« Maintenant plus que jamais, c’est le moment d’agir, de faire quelque chose de concret » pour la planète, affirme le cardinal Turkson, préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral.
Le cardinal Peter K. A. Turkson est intervenu au cours d’une conférence de presse organisée au Vatican, ce mardi 25 mai 2021, à l’occasion de la clôture de l’Année spéciale pour le cinquième anniversaire de l’encyclique Laudato si’ et de la présentation de la Plateforme d’action Laudato si’, et du nouveau site laudatosi.va en 9 langues.
Le pape lui-même est intervenu par un message vidéo lors de la conférence de presse, puis le p. Joshtrom Isaac Kureethadam (« Ecologie et Création »), soeur Sheila Kinsey (JPIC et UISG) et Carolina Bianchi, une jeune italienne engagé dans le mouvement catholique pour le climat.
« Avec un très grand enthousiasme, les Eglises locales, les associations et les mouvements, et bien d’autres encore, ont répondu à l’appel du pape François à prendre soin de notre maison commune », s’est réjoui le cardinal ghanéen, à l’issue de l’Année Laudato si’.
Le préfet du dicastère organisateur a conclu en invitant « de toute urgence, à renouveler le dialogue sur la manière dont nous construisons l’avenir de la planète »: « Nous pouvons tous collaborer au soin de la création. »
Le cardinal Turkson a aussi annoncé la publication de « Laudato si’ Reader ».
Il a aussi indiqué que des contacts sont pris d’une part avec le patriarche Bartholomée à propos de sa participation à la COP26 de Glasgow (1–12 novembre 2021) et avec la Conférence épiscopale britannique.
Au cours de la Conférence de presse, Nigel Topping, champion britannique du climat, a encouragé la mise en oeuvre de la Plateforme d’action Laudato si’ pour une société plus « résiliente » et pour « construire ensemble un avenir meilleur »
Voici notre traduction de l’intervention du cardinal Turkson, en italien.
HG
Intervention du cardinal Peter K. A. Turkson
Chers sœurs et frères, chers amis,
Bonjour et je vous souhaite cordialement à tous la bienvenue à cette conférence de presse que le Dicastère pour le Service du Développement humain intégral a voulu organiser à l’occasion de la conclusion de l’année spéciale pour le cinquième anniversaire de la lettre encyclique Laudato si’, promulguée le 25 mai dernier, et pour le lancement de la Plateforme d’initiatives Laudato si’.
La pandémie de covid-19 avait empêché, l’année dernière, la célébration festive, avec des conférences, événements, documentaire, spectacle immersif (ECHO) sur Laudato si’ etc., du cinquième anniversaire de la lettre encyclique ; mais ce désagrément a déchaîné la créativité du Dicastère, qui a proposé au Saint-Père la promulgation d’une Année spéciale Laudato si’, avec de nombreuses et riches initiatives et activités : la semaine Laudato si’ (18-24 mai), une prière commune pour la terre et l’humanité (le jour anniversaire, 24 mai), la Publication d’un texte interdicastériel avec des orientations opérationnelles pour Laudato si’, un webinaire pour l’évaluation et pour l’avenir de Laudato si’ (juin), Le temps de la création (du 1/09 au 4/10), Réinventer le pacte éducatif mondial (octobre), l’Economie du pape François (février), la Journée mondiale de l’eau (22 mars 2021). La réception mondiale de la proposition et la célébration d’une année spéciale Laudato si’ ont été fabuleuses et généreuses.
Avec un très grand enthousiasme, les Eglises locales, les associations et les mouvements, et bien d’autres encore, ont répondu à l’appel du pape François à prendre soin de notre maison commune. Jardins et chapelles vivants Laudato si’ ont vu le jour, des lieux non seulement faits d’arbres mais issus d’un lien heureux entre le territoire, l’homme et ses activités éducatives, sociales et économiques, dans le respect des écosystèmes et des biodiversités. Par exemple, avec 400 mille catholiques, l’Eglise au Bangladesh a planté plus de 700 000 arbres au cours de l’année, soit presque deux par baptisé. La jeune Vivienne Harr reçoit du co-fondateur de Twitter un million de dollars pour planter des arbres afin de stopper le progrès du Sahara. Ce sont les premiers fruits visibles de l’année de cet anniversaire particulier, qui s’est conclue ces jours-ci avec la Semaine Laudato si’.
Pour témoigner de la réception enthousiaste de l’encyclique Laudato si’, le dicastère publie le Laudato si’ Reader qui rassemble des témoignages sur l’impact et les expériences de diverses personnes dans le monde entier sur Laudato si’. Le livre souligne que l’encyclique n’est pas une histoire que l’on vit de loin, mais une encyclique qui se trouve au cœur de notre environnement naturel et de notre environnement social.
Avec cette conférence de presse, se conclut l’année spéciale Laudato si, mais seulement pour indiquer l’inauguration de sept ans d’activités afin de continuer de concrétiser le message de l’encyclique dans les Eglises locales.
Sept ans après la lettre encyclique Laudato si’, il est bon de regarder le monde que nous laissons à nos enfants, aux générations futures. La pandémie nous a fait réfléchir et nous a enseigné beaucoup, mais le cri de la terre et des pauvres est de plus en plus poignant et le message de nos scientifiques et de nos jeunes est de plus en plus alarmant : nous détruisons notre avenir. Notre famille, qu’elle soit humaine ou non, dans son entièreté, est en grand danger et nous n’avons plus le temps d’attendre ou de reporter. Il est d’une importance capitale de limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale au-dessous de la limite cruciale de 1,5° C au-dessus des niveaux préindustriels, parce que la dépasser serait catastrophique.
Il faut que nous écoutions et répondions à la science, à ce cri de la terre, des pauvres et des nouveaux enfants. Il faut que nous écoutions la frustration et la colère des jeunes contre notre génération ; il faut que nous écoutions leur message d’espoir et de créativité et que nous agissions maintenant pour leur garantir un avenir meilleur, ainsi qu’aux générations futures. Il faut que nous prenions douloureusement conscience, que nous fassions de ce qui se produit dans le monde une souffrance personnelle, et qu’ainsi nous reconnaissions quelle est la contribution que chacun peut apporter.
Maintenant plus que jamais, c’est le moment d’agir, de faire quelque chose de concret. Nous pouvons tous changer pour un avenir juste et durable, nous devons penser de nouveaux modèles, refuser des comportements de vie discutables et nous engager dans de nouveaux comportements. Nous devons reconnaître notre rôle de citoyens écologiques et rendre le monde plus vert et en faire un lieu meilleur, plus sain pour nous et durable pour notre vie. Le pape François nous a tous invités à unir nos forces, à rêver et à « préparer l’avenir ». Cela signifie reconnaître que même si les choses semblent sombres, puisqu’elles ne sont pas sculptées dans la pierre, cela vaut la peine de chercher des modèles économiques qui aideront l’humanité à créer un monde plus juste, sans revenir à un monde d’inégalités.
En cherchant à préparer l’avenir, nous pouvons également reconnaître qu’il est temps d’embrasser de nouvelles opportunités. Il n’y a pas de durabilité sans équité, sans justice et sans impliquer tout le monde, en particulier les personnes plus pauvres et marginalisées ; nous devons impliquer toutes les voix et la sagesse disponibles. Bien conscient de tout cela, le Dicastère a le plaisir d’annoncer que l’Année Laudato si’ aboutira à un projet d’action concret, la Plateforme d’initiatives Laudato si’, un chemin de sept ans vers l’écologie intégrale, qui sera expliqué en détail au cours de cette conférence. Comme nous le rappelle le pape François, l’atténuation des effets du déséquilibre actuel dépend de ce que nous faisons maintenant, et je me joins à Sa Sainteté pour vous inviter tous, de toute urgence, à renouveler le dialogue sur la manière dont nous construisons l’avenir de la planète. Nous pouvons tous collaborer au soin de la création et je voudrais conclure précisément avec une phrase de l’encyclique : l’espérance nous invite à reconnaître qu’il y a toujours une issue, que nous pouvons changer de direction, que nous pouvons toujours faire quelque chose pour résoudre les problèmes. Cela dépend de nous.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat