Alors que le Cameroun retient son souffle dans l’attente des résultats du scrutin présidentiel du 13 octobre, les évêques du pays ont élevé la voix pour inviter à la retenue et à la sérénité. Le président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC), Mgr Andrew Fuanya Nkea, archevêque de Bamenda, a fait savoir, quelles que soient les issues du vote, la paix demeure le bien le plus précieux à préserver. « Les leaders passent, mais le Cameroun demeure », a-t-il affirmé dans un entretien accordé à Radio Vatican, insistant sur la primauté de l’unité nationale sur les ambitions politiques.
Un contexte tendu avant la proclamation des résultats
Les résultats officiels du scrutin, attendu avec fébrilité, doivent être proclamés d’ici au 26 octobre par la Cour constitutionnelle. En attendant, le climat reste fragile : le gouvernement a interdit les rassemblements publics, tandis que certains candidats, à l’image d’Issa Tchiroma Bakary, revendiquent déjà la victoire et dénoncent un risque de « résultats falsifiés ». Dans ce contexte, l’Église catholique au Cameroun se positionne en arbitre moral. Le président de la CENC exhorte la classe politique à éviter toute surenchère et invite la population à ne pas se laisser entraîner par les passions électorales. L’archevêque de Bamenda a rappelé que seule la Cour constitutionnelle est habilitée à proclamer les résultats : « Il faut laisser les institutions faire leur travail et éviter toute provocation. ».
Un scrutin globalement calme malgré quelques irrégularités
Revenant sur le déroulement du vote, le président de la CENC a salué « une atmosphère de paix, de calme et de sérénité » observée dans la plupart des bureaux de vote, tout en reconnaissant quelques anomalies techniques : erreurs de listes électorales, problèmes d’organisation ou de dépouillement. « Nous espérons que les résultats publiés par la Cour constitutionnelle seront conformes aux dépouillements effectués dans les bureaux de vote », a-t-il ajouté. Le prélat a également souligné les souffrances vécues par une partie de la population : pauvreté, routes dégradées, zones d’insécurité. Autant de réalités qui, selon lui, doivent inviter les acteurs politiques à la responsabilité. « C’est beaucoup de souffrance endurée par la population », a-t-il confié, avant de conclure : « Le leader vient, les leaders passent, mais le Cameroun restera toujours un. »
À l’heure où le pays s’apprête à connaître une nouvelle étape politique, le message de l’Église se veut clair : le Cameroun ne doit pas s’enliser dans la division. L’heure est à la responsabilité, à la modération et à la confiance dans les institutions. Car, comme le rappelle Mgr Andrew Fuanya Nkea, « aucune victoire politique ne saurait valoir la perte de la paix ».
