Le cardinal Luis Pascual Dri, capucin argentin qui a passé ses dernières années à exercer discrètement son ministère depuis un confessionnal de Buenos Aires, est décédé dans la soirée du 30 juin à l’âge de 98 ans. Ses funérailles ont eu lieu au sanctuaire de Notre-Dame du Rosaire à Nueva Pompeya, où il vivait depuis près de vingt ans. La messe d’enterrement, célébrée le 2 juillet, a été présidée par l’archevêque de Buenos Aires, Jorge Ignacio García Cuerva.
Bien qu’il n’ait été élevé au rang de cardinal qu’en 2023, à l’âge de 96 ans, M. Dri a longtemps été une figure clé et silencieuse de l’Église argentine, incarnant la miséricorde pastorale et l’humilité. Il n’était pas connu pour ses fonctions ecclésiastiques ou ses déclarations publiques, mais pour sa simple fidélité : des heures et des heures passées dans le confessionnal, à écouter, guider et pardonner.
Né le 17 avril 1927 à Federación, Entre Ríos, dans une famille où presque tous ses frères et sœurs ont embrassé la vie religieuse, Dri est entré au séminaire capucin à l’âge de 11 ans. Il a fait sa profession perpétuelle en 1949 et a été ordonné prêtre à Montevideo en 1952. Au fil des décennies, il a exercé son ministère en Uruguay et en Argentine, en tant que directeur de séminaire, maître des novices, éducateur et curé de paroisse dans de nombreuses villes, dont Montevideo, Mar del Plata et Villa Gobernador Galvez.
Mais c’est au sanctuaire de Pompeya, à Buenos Aires, que le ministère discret de Dri a laissé sa marque la plus profonde. Même après sa retraite officielle en 2007, il est resté un confesseur actif, connu pour sa patience infatigable et sa sagesse paternelle. C’est là que le jeune archevêque Jorge Mario Bergoglio, aujourd’hui pape François, l’a sollicité pour une confession et un conseil spirituel.
Le pape François parlera plus tard de Dri comme d’un modèle de prêtrise miséricordieuse. Confronté à l’idée de pardonner trop généreusement, le pape a déclaré : « Je pense au père Dri et je trouve la paix ». Sa promotion au sein du Collège des cardinaux n’est pas une récompense pour un service administratif ou une éminence théologique, mais une reconnaissance publique d’un prêtre dont la sainteté est fondée sur l’écoute, le pardon et l’accueil.
La Conférence épiscopale argentine (CEA) a exprimé sa profonde tristesse à l’occasion de son décès, le décrivant comme « une figure attachante de l’Église de notre pays » et un « infatigable confesseur et témoin de l’amour miséricordieux de Dieu ». Dans un message signé par son conseil d’administration, la CEA décrit le cardinal Dri comme un « humble pasteur » qui « a servi le Seigneur avec fidélité, simplicité et joie », en particulier dans son ministère auprès des pauvres et des oubliés.
Tout au long de sa vie, le cardinal Dri a évité les feux de la rampe. Pourtant, son exemple est aujourd’hui un symbole puissant de ce que le pape François a appelé à plusieurs reprises « l’Église des périphéries » : une Église qui guérit, écoute et pardonne. À une époque souvent marquée par la polarisation et l’abstraction, Dri a offert quelque chose de complètement différent : une porte ouverte, un cœur à l’écoute et un signe tangible de la miséricorde divine.
Il est mort comme il a vécu : dans le silence, la foi et la paix. Mais dans les vies qu’il a touchées et les cœurs qu’il a réconciliés, son héritage perdure.
