Chers frères et sœurs,
Aujourd’hui, l’Église de Rome se réjouit avec l’Église universelle, exultant pour le don d’un nouveau pasteur : Mgr Mirosław Stanisław Wachowski, fils de la terre polonaise, archevêque titulaire élu de Villamagna di Proconsolare et nonce apostolique auprès du cher peuple d’Irak. La devise qu’il a choisie – Gloria Deo, Pax Hominibus – résonne comme l’écho du chant des anges à Bethléem : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime » (Lc 2,14). C’est un véritable programme de vie : chercher toujours à faire resplendir la gloire de Dieu dans la paix entre les hommes. Tel est le sens profond de toute vocation chrétienne, et plus encore de la vocation épiscopale : rendre visible, par sa vie, la louange de Dieu et son désir de réconcilier le monde avec Lui (cf. 2 Co 5,19).
La Parole de Dieu que nous venons d’entendre décrit quelques traits essentiels du ministère épiscopal. L’Évangile (Lc 18, 9-14) présente deux hommes en prière dans le Temple : un pharisien et un publicain. Le premier se montre confiant, énumérant ses œuvres ; le second reste au fond, sans oser lever les yeux, et prononce cette seule supplication : « Mon Dieu, aie pitié de moi, pécheur ! » (v. 13). Jésus déclare que c’est lui, le publicain, qui reçoit la grâce et le salut de Dieu, car « quiconque s’élève sera abaissé ; quiconque s’abaisse sera élevé » (v. 14). Le Siracide rappelle : « La prière du pauvre traverse les nuées » (Si 35, 15-22). Voilà la première leçon pour tout évêque : l’humilité. Non pas une humilité de mots, mais celle du cœur de celui qui sait être serviteur et non maître, pasteur et non propriétaire du troupeau.
Je suis ému à la pensée de la prière humble qui, en Mésopotamie, s’élève depuis des siècles comme un encens : le publicain de l’Évangile a le visage de tant de fidèles d’Orient qui, dans le silence, répètent : « Mon Dieu, aie pitié de moi, pécheur. » Leur prière ne s’éteint pas, et aujourd’hui l’Église universelle s’unit à ce chœur de confiance qui traverse les nuées et touche le cœur de Dieu.
Cher Monseigneur Mirosław, tu viens d’une terre de lacs et de forêts. Dans ces paysages où le silence est maître, tu as appris à contempler ; dans la neige et le soleil, à connaître la sobriété et la force ; dans une famille paysanne, la fidélité à la terre et au travail. L’aube précoce t’a enseigné la discipline du cœur, et l’amour de la nature t’a révélé la beauté du Créateur. Ces racines ne sont pas seulement un souvenir, mais une école permanente. Du contact avec la terre, tu as appris que la fécondité naît de l’attente et de la fidélité : deux mots qui définissent aussi le ministère épiscopal. L’évêque est appelé à semer avec patience, cultiver avec respect, attendre avec espérance. Il est gardien, non propriétaire ; homme de prière, non de possession. Le Seigneur te confie une mission à soigner avec la même dévotion que le paysan pour son champ : chaque jour, avec constance et foi.
Nous avons aussi entendu saint Paul dire : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi » (2 Tm 4, 7). Sa force ne naît pas de l’orgueil, mais de la gratitude : le Seigneur l’a soutenu dans ses épreuves. Ainsi, toi aussi, cher frère, après un long service dans les Représentations pontificales au Sénégal, en Pologne, auprès des Organisations internationales à Vienne, et à la Secrétairerie d’État comme minutant puis sous-secrétaire pour les Relations avec les États, tu as vécu la diplomatie comme obéissance à la vérité de l’Évangile, avec discrétion, compétence et dévouement : je t’en suis reconnaissant.
Désormais, le Seigneur t’appelle à transformer ce don en paternité pastorale : être père, pasteur et témoin d’espérance dans une terre marquée par la douleur et la soif de renaissance. Tu es appelé à combattre le bon combat de la foi, non contre les autres, mais contre la tentation de te lasser, de te refermer ou de mesurer les résultats ; à rester fidèle, toi dont la fidélité est le trait distinctif : celle de celui qui ne se cherche pas lui-même, mais sert avec humilité et compétence.
Saint Paul VI, dans la Lettre apostolique Sollicitudo omnium Ecclesiarum, rappelle que le représentant pontifical est signe de la sollicitude du Successeur de Pierre pour toutes les Églises. Il est envoyé pour affermir la communion, promouvoir le dialogue avec les autorités civiles, protéger la liberté de l’Église et favoriser le bien des peuples. Le nonce apostolique n’est pas un diplomate ordinaire : il est le visage d’une Église qui accompagne, console et bâtit des ponts. Sa mission n’est pas de défendre des intérêts partisans, mais de servir la communion.
En Irak, terre de ta mission, ce service prend une signification particulière. Là, l’Église catholique, en pleine communion avec l’évêque de Rome, vit dans la diversité de plusieurs traditions : la chaldéenne, avec son patriarche de Babylone des Chaldéens et la liturgie en araméen ; les syrienne, arménienne, grecque et latine. C’est une mosaïque de rites, de cultures, d’histoire et de foi, à accueillir et à garder dans la charité. La présence chrétienne en Mésopotamie est très ancienne : selon la tradition, saint Thomas apôtre, après la destruction du Temple de Jérusalem, porta l’Évangile dans cette région ; ses disciples Addaï et Mari y fondèrent les premières communautés. On y prie encore dans la langue que parlait Jésus : l’araméen. Cette racine apostolique est un signe de continuité que la violence – aussi féroce fût-elle ces dernières décennies – n’a pu détruire. La voix de ceux qui y ont donné leur vie continue de prier pour toi, pour l’Irak et pour la paix du monde.
Pour la première fois dans l’histoire, un Pape s’est rendu en Irak : en mars 2021, le pape François y est venu comme pèlerin de fraternité. En cette terre où Abraham, notre père dans la foi, entendit l’appel de Dieu, il rappela : « Dieu, qui a créé les êtres humains égaux en dignité et en droits, nous appelle à répandre l’amour, la bienveillance et la concorde. En Irak, l’Église catholique veut être l’amie de tous et collaborer, par le dialogue, à la cause de la paix » (Discours aux Autorités, à la société civile et au Corps diplomatique, 5 mars 2021). Aujourd’hui, c’est à toi de poursuivre ce chemin : garder les germes de l’espérance, encourager la coexistence pacifique, montrer que la diplomatie du Saint-Siège naît de l’Évangile et se nourrit de la prière.
Cher Monseigneur Mirosław, sois toujours homme de communion et de silence, d’écoute et de dialogue. Que tes paroles portent la douceur qui édifie, et ton regard la paix qui console. En Irak, le peuple te reconnaîtra non par ce que tu diras, mais par la manière dont tu aimeras. Confions ta mission à Marie, Reine de la Paix, aux saints Thomas, Addaï et Mari, et à tous les témoins de la foi d’Irak. Qu’ils t’accompagnent et éclairent ton chemin.
Alors que l’Église, en prière, t’accueille dans le Collège des évêques, nous prions ensemble : que la gloire de Dieu éclaire ton chemin, et que la paix du Christ habite les lieux où tu poseras le pied. Gloria Deo, Pax Hominibus. Amen.




























