L’Assemblée plénière de la Conférence des évêques de France (CEF) s’est tenue à Lourdes du 4 au 9 novembre 2025. Elle a été conduite pour la première fois par le cardinal Jean-Marc Aveline, élu président de la CEF lors de l’Assemblée de printemps en avril dernier.
Tout au long de la semaine, le sujet de l’éducation catholique en France a largement été abordé. Ce thème majeur sera le gros travail de la Conférence épiscopale pour les trois prochaines années : les évêques s’engagent dans une démarche commune autour de l’éducation, devenue un énorme défi pour la société française.
Mais d’autres sujets importants ont été traités, notamment la lutte contre les violences sexuelles dans l’Église, ainsi que l’œcuménisme et le soutien aux Églises d’Orient. Avec également des interventions remarquées, comme celle du patriarche orthodoxe de Constantinople, Bartholomée Ier, ou celle du patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa.
Le signal fort de la CEF pour l’éducation catholique

Une semaine de prière et de travail pour les évêques français © facebook.com/eglise.catholique.fr
Dans un message publié ce samedi 8 novembre, les évêques français réaffirment avec clarté la position de l’Église en faveur de la liberté éducative de l’enseignement catholique ainsi que la nécessité de préserver l’identité propre de ces établissements.
« Conjuguons l’enracinement chrétien et l’ouverture à tous » écrivent-ils. « Nous croyons à une école authentiquement catholique accueillante à tous, où l’enracinement et l’ouverture ne sont pas en tension mais se conjuguent, où la présentation de la foi chrétienne est au service de la véritable liberté spirituelle. »
S’adressant à tous les acteurs de l’enseignement catholique, les évêques continuent : « Votre mission est belle. Vos évêques sont à vos côtés et prient pour vous et pour celles et ceux dont vous avez la charge. Soyez jour après jour remplis de l’espérance que vous avez à partager, l’espérance qui ne déçoit jamais. »
Abus sexuels : justice et miséricorde
Poursuivant leur travail dans le domaine des abus, les évêques disent l’importance de continuer à œuvrer pour l’écoute des victimes, la transparence, la justice et la réparation, et surtout la prévention. Ils rappellent que ce défi concerne aussi l’enseignement catholique, et ils évoquent les dévoilements récents au sein de certains établissements, notamment à Bétharram, près de Pau, ou à Nantes.
« Je pense qu’on a au moins deux défis » a confié le cardinal Aveline lors de l’Assemblée, « Le premier, c’est qu’il faut qu’on apprenne à travailler en Église avec les personnes victimes. Dans la marche de l’Église, elles ont un rôle. Et puis l’autre responsabilité pour les années qui viennent aussi, c’est d’approfondir théologiquement et ecclésiologiquement où sont les failles et pourquoi. »
Mais il faut aussi aller plus loin, affirme le cardinal dans son discours d’ouverture : « Si l’Église a progressé dans l’ordre de la justice, et quand bien même il lui reste encore beaucoup de chemin à faire en ce sens – nous ne le savons que trop – il lui faut aussi avancer sur celui de la miséricorde, car le message évangélique sur lequel elle est fondée met en relation l’une avec l’autre. »
L’Église doit rester libre !
Le sujet de la liberté de l’Église en France a été abordé à plusieurs reprises lors de cette Assemblée. Liberté dans tous les domaines, et pas seulement dans le domaine de l’éducation : liberté spirituelle, liberté de penser et d’affirmer ses convictions religieuses, ou plus communément la « liberté intérieure ».

Cardinal Aveline, messe de clôture du 9 novembre 2025 © eglise.catholique.fr
« C’est important que l’Église ait confiance dans le message qui la fonde et qu’elle ose le dire à temps et à contre-temps. Et il y a plein de sujets sur lesquels elle n’ira pas dans les idées à la mode, où elle sera obligée de dire des choses, et les dire dans la liberté à cause de l’Évangile » a confié le cardinal Aveline ce 7 novembre. Et citant cette phrase de saint Anselme, « Le Christ n’aime rien tant en ce monde que la liberté de son Église », le cardinal ajoute : « Et elle peut coûter cher la liberté, mais c’est ce qui nous rapproche du Christ. »
Soyons donc « libres de réveiller les consciences, la nôtre et celles de nos contemporains, quand nous gagnent l’amnésie spirituelle et son cortège de maux. Libres de ne pas laisser les idéologies ni les algorithmes formater nos esprits et les rendre vulnérables aux puissants de ce monde. Libres de nous faire proches, à cause de l’Évangile, de tous ceux que la société préfère ignorer et rejeter » a-t-il enfin déclaré dans son homélie de clôture.
