Frank-Walter Steinmeier a rencontré le pape Léon XIV à Rome le 22 septembre © Vatican Media

Frank-Walter Steinmeier a rencontré le pape Léon XIV à Rome le 22 septembre © Vatican Media

Le président allemand rencontre le pape Léon XIV

Religion, diplomatie et unité au cœur de la visite à Rome

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Par Valentina di Giorgio

Une rencontre à forte portée européenne et mondiale

Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, s’est entretenu avec le pape Léon XIV à Rome le 22 septembre, première rencontre depuis l’élection du nouveau pontife. L’entretien, tenu au Palais apostolique, a eu des résonances tant européennes que mondiales : l’inquiétude face au déclin du christianisme sur le continent, accompagnée d’un appel à la voix diplomatique du Vatican dans les crises internationales.

La place des Églises dans la société

Frank-Walter Steinmeier a rencontré le pape Léon XIV à Rome le 22 septembre © Vatican Media Pour Steinmeier, la question de la religion ne se limite pas à la théologie, mais touche directement au tissu social européen. « Les Églises peuvent et doivent jouer un rôle constructif pour maintenir la cohésion de notre société », a-t-il déclaré à la presse après l’audience.

Le président, protestant, a souligné que l’État allemand valorise encore la présence morale du christianisme, rappelant que « la voix de Rome reste importante pour nous ». Ses propos ont accompagné une invitation officielle adressée au pape pour qu’il visite l’Allemagne.

Les inquiétudes du pape et la crise de confiance

Le pape Léon XIV, de son côté, a exprimé avec franchise sa profonde préoccupation concernant la diminution du nombre de congrégations catholiques en Europe. Le président allemand a partagé cette inquiétude, reconnaissant que les scandales — en particulier les abus sexuels commis par le clergé — avaient miné la confiance envers les institutions ecclésiales.

Il a aussi cité la sécularisation et le pluralisme religieux croissant comme facteurs majeurs. « Ce n’est pas seulement un fardeau pour le pape et le Vatican », a insisté Steinmeier. « Cela doit être aussi notre préoccupation. »

Le rôle diplomatique attendu du Vatican

Le chef de l’État allemand a également encouragé le pontife à assumer un rôle accru dans la diplomatie mondiale, évoquant notamment les conflits au Moyen-Orient. Dans un contexte de raréfaction des médiateurs, il a affirmé : « Nous ne pouvons tout simplement pas nous passer de l’aide du pape et du Vatican. »

Il a cité comme exemple l’engagement constant du Saint-Siège dans la recherche de la paix en Ukraine, soulignant son influence diplomatique persistante.

Le langage symbolique des cadeaux

Le symbolisme de la rencontre s’est aussi exprimé à travers les présents offerts : trois bouteilles de Riesling provenant de la centenaire cave épiscopale de Rüdesheim et un fac-similé du Clavier bien tempéré de Bach, clin d’œil au patrimoine culturel et religieux de l’Allemagne.

Engagement pour le multilatéralisme

L’itinéraire de Steinmeier à Rome comprenait également une vive défense du multilatéralisme. Dans son discours aux agences des Nations Unies basées dans la capitale italienne — le Programme alimentaire mondial, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Fonds international de développement agricole —, il a mis en garde contre « l’érosion » du droit et des institutions internationales.

« Nous avons besoin d’institutions et de règles solides », a-t-il déclaré, critiquant les gouvernements qui réduisent leurs financements ou s’éloignent de leurs engagements. L’Allemagne, aujourd’hui premier donateur du PAM après le retrait partiel des États-Unis, ne pourra pas maintenir ce rôle indéfiniment, a-t-il ajouté.

Il a plaidé pour un engagement renouvelé envers les règles commerciales et la stabilité financière dans une époque marquée par de fortes tensions économiques.

Une visite marquée par l’engagement religieux

Le président allemand a également visité la Communauté de Sant’Egidio, mouvement catholique laïc connu pour son soutien aux réfugiés et son rôle discret dans des négociations de paix. Cette étape a souligné un fil conducteur de la journée : la nécessité pour les acteurs religieux de dépasser les divisions, en Europe comme dans les conflits mondiaux.

Frank-Walter Steinmeier a rencontré le pape Léon XIV à Rome le 22 septembre © Vatican Media Steinmeier, accompagné de son épouse catholique Elke Büdenbender, incarne depuis longtemps la diversité religieuse de l’Allemagne au plus haut niveau politique. Tous deux avaient déjà assisté aux funérailles du pape François plus tôt cette année, un événement qui avait symbolisé la continuité du ministère papal et sa pertinence diplomatique durable.

Une dimension pastorale derrière la diplomatie

La visite à Rome, bien que diplomatique dans sa forme, avait un arrière-plan pastoral évident : la recherche d’un rôle renouvelé pour les Églises dans une Europe sécularisée et la reconnaissance que le Vatican demeure l’un des rares acteurs moraux capables d’ouvrir des portes dans un monde fracturé.

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Rédaction

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