Une française de Bordeaux parle de l'adoration perpétuelle dans sa paroisse © Mathilde Moreau

Une française de Bordeaux parle de l'adoration perpétuelle dans sa paroisse © Mathilde Moreau

Interview : « L’adoration perpétuelle est un cadeau du Seigneur à son Église »

Zenit a interrogé Mathilde Moreau, coordinatrice en paroisse d’une équipe d’adorateurs

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Du 4 au 6 octobre 2024, la paroisse Saint-Jean-Apôtre de Bordeaux, en France, a fêté les 20 ans d’adoration perpétuelle dans l’église du Sacré-Cœur, située au centre-ville. À cette occasion, elle a accueilli les reliques de sainte Marguerite-Marie Alacoque, que l’Église fête ce mercredi 16 octobre.

Depuis 2004, le Saint-Sacrement y est adoré jour et nuit, et cela n’a jamais cessé. Vingt années pendant lesquelles les fidèles ont formé une chaîne ininterrompue de prière et d’intercession pour l’Église et le monde.

Mathilde Moreau est mariée et mère de famille. Convertie il y a 15 ans, cette pharmacienne est devenue une adoratrice fidèle du Saint-Sacrement et s’investit avec passion dans la coordination des adorateurs. Elle témoigne ici de la beauté et de l’importance de l’adoration eucharistique.

 

Zenit : Qu’est-ce que l’adoration perpétuelle et pourquoi l’avoir lancée dans cette église en particulier ?

Mathilde Moreau : L’adoration perpétuelle, c’est Jésus présent au Saint-Sacrement et exposé aux fidèles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. L’adoration, c’est Jésus-Eucharistie qui se fait proche. Ce n’est pas la seule manière d’approcher Jésus, loin de là, mais le fait que le Seigneur soit exposé suscite nos sens, notre vue. Et c’est de cette façon-là qu’Il m’a attirée personnellement.

Il faut savoir que le diocèse de Bordeaux a été consacré au Cœur de Jésus dans les années 1870. Et l’église du Sacré-Cœur est vraiment une église votive, comme le Sacré-Cœur de Montmartre à Paris : elle avait dès le départ une vocation à la prière pour le diocèse, la France et le monde.

C’est à l’initiative du P. Patrick Vedrenne, membre de la Communauté de l’Emmanuel, que l’adoration perpétuelle a débuté il y a maintenant 20 ans. L’adoration est un des piliers de cette communauté, et je pense que cela s’est inscrit assez logiquement : avoir l’adoration perpétuelle dans un diocèse consacré au Cœur de Jésus et dans une église votive qui s’appelle « Sacré-Cœur » !

Les reliques de sainte Marguerite-Marie sont venues à Bordeaux pour les 20 ans de l'adoration perpétuelle © paroisse Bordeaux Saint-Jean

Les reliques de sainte Marguerite-Marie étaient à Bordeaux, en France © Paroisse St Jean Apôtre

Zenit : Comment se passe l’adoration perpétuelle et qu’implique sa mise en place ?

M. Moreau : Au niveau des adorateurs, il y a de tout : certains habitent à Bordeaux, mais d’autres viennent de bien plus loin et se déplacent même la nuit. Il y a des personnes qui sont très attachées à leur heure d’adoration, c’est édifiant. Entre nous, on se reconnaît, on est un peu les « pauvres » de l’Église ! On vient tous « perdre » une heure de notre semaine « à ne rien faire », parfois plus. Nous avons en commun un amour profond de Jésus-Eucharistie.

L’adoration, c’est comme un corps vivant. Ça bouge tout le temps, cela se renouvelle en permanence : des personnes arrêtent, d’autres arrivent. Cela demande donc au niveau de l’organisation beaucoup de souplesse et d’attention. Et régulièrement on se demande : « Comment va-t-on faire ? » Ce sont des actes de foi à répétition de notre part !

Tous les premiers samedis du mois, nous avons une messe qui est dite à l’intention des adorateurs. Je trouve beau que nous ayons cette chance de vivre ce moment ensemble tous les mois. Lors de cette messe, nous rendons grâce pour tous ceux qui nous rejoignent dans l’équipe d’adorateurs. On les cite, et on prie également pour les adorateurs qui sont souffrants : c’est le côté « famille » et « attention aux autres » de notre service. Cette façon de « faire Église » est forte, car tout cela s’exprime au cours d’une messe.

Zenit : Quels fruits liés à l’adoration perpétuelle, constatez-vous pour vous et pour la paroisse ?

 M. Moreau : Dans l’adoration perpétuelle, on se succède les uns aux autres, donc on ne se connaît pas forcément. Il y a cependant un lien très fort entre toutes les personnes qui s’approchent de Jésus dans l’Eucharistie, un lien profond et invisible. C’est assez mystérieux, mais nous sommes en fait très dépendants les uns des autres.

Il y a quelque chose qui est difficile à décrire, qui nous relie et qui fait une très belle fraternité. On est vraiment comme une famille. L’adoration perpétuelle est un cadeau du Seigneur à son Église, elle édifie toute la communauté. Même si les personnes sont appelées individuellement à adorer, très vite elles forment une communauté de foi et d’amour devant Jésus-Eucharistie. Je dirais même qu’entre nous, on se reconnaît.

Tout cela a certainement quelque chose d’attirant, puisque tous les mois nous accueillons de nouveaux adorateurs. Et cela ne vient pas de nous ! Le Seigneur appelle, c’est sûr ! Pour avoir été au cœur de la coordination de l’adoration perpétuelle, je vois bien que ce ne sont pas nos talents qui les font venir. Par exemple, il m’est arrivé plusieurs fois de recevoir un appel de quelqu’un que je ne connaissais pas, désirant s’inscrire pour l’adoration, alors qu’une autre personne venait de m’annoncer qu’elle arrêtait ce service ! Cela montre bien que c’est le Seigneur qui soutient. C’est vraiment un trésor qui nous est donné.

Les festivités ont eu lieu du 4 au 6 octobre 2024. À droite, le curé de la paroisse, le P. Benoît Devos © Mathilde Moreau

Les festivités ont eu lieu du 4 au 6 octobre 2024. À droite, le curé de la paroisse, le P. Benoît Devos © Mathilde Moreau

 Zenit : Les reliques de sainte Marguerite-Marie sont venues dans votre paroisse à l’occasion des 20 ans de l’adoration perpétuelle. Pourquoi cette sainte en particulier ?

M. Moreau : C’était une façon pour notre paroisse, et pas seulement pour les adorateurs, de demander à sainte Marguerite-Marie d’intercéder pour recevoir la même grâce qu’elle a reçue, celle de reposer sur le Cœur de Jésus et d’avoir cette proximité avec lui.

Par son message, sainte Marguerite-Marie a développé le culte du Sacré-Cœur. Au grand cri d’amour du Christ pour les hommes, elle a donné une réponse d’amour qui fait écho à notre réponse d’amour dans l’adoration eucharistique. Quand on prend juste l’engagement de venir adorer une heure, c’est notre petite réponse d’amour. C’est un cœur à cœur !

Je crois aussi que cela va bien avec l’identité de notre paroisse qui est une paroisse eucharistique, adoratrice. Je pense que n’importe quel paroissien a demandé, lors de ce week-end, cette grâce d’un cœur brûlant d’amour.

 Zenit : Quelles ont été les moments forts de ce week-end de festivités ?

M. Moreau : Depuis deux ou trois ans, nous avons quatre clochers dans notre paroisse, avec des modes de fonctionnement différents, des identités et des populations différentes aussi. Tous les paroissiens avaient à cœur d’accueillir les reliques à l’occasion de cette fête. Je crois que sainte Marguerite-Marie a su unifier la paroisse le temps d’un week-end, et de façon très belle.

Nous avons demandé aux adorateurs d’être particulièrement présents à l’accueil toute la journée du samedi et du dimanche dans l’église du Sacré-Cœur. Des binômes ont accueilli les visiteurs, ont témoigné de ce qu’ils vivaient avec l’adoration et ont expliqué le sens de la venue des reliques de Marguerite-Marie.

Sainte Marguerite-Marie a donné une réponse d’amour à Jésus, « qui fait écho à notre réponse d’amour dans l’adoration eucharistique » © youtube.com/@sacrecurbordeaux8853

La réponse d’amour de Marguerit-Marie « fait écho à notre réponse d’amour dans l’adoration eucharistique » © youtube.com/@sacrecurbordeaux8853

Suite au week-end, une trentaine de personnes se sont engagées et ont choisi une heure pour leur rendez-vous hebdomadaire au Saint-Sacrement. Ce sont les premiers fruits !  Quand on sait combien cette chapelle est à la fois un lieu de combat et de conversion, on ne peut que rendre grâce en contemplant l’œuvre du Seigneur !

 Zenit : Que diriez-vous aux fidèles pour leur donner envie d’aller adorer Jésus-Eucharistie dans leur paroisse ?

M. Moreau : Je leur dirais « Approchez-vous, et voyez », car c’est vraiment le Seigneur qui fait ! Pour moi, c’est comme cela que le Christ m’a attirée, qu’il m’a pétrie. C’est mystérieux, mais le Seigneur est là, Il est présent et Il attire. Et je peux dire qu’avec tous les signes que nous avons eus ce week-end pour célébrer les 20 ans d’adoration perpétuelle, le Seigneur était vraiment présent : nous avons vécu une pluie de grâces sur notre paroisse !

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Anne van Merris

Anne van Merris est journaliste, formée à l’Institut de journalisme européen Robert Schuman à Bruxelles. Elle est mariée et mère de quatre enfants.

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