La famille « est source de valeurs positives pour toute la communauté ». C’est pourquoi cette Année « Famille Amoris Laetitia » est le « moment propice » pour « prendre conscience de notre mission ecclésiale » et contribuer à l’évangélisation » en se laissant « impliquer avec générosité dans l’annonce chrétienne ». C’est ce qu’a affirmé Leonardo Nepi, jeune père de famille intervenu à la conférence de presse de présentation de cette année spéciale dédiée à la famille.
L’année de la « Famille Amoris Laetitia » a été présentée ce jeudi matin 18 mars 2021 à la salle de presse du Saint-Siège. Les époux italiens Valentina et Leonardo Nepi sont intervenus après le cardinal Kevin J. Farrell, préfet du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie ; la prof. Gabriella Gambino, sous-secrétaire de ce même dicastère. « Nous sommes les témoins vivants de la beauté que peut exprimer la famille » a lancé Leonardo dans son intervention.
Cette annonce doit rejoindre « surtout les plus jeunes » parce qu’ils sont « appelés à discerner leur vocation et à constituer les familles de demain », a insisté Valentina Nepi. Evoquant leur expérience à tous les deux d’adolescents engagés en paroisse, elle affirme l’importance pour les jeunes « de voir des jeunes couples de fiancés et de personnes mariées nous consacrer leur temps gratuitement ». Cette année spéciale est donc « une belle occasion pour relancer une approche pastorale transversale, capable de transmettre aux jeunes la beauté de l’amour familial chrétien ».
HG
Voici notre traduction de l’intervention de Leonardo et Valentina Nepi.
Intervention de Leonardo Nepi, en salle de presse du Saint-Siège
Nous sommes très heureux d’être ici aujourd’hui en tant que couple d’époux qui, en cette année consacrée à la « Famille Amoris Laetitia », désire vivre dans un esprit renouvelé son appartenance à l’Eglise, à une période caractérisée par la situation très pénible d’urgence sanitaire, mais également par des perspectives concrètes d’intervention, grâce au développement des vaccins. C’est dans cet horizon d’espérance que nous accueillons l’invitation du pape François à vivre le contenu d’Amoris Laetitia dans toute sa richesse.
Dans notre vie familiale quotidienne, en nous proposant avec persévérance d’utiliser sans crainte les trois mots « puis-je », « merci » et « excuse-moi », le Saint-Père nous rappelle que la relation entre les membres de la famille, et entre les époux en particulier, se protège à partir de mots et de gestes apparemment simples, mais jaillissant d’attitudes profondes d’ouverture, de respect, de patience, de confiance, de partage et de pardon. Ce sont les fondements d’une relation d’amour familial qu’il faut alimenter tous les jours, dans les joies comme dans les difficultés.
L’appel du pape François à l’amour et à l’harmonie familiale peut être accueilli par ceux qui vivent le mariage comme sacrement, mais c’est aussi un appel universellement valable : cette année est avant tout un temps propice pour cultiver de bonnes relations conjugales et familiales. Nous espérons aussi que la famille pourra être davantage valorisée dans la société : promouvoir la dimension sociale de la famille, sa capacité à éduquer les enfants, à animer les lieux et les communautés avec des valeurs positives et créatives, en cultivant le dialogue entre les générations, ne peut qu’avoir des effets bénéfiques pour toute la société.
En famille, nous faisons l’expérience du besoin de partager, de ne pas nous sentir seuls, d’apprendre qu’ « on peut bien faire » et dans l’amour familial nous trouvons une réponse à ces besoins. Pour nous, en tant que couple, et en tant que parents d’une petite fille de cinq ans, il est important de pouvoir rencontrer les autres familles et de partager sur nos expériences, pour éviter un isolement qui n’est bon pour personne.
Surtout, en cette période où la distanciation est imposée par la situation d’urgence sanitaire, nous avons cherché à être créatifs avec nos parents et amis, utilisant les instruments numériques que nous avons à notre disposition et desquels nous sommes désormais familiers. Certes, la rencontre personnelle est plus intense et ne peut pas être remplacée intégralement par un appel vidéo, mais le remède qui nous est offert par ces technologies est important et nous l’avons mis à profit, notamment pour nos rencontres en paroisse, pendant lesquelles nous prions et partageons la lecture de la Parole avec d’autres familles. Le climat de communauté, construit par des années d’amitié dans le Christ, se respire aussi pendant ces réunions en ligne : il y a toujours des échanges de points de vue sur la semaine écoulée, sur les relations avec nos enfants, sur ce que nous espérons pour les jours suivants, sur la vie de notre Eglise.
La force de la famille ne s’épuise donc pas dans l’intimité de nos maisons, parce qu’elle est source de valeurs positives pour toute la communauté. Nous croyons que cette Année est le moment propice notamment pour prendre conscience de notre mission ecclésiale, à laquelle nous prenons part en tant que famille, et pas seulement au niveau personnel. Le baptême et le mariage font de nous des témoins vivants de l’amour de Dieu à l’appel de qui nous avons répondu avec joie et courage. Nous espérons donc que nous, les familles, nous pourrons nous sentir engagées pour contribuer à l’évangélisation et que nous nous laissons impliquer avec générosité dans l’annonce chrétienne. Nous sommes les témoins vivants de la beauté que peut exprimer la famille.
Intervention de Valentina Nepi en visio-conférence:
Il est fondamental que cette annonce rejoigne surtout les plus jeunes, c’est-à-dire ceux qui sont appelés à discerner leur vocation et à constituer les familles de demain. En effet, les graines de cette annonce sont jetées dès la jeunesse et il est important que la pastorale familiale et la pastorale des jeunes soient étroitement en lien. En tant que couple qui s’est connu et formé dans la paroisse de Saione, à Arezzo, nous avons fait l’expérience de la beauté de la vie chrétienne depuis notre adolescence, quand d’autres jeunes, un peu plus âgés que nous, se sont engagés pour nous donner des occasions de fraternité et de rencontre. C’était des jeunes animateurs, parfois même des couples de fiancés, dont beaucoup se sont ensuite mariés. Nous nous souvenons bien du jour du mariage de chacun d’eux ! Nous leur sommes reconnaissants pour l’amitié qu’ils nous ont donnée, malgré la différence d’âge, qui passait au second plan lorsque nous priions ensemble, que nous nous engagions dans des œuvres de charité, que nous nous divertissons ensemble.
Avec un grand nombre d’entre eux, cette expérience de communauté continue aujourd’hui encore, mais précisément quand nous étions adolescents, il a été important de voir des jeunes couples de fiancés et de personnes mariées nous consacrer leur temps gratuitement, à nous qui étions jeunes, animés d’un sens fort de communauté chrétienne. Suivant cet exemple, nous nous sommes aussi, par la suite, engagés dans l’animation de l’après-confirmation, en partageant la beauté et la responsabilité d’animer un groupe de jeunes adolescents guidé par le curé. Nous nous souvenons en particulier de l’expérience des JMJ de Cologne en 2005, mais aussi des semaines d’été en montagne, des retraites, des rencontres de partage du samedi après-midi sur des thèmes d’intérêt pour les jeunes, de l’animation de la messe, des œuvres de charité.
En tant que fiancés, cela a parfois été exigeant de trouver un équilibre sur différents points de vue portant sur les activités à proposer aux jeunes et les moments de tension pour se mettre d’accord et se présenter unis devant le groupe n’ont pas manqué. Nous croyons que cela a été un entraînement fondamental pour apprendre à nous confronter de manière respectueuse, en gardant à l’esprit que nous ne cherchions pas à nous affirmer par rapport à l’autre, mais que nous dialoguions (parfois vivement !) pour le bien de la communauté. Aujourd’hui aussi, dans l’éducation de notre fille, Ilaria, qui a cinq ans, il peut arriver que nos points de vue divergent sur certains points, mais nous cherchons toujours à dépasser ces divergences à travers le dialogue et en nous montrant unis.
Lorsque nous repensons à ces années d’engagement en paroisse, en tant que jeunes, nous ne pouvons pas ne pas penser que ces années ont également été des années de formation au mariage, au dialogue ouvert, à la gestion de responsabilités partagées au dépassement des crises, c’est-à-dire à la construction d’un nous fondé sur la connaissance mutuelle et sur le soutien de Dieu. Nous sommes par conséquent convaincus que cette Année est une belle occasion pour relancer une approche pastorale transversale, capable de transmettre aux jeunes la beauté de l’amour familial chrétien.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat