S. Thomas More, par Holbein le Jeune @ wikimedia commons

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« La joie profonde du cœur » de S. Thomas More, par Andrea Monda

Et la prière que le pape François prie chaque jour

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« La joie profonde du cœur est également le véritable préalable à l’humour et ainsi l’humour, sous un certain aspect, est un indice, un baromètre de la foi »: Andrea Monda, directeur de L’Osservatore Romano, cite cette réflexion de saint Thomas More dans L’Osservatore Romano en italien du 22 juin 2020, date de la mémoire facultative de ce grand saint anglais, martyr (✝ 1535). Il est lme saint patron des avocats et des responsables politiques.

Andrea Monda cite en conclusion la prière que le pape François a confié prier chaque jour et qui commence ainsi: “Seigneur, Donne-moi une bonne digestion, et aussi quelque chose à digérer.”
AB

“La joie profonde du cœur”
« La joie profonde du cœur est également le véritable préalable à l’humour et ainsi l’humour, sous un certain aspect, est un indice, un baromètre de la foi ». Ou encore : « La joie doit être très liée au sens de l’humour. Pour moi, si un chrétien n’en a pas, il lui manque quelque chose ; le sens de l’humour est l’attitude humaine la plus proche de la grâce de Dieu ».

La première affirmation date des années 80 ; elle est de Joseph Ratzinger. La seconde date de quarante ans plus tard, elle est du pape François. Mais on devine que ce ne sont pas des répliques hors du temps, déconnectées d’une « pratique quotidienne » ; en effet, à cette occasion, le pape a précisé que c’est précisément pour cette raison que « je récite la prière de saint Thomas More depuis quarante ans », pour avoir « le sens de l’humour. La joie chrétienne et le sens de l’humour vont toujours ensemble ».

Il est donc juste d’évoquer ces affirmations le jour de la fête de saint Thomas More, un homme qui a été capable, avec les armes du sourire, d’affronter sa vie, pleine de triomphes et de retournements imprévus, de gloire et de persécution, et surtout d’affronter joyeusement le défi le plus grand, une condamnation à mort injuste et infligée par son vieil ami, le roi Henri VIII.

L’humour est donc une arme ou, plutôt une vertu que le chrétien ne peut pas ne pas cultiver. C’est ce qu’a fait Thomas More et il a été un homme heureux, capable de donner du bonheur à ceux qui étaient proches de lui et, plus qu’un homme heureux, il a été bienheureux, peut-être parce qu’il était capable de vivre sa « béatitude » personnelle qu’il a su résumer avec brio dans cette réplique : « Heureux celui qui sait rire de lui-même, il n’a pas fini de s’amuser ». L’ironie chrétienne est avant tout auto-ironie, une attitude qui suspend tout jugement tranchant sur les autres et en même temps prête à reconnaître, avec miséricorde, ses propres limites.

C’est là que se rejoignent l’humour et l’humilité, autre vertu fondamentale pour le chrétien. Les deux termes viennent de la même racine : humus, terre, qui est également la racine de l’humanitas. L’être humain est tel s’il reconnaît qu’il est né de la terre, composé de boue, limité. Sur cette essence fragile, sale, Dieu a pourtant, selon le récit biblique, soufflé son esprit, l’élevant au-dessus des créatures, à son image et à sa ressemblance, le rachetant de son simple naturel. Et cela n’est pas le hasard si une autre façon de dire humour, consiste à parler d’esprit : un homme qui a de l’humour est un homme qui a de l’esprit, capable de répliques « pleines d’esprit ».

Quand le pape François, depuis environ sept ans, prêche la nécessité pour les chrétiens de devenir des hommes spirituels, de s’ouvrir à l’œuvre de l’Esprit Saint, cela inclut également cet effet, apparemment secondaire, de devenir des hommes d’esprit, capables de sourire avant tout d’eux-mêmes. Plus d’une fois en effet, Bergoglio a mis en garde contre toute forme de rigidité et a invité le peuple de Dieu à se défaire de toute dureté qui sclérose le cœur. L’huile qui fait « fondre » le cœur est aussi composée de cet humour sain et humble. Pour alimenter cette humilité qui nous libère, la prière est fondamentale, peut-être même la prière de saint Thomas More, que le pape récite chaque jour depuis quarante ans et dont le texte que nous publions ici, à la fois simple et fort, ne nécessite pas d’autre commentaire.

Donne-moi une bonne digestion, Seigneur, et aussi quelque chose à digérer.
Donne-moi la santé du corps avec la bonne humeur nécessaire à la maintenir,
Donne-moi une âme sainte, Seigneur, qui sache conserver ce qui est bon et pur,
Afin qu’elle ne s’épouvante pas en voyant le péché, mais trouve en Ta présence
La voie pour redresser la situation.
Donne-moi une âme qui ignore l’ennui, le gémissement et le soupir.
Ne permets pas que je me fasse trop de souci pour cette chose encombrante que j’appelle « moi ».
Seigneur, donne-moi de l’humour, accorde-moi la grâce de comprendre une plaisanterie,
pour que je tire quelque bonheur de cette vie et en fasse profiter les autres.
Ainsi soit-il.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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