« Repenser nos modèles de développement et de coexistence, pour être de plus en plus digne de la communauté humaine »: c’est ce que recommande Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie pontificale pour la vie.
Dans un entretien à Vatican News, il revient sur le document « Humana Comunitas à l’ère de la pandémie. Méditations intempestives sur la renaissance de la vie » que l’Académie publie ce mercredi 22 juillet 2020. Mgr Paglia publie également un texte intitulé « La ‘Humana communitas’ que le covid-19 nous fait redécouvrir » dans L’Osservatore Romano en italien du 23 juillet.
Rappelant que Humana communitas est le titre de la lettre que le pape François a adressée à l’Académie le 6 janvier 2019, à l’occasion du 25e anniversaire de sa fondation, Mgr Paglia affirme que la pandémie du covid-19 a rendu « sensible une double conscience » : « D’une part, explique-t-il, elle nous fait voir à quel point nous sommes tous interdépendants … D’autre part, elle accentue les inégalités : nous sommes tous dans la même tempête, mais pas dans le même bateau. »
Le président de l’Académie souligne que pour éviter les inégalités de traitement en matière de santé entre les habitants des pays riches et ceux des pays pauvres « nous devons réglementer la recherche de manière à ce qu’elle ne réponde pas seulement aux intérêts politiques et économiques (de quelques-uns), mais qu’elle puisse se dérouler en toute liberté et en responsabilité ».
« Les financements doivent être transparents et partagés, ajoute-t-il, afin que les bénéfices puissent également être répartis de manière juste. »
Dans la matière de santé publique, nous avons appris pendant la pandémie « que les ressources investies dans la prévention des maladies et dans les soins doivent être mieux équilibrées », dit le président : « Cela signifie qu’il faut se concentrer non seulement sur les hôpitaux, mais aussi sur les réseaux territoriaux, tant pour les soins que pour l’éducation à la santé. »
En outre, poursuit-il, nous avons compris que « la santé de chacun est étroitement liée à la santé de tous » : « Nous avons besoin d’un comportement responsable non seulement pour protéger son propre bien-être, mais aussi celui des autres. »
La pandémie a démontré les limites des humains, leur impuissance face au nouveau virus inconnu, rappelle Mgr Paglia : « Nos capacités d’intervention technique et managériale nous ont donné l’illusion de pouvoir tout contrôler. Et au lieu de cela, même dans les sociétés les plus riches économiquement, la pandémie a dépassé l’efficacité des établissements de soins et des laboratoires. Cela a été difficile de prendre conscience de l’échec de notre efficacité et de reconnaître nos limites. »
« La communauté chrétienne » « peut aider … à interpréter la crise » actuelle, estime le président de l’Académie : « Il s’agit de mieux comprendre … que l’incertitude et la fragilité sont des dimensions constitutives de la condition humaine. Cette limite doit être respectée et gardée à l’esprit dans tout projet de développement, en prenant soin de la vulnérabilité de chacun, car nous sommes confiés les uns aux autres. »
La pandémie a montré aussi « qu’aucun pays ne peut agir de manière indépendante des autres, non seulement pour des raisons de santé, mais aussi pour des raisons financières », souligne Mgr Paglia : « L’OMS apparaît indispensable, même si elle a certainement eu quelques défaillances : nous devons apprendre de nos erreurs et améliorer son fonctionnement. C’est la seule façon de rendre efficace le droit universel au plus haut niveau des soins de santé, en tant qu’expression de la protection de la dignité inaliénable de la personne humaine. »
Mgr Paglia explique qu’il existe une relation entre la covid-19 et l’exploitation des ressources de la planète : « C’est l’un des aspects de l’interdépendance, dit-il : des phénomènes poursuivis avec des intentions spécifiques et particuliers dans les domaines agricole, industriel, touristique, logistique, s’ajoutent les uns aux autres et les effets de chacun s’amplifient. La déforestation met les animaux sauvages en contact avec les habitats humains où l’élevage intensif soumet le bétail à la logique de la production industrielle. …Tout cela facilite la transmission de micro-organismes pathogènes d’une espèce à l’autre jusqu’à l’être humain. »
En conclusion, Mgr Paglia dit que « de la « répétition générale » de cette pandémie, nous attendons un saut d’orgueil de l’Humana communitas ». « Elle peut y arriver si elle le veut », affirme-t-il.