Le pape Léon XIV rencontre six membres de ECA Global, un réseau international de survivants et de défenseurs des victimes d’abus sexuels commis par des clercs. © Vatican Media

Le pape Léon XIV rencontre six membres de ECA Global, un réseau international de survivants et de défenseurs des victimes d’abus sexuels commis par des clercs. © Vatican Media

Un nouveau chapitre dans la protection des mineurs

Le pape Léon XIV reçoit six victimes d’abus sexuels commis par des clercs au Vatican

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Depuis des années, les voix des personnes abusées au sein de l’Église catholique résonnent à travers les continents — entendues, mais rarement écoutées. Le 20 octobre 2025, ce cri est entré dans le Palais apostolique à Rome, où le pape Léon XIV a rencontré six membres d’ECA Global, un réseau international de survivants et de défenseurs des victimes d’abus sexuels commis par des clercs. Pour beaucoup, ce moment a ressemblé moins à une audience formelle qu’au fragile commencement de quelque chose de longtemps attendu : un dialogue fondé sur la dignité, l’empathie et la responsabilité.

ECA Global, qui réunit des militants de plus de trente pays, est devenu l’un des mouvements dirigés par des survivants les plus visibles, réclamant une réforme au sein de l’Église catholique. Fondé en 2018, il œuvre pour que l’Église applique l’appel lancé par les Nations Unies en 2014 à adopter une politique mondiale de « tolérance zéro » face aux abus sexuels. Cette audience, la première du genre avec le pape Léon XIV, a été décrite par les participants comme « historique » et « porteuse d’espoir pour une véritable coopération ».

Des survivants venus des cinq continents

Parmi les personnes reçues par le pape figuraient Gemma Hickey et Evelyn Korkmaz du Canada, Timothy Law des États-Unis, Matthias Katsch d’Allemagne, Janet Aguti d’Ouganda et Sergio Salinas d’Argentine — six individus venus de cinq continents, unis par le traumatisme, mais déterminés à le transformer en justice.
« Le pape s’est montré ouvert et chaleureux », a déclaré Hickey, elle-même survivante d’abus à Terre-Neuve. « Chacun de nous a partagé ses réflexions personnelles, et il a écouté attentivement. Il a de l’humour, et une humilité qui a rendu la rencontre profondément humaine. »

Le groupe a commencé la réunion en lisant une déclaration commune appelant à « des esprits ouverts » et a présenté son initiative Zero Tolerance, qui promeut des normes mondiales cohérentes et des politiques centrées sur les survivants.
Le pape Léon XIV a répondu en proposant un dialogue formel entre ECA et la Commission pontificale pour la protection des mineurs, dont le rapport annuel venait d’être publié quelques jours auparavant.
« Ce fut un échange profondément significatif », a poursuivi Hickey. « Pour la première fois depuis longtemps, les survivants ont senti qu’ils avaient leur place à la table. »

La rencontre a duré environ une heure — un temps suffisant, selon les participants, pour partager des histoires, des propositions et un sentiment indéniable d’urgence morale.
« Nous ne sommes pas venus seulement pour exprimer notre douleur, » a déclaré Janet Aguti, « mais pour explorer comment nous pouvons collaborer afin d’assurer la protection des enfants et des adultes vulnérables dans le monde entier. »

Un ton nouveau et un appel à la collaboration

Dès le début, le ton de la conversation a été très différent des confrontations passées. Comme l’a expliqué le cofondateur Tim Law : « Notre objectif n’est pas le conflit, mais la collaboration. La véritable responsabilité et la transparence ne peuvent émerger que lorsque les deux parties acceptent d’affronter la vérité ensemble. »

Pour des survivantes comme Evelyn Korkmaz, membre des Premières Nations du Canada et rescapée d’un pensionnat, l’audience avait une portée générationnelle. « Je porte le traumatisme intergénérationnel causé par des institutions censées nous protéger, » a-t-elle déclaré. « La rencontre d’aujourd’hui représente une étape supplémentaire vers la vérité et la réconciliation. »

De l’espérance comme structure de justice

Le participant allemand, Matthias Katsch — l’une des voix réformatrices les plus respectées en Europe — a souligné que le groupe avait demandé au pape « de l’espérance » : non comme sentiment, mais comme structure.
« De l’espérance sous forme de justice, de compensation équitable, et de garanties plus fortes pour la protection des enfants et des adultes, » a-t-il expliqué. Il a ajouté : « Il ne suffit pas que les survivants parlent ; la société doit être prête à écouter. »

Selon les observateurs du Vatican, cette rencontre a été motivée par une lettre qu’ECA avait envoyée peu après l’élection du pape Léon XIV. Dans ce courrier, le groupe se présentait comme des « bâtisseurs de ponts, prêts à marcher ensemble vers la vérité, la justice et la guérison ».
La réponse du pape fut rapide et positive — un geste que beaucoup voient comme emblématique de son début de pontificat : le dialogue comme acte le plus radical de leadership.

Une atmosphère d’écoute et de dignité

À l’intérieur de la salle, cet esprit était palpable. « Il n’y avait pas de colère, » a confié Hickey après la rencontre, « seulement l’espérance d’une responsabilité réelle et d’un changement durable. Nous croyons en la dignité inhérente à chaque enfant et à chaque adulte vulnérable, et au devoir moral de l’Église de diriger avec transparence et compassion. »

Lors d’une conférence de presse plus tard dans la journée, Francesco Zanardi, autre membre d’ECA et président de l’association italienne Rete L’Abuso, a annoncé la prochaine publication d’un rapport détaillé sur les abus sexuels commis par des clercs en Italie — preuve, a-t-il dit, que « la vérité continue d’émerger, un témoignage à la fois ».

La rencontre s’est conclue par un engagement commun à poursuivre le dialogue.
« La sécurité, la dignité et la voix des survivants ne doivent pas seulement être protégées, » a déclaré le groupe dans un communiqué, « elles doivent devenir un modèle pour tous. »

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Rédaction

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