Le Saint-Siège soutient l’accès universel à des soins de santé appropriés et efficaces, « exempts de toute préoccupation éthique, abordables et rapidement disponibles en quantités suffisantes, y compris dans les pays en développement ». Quelque cent mille institutions catholiques de soins de santé œuvrent dans le monde, auprès des populations les plus vulnérables, rappelle Mgr Caccia.
Mgr Gabriele Caccia, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation des Nations unies à New-York, est intervenu après l’adoption de la résolution A/75/L.41 « Santé mondiale et politique étrangère : Renforcer la résilience des systèmes de santé par des soins de santé abordables pour tous », au siège de l’ONU, le 14 décembre 2020. Il apprécie que cette résolution mette l’accent sur l’impact de la pandémie sur les personnes les plus vulnérables.
Mgr Caccia regrette que la déclaration adoptée comporte la référence, « qui divise et pose de graves problèmes », à la « santé sexuelle et génésique et aux droits génésiques ». Pour le Saint-Siège, déclare-t-il, « cette phrase gênante non seulement affaiblit la résolution, mais la contredit de fait ».
Voici notre traduction de son intervention.
HG
Intervention de Mgr Gabriele Caccia
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège tient à remercier la délégation de l’Indonésie et les autres membres du groupe central de l’initiative sur la politique étrangère et la santé mondiale pour leur engagement dans le processus de consultation.
Le thème « Renforcer la résilience des systèmes de santé par des soins de santé abordables pour tous » n’a jamais été aussi opportun. Il nous rappelle que nous partageons le devoir de prendre soin les uns des autres, en particulier des plus pauvres et des plus démunis. Faire en sorte que tous les individus aient accès aux soins médicaux dont ils ont besoin est une expression concrète de la solidarité, de la justice sociale et du bien commun.
Réfléchissant sur le moment historique actuel marqué par la pandémie de COVID-19, le pape François a récemment déclaré que « la fragilité des systèmes mondiaux face à la pandémie a démontré que tout ne peut pas être résolu par la liberté du marché » (1) « La santé n’est pas un bien de consommation mais plutôt un droit universel et l’accès aux services de santé ne peut donc pas être un privilège » (2) Le droit à la santé est en fait universellement reconnu comme un droit humain fondamental et il s’entend comme comprenant la santé de la personne dans son ensemble et de toutes les personnes à tous les stades de leur développement.
Ma délégation est heureuse de constater que cette résolution met l’accent sur l’impact de la pandémie sur les personnes les plus vulnérables. Celle-ci rend encore plus vulnérables ceux qui n’ont pas accès aux soins de santé, en particulier les personnes handicapées, les personnes âgées, les migrants en situation précaire et les réfugiés. La pandémie a également aggravé les situations dans lesquelles les femmes et les enfants se voient refuser l’égalité d’accès à des soins de santé de qualité.
Le Saint-Siège encourage vivement les efforts communs visant à garantir que des soins médicaux appropriés et des vaccins efficaces, exempts de toute préoccupation éthique, soient abordables et rapidement disponibles en quantités suffisantes, y compris dans les pays en développement. La plupart des pays à faible revenu ont besoin du soutien de la communauté internationale pour surmonter les déficits de financement et assurer le bien-être de leurs populations respectives.
Monsieur le Président,
Cette résolution énonce des engagements importants pour soutenir les personnes les plus vulnérables et faire participer toutes les parties prenantes à la conception de meilleurs systèmes de santé. Elle représente une avancée significative dans nos efforts communs pour fournir des soins de santé à chaque homme, femme et enfant.
Le Saint-Siège n’a jamais manqué de soutenir l’accès universel aux soins de santé ou d’assurer ceux-ci par le biais des quelque cent mille institutions catholiques de soins de santé dans le monde, la majorité d’entre elles desservant les populations vulnérables vivant dans des conditions défavorables.
Le Saint-Siège considère toutefois qu’il est très regrettable que la déclaration adoptée comporte la référence, qui divise et pose de graves problèmes, à la « santé sexuelle et génésique et aux droits génésiques » en tant que composante de la couverture sanitaire universelle. Conformément aux réserves que nous avons exprimées lors des conférences internationales tenues à Pékin et au Caire, le Saint-Siège réitère qu’il considère que l’expression « santé génésique » et les termes connexes s’appliquent à un concept holistique de la santé, qui englobe la personne dans la totalité de sa personnalité, de son esprit et de son corps. En outre, le Saint-Siège rejette l’interprétation qui considère l’avortement ou l’accès à l’avortement comme des dimensions de ces termes, ou de la couverture sanitaire universelle.
L’inclusion de cette phrase gênante non seulement affaiblit la résolution, mais la contredit de fait.
Je vous remercie, Monsieur le Président.
(1) Cf. Pape François, Lettre encyclique “Fratelli Tutti”.
(2) Pape François, Discours aux membres de “Doctors with Africa”, 7 mai 2016.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat