidenté, mais dont l’objectif doit toujours être le développement humain intégral des nouveaux arrivés comme de ceux qui les accueillent, spécialement des plus vulnérables d’entre eux.
La 107ème Journée mondiale du migrant et du réfugié (3) sera célébrée dans le monde entier dimanche 26 septembre. Le Saint-Père a consacré son message à ce thème : « Vers un ‘nous’ toujours plus grand », voulant ainsi indiquer un horizon clair pour notre chemin commun dans ce monde. En réalité, souligne le pape, « nous sommes tous dans le même bateau et nous sommes appelés à nous engager pour qu’il n’y ait plus de murs qui nous séparent, qu’il n’y ait plus ‘les autres’ mais seulement un ‘nous’, grand comme l’humanité entière ».
Ici, à côté de nous, il y a vraiment un bateau : une sculpture que le pape François a voulue sur la Place Saint-Pierre afin de nous rappeler à tous le défi évangélique de l’accueil, cet accueil qui ouvre les portes à des rencontres extraordinaires. En effet, vous pouvez voir qu’au milieu de tous ces migrants (ils représentent les très nombreuses personnes qui ont dû fuir au cours de l’histoire), on voit deux ailes : ce sont les ailes d’un ange.
Dans la lettre aux Hébreux, on lit : « N’oubliez pas l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges » (13, 2). Et qui sait combien d’anges se cachent derrière les visages de tant de migrants et de réfugiés, de mineurs et de jeunes, d’adultes et de personnes âgées ? A nous revient la tâche de les accueillir et de les protéger, premiers pas indispensables à leur promotion humaine intégrale, c’est-à-dire un avenir comme nous en voulons tous.
Chère Amal, merci d’être arrivée parmi nous. Tu es un ange pour ceux qui te rencontrent. Nous nous chargeons de ton histoire, nous t’accompagnons dans ton voyage et nous souhaitons que toi-même et nous tous, nous trouvions ce que nous cherchons.
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(1) www.youtube.com/watch?v=5F7_aOhSW2Q
(2) https://migrants-refugees.va/fr/ressources/video/
« L’intégration, qui n’est ni assimilation ni incorporation, est un processus bidirectionnel qui se fonde essentiellement sur la mutuelle reconnaissance de la richesse culturelle de l’autre » (Forum international « Migrations et Paix », 21.02.2017).
© Traduction Zenit, Hélène Ginabat