« Un défi est lancé à l’humanité, nul ne peut fuir le rendez-vous de l’histoire » : la Conférence des religieux et religieuses de France (CORREF) répond présent à l’appel du pape François pour l’accueil des familles de réfugiés, dans ce communiqué de son président, le frère Jean-Pierre Longeat.
Il fait observer quel esprit anime la CORREF : « Il ne suffira pas de trouver pour eux un toit, il faudra aussi entrer dans un vrai dialogue où toutes ces femmes, ces hommes, ces enfants sentiront qu’ils sont accueillis dans un esprit de fraternité, d’humanité. »
A.B.
Sur l’appel du pape François à accueillir des réfugiés
Les communautés religieuses sont touchées depuis longtemps par les mouvements de populations qui, pour diverses raisons, prennent la décision de fuir leur pays et plus particulièrement en ces jours. Les conditions de violence, de pauvreté, de tensions ethniques ou religieuses qui affectent certaines parties du monde doivent mobiliser notre attention et chacun pour sa part doit participer à sa manière à la construction d’un monde de justice et de paix.
Les pays d’Europe se font aujourd’hui un devoir d’accueillir des réfugiés en très grand nombre. La France ouvre ses portes à quelque 24 000 d’entre eux, du Moyen-Orient en particulier, alors même qu’elle en accueillait déjà beaucoup d’autres par ailleurs. Mais il ne suffira pas de trouver pour eux un toit, il faudra aussi entrer dans un vrai dialogue où toutes ces femmes, ces hommes, ces enfants sentiront qu’ils sont accueillis dans un esprit de fraternité, d’humanité.
Comment les chrétiens pourraient-ils rester insensibles à cette perspective ? Et comment, à plus forte raison, les communautés de religieux et religieuses y seraient-elles fermées ? Au contraire, tous ont à travailler pour qu’un tel accueil se fasse avec discernement, lucidité et profondeur. Il va donc falloir trouver des locaux disponibles et les aménager pour un tel accueil avec les moyens d’animation nécessaires ; pour cela, l’État français et les collectivités locales devront engager de très gros moyens. Mais il va falloir aussi veiller à ce que ces locaux puissent jouer un tel rôle non durant quelques mois d’urgence mais dans une perspective à plus long terme afin d’affronter les questions cruciales de société qui ne manquent pas de se poser dans ces temps où les institutions se trouvent dans la nécessité de construire un nouveau monde.
Les communautés sont à être signes vivants d’un monde de fraternité et de partage tel que chacun le désire profondément. C’est le moment pour eux, pour elles, de poursuivre cet engagement auprès de ces migrants qui, de toutes races et de différentes religions, cherchent un nouvel espace pour mener une vie qui soit digne de la personne humaine.
Depuis longtemps déjà des efforts ont été faits en ce sens. De nombreuses communautés paroissiales et religieuses ont pris déjà des engagements courageux et dérangeants, mais nous n’en sommes qu’au début ; beaucoup reste encore à faire. Un défi est lancé à l’humanité, nul ne peut fuir le rendez-vous de l’histoire. Les chrétiens, les religieuses et religieux y donneront le meilleur d’eux-mêmes dans l’élan de la foi en celui qui n’a pas été anéanti par la violence et par la mort mais s’est manifesté définitivement au cœur même de l’épreuve et au-delà, comme le Vivant à jamais.