À quelques jours de son ordination épiscopale prévue pour le 15 novembre 2025 à la paroisse Sacré-Cœur de Cotonou, le futur nonce apostolique auprès du Burkina Faso et du Niger, Mgr Éric Soviguidi, revient sur l’appel inattendu qui a réorienté sa vie. Sa nomination par le pape Léon XIV, le 15 août dernier paraît davantage comme un honneur et une charge pour l’Église Catholique au Bénin à soutenir encore l’un de ses fils qui rejoind les plus hautes missions diplomatiques du Saint-Siège.
« On médite, on rend grâce » : accueillir l’appel dans la prière
Le diplomate rompu à quinze années de service au sein de la Secrétairerie d’État l’admet volontiers : la nouvelle de sa nomination l’a surpris. « On n’est jamais vraiment prêt à recevoir une nouvelle d’urgence, confie-t-il. Cela bouleverse toujours sur le moment, mais aussi dans les jours qui suivent. On médite, on réfléchit, on rend grâce au Seigneur et on lui demande son aide pour porter la responsabilité que cela représente. » La sobriété de sa réaction en dit long sur son état d’esprit. À chaque message de félicitations, il a opposé la même demande, presque un leitmotiv : « Priez pour moi. » Une manière d’inscrire son futur ministère dans la prière plus que dans l’honneur.
Une Église béninoise présente dans le service universel
Avec cette nomination, Mgr Soviguidi devient seulement le deuxième Béninois appelé à servir comme nonce apostolique, après Mgr Dieudonné Datonou, actuel représentant du Saint-Siège au Burundi depuis 2021. Il suit également les traces de Mgr Pascal N’Koué, qui a exercé comme secrétaire de nonciature au Panama avant de revenir au pays en 1996, aujourd’hui archevêque de Parakou. Pour lui, cette présence béninoise dans la diplomatie du Vatican est un signe de maturité ecclésiale. « Je pense qu’il est important que chaque Église locale apporte sa contribution au service du Pape et du Saint-Siège, » affirme-t-il. Avant d’ajouter : « Nous sommes, d’une certaine manière, les représentants de l’Église du Bénin dans ce service. J’espère que d’autres vocations viendront. »
Une ordination au pays : un choix qui a du sens
Alors que la tradition veut que les futurs nonces soient ordonnés à Rome, le fils d’Abomey a souhaité et préféré que son épiscopat lui soit conféré à Cotonou, capitale économique du Bénin. Un geste rare, pensé comme un retour aux sources et une manière d’écrire une page nouvelle dans l’histoire de l’Église locale. « Nous sommes au service du Saint-Siège, et notre cité, c’est le Vatican. Mais je me suis dit : nous sommes deux Béninois ; le premier a été ordonné à Rome. Au Bénin, une telle ordination n’a jamais eu lieu. J’ai estimé qu’il serait bon que cela se fasse ici, chez nous. » La Conférence épiscopale du Bénin a accueilli favorablement cette demande, y voyant une grâce pour tout le pays. « Je suis très attaché à mon pays et à mon Église locale. Je remercie sincèrement nos Pères évêques pour leur accueil et leur soutien » : souligne-t-il.
Deux pays du Sahel pour horizon : servir et œuvrer pour la paix
Sa mission l’attend désormais dans un contexte marqué par l’instabilité sécuritaire. Le Burkina Faso et le Niger, au cœur du Sahel, traversent des défis multiples auxquels l’Église entend répondre par la diplomatie, l’écoute et le dialogue. Pour le futur nonce, la clé reste la coopération. « Je crois que c’est ensemble que le chemin se fera, afin que la paix soit consolidée dans nos deux pays avec la foi et la détermination. » : va-t-il confesser.
Un parcours au service de l’Église universelle
À 53 ans, l’ancien observateur du Saint-Siège auprès de l’UNESCO à Paris depuis 2021, apporte une expérience diplomatique solide, nourrie depuis son entrée au service pontifical en 2005. Sa consécration au Bénin, une première de cette nature, marque une étape importante pour une Église béninoise reconnue pour sa vitalité et son engagement missionnaire. En renforçant sa présence dans la région sahélienne, le Saint-Siège confirme également son attention aux défis sécuritaires et humanitaires qui traversent l’Afrique de l’Ouest. Le parcours de Mgr Éric Soviguidi illustre ce visage d’une Église africaine engagée, enracinée dans sa foi, ouverte au monde et résolument tournée vers la paix.