Rencontre mondiale des mouvements populaires 2016

Rencontre mondiale des mouvements populaires 2016

Le Vatican accueille la 5ᵉ Rencontre mondiale des mouvements populaires

Continuité d’une vision pastorale qui place l’Église au cœur des luttes des pauvres et de la classe ouvrière

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Alors que les divisions mondiales s’accentuent sous le poids de la guerre, de l’effondrement écologique et de la montée des inégalités, des milliers de dirigeants de terrain du monde entier se réunissent à Rome pour la cinquième Rencontre mondiale des mouvements populaires. Cet événement, qui se tient du 21 au 24 octobre au Spin Time Labs – un centre social né du squat et de la rénovation urbaine – représente l’une des rencontres les plus marquantes entre l’Église catholique et les organisations de la pauvreté de la dernière décennie.

Une plateforme mondiale pour les exclus

Depuis sa création en 2014, le Rassemblement mondial des mouvements populaires (RMM) est devenu une plateforme mondiale pour les exclus : un réseau de travailleurs, d’agriculteurs, de migrants, d’artisans et de responsables associatifs qui prennent au sérieux l’appel du pape François à ce que les pauvres soient « acteurs de leur propre histoire ». Aujourd’hui, sous le pontificat du pape Léon XIV, le rassemblement entre dans une nouvelle phase visant à transformer la solidarité en action politique et sociale, à une époque où la dignité humaine et la planète elle-même sont menacées.

Terre, logement et travail : les piliers du mouvement

Les trois principes fondateurs du mouvement – la terre, le logement et le travail – demeurent l’épine dorsale de sa vision. Mais le rassemblement de cette année élargit le dialogue, reliant ces thèmes à des luttes plus larges pour la démocratie, la justice écologique et la paix. « Nous existons, nous résistons et nous nous organisons », peut-on lire dans la déclaration d’intention, faisant écho à une décennie d’expérience collective de mouvements qui ont appris à traduire l’indignation en action communautaire.

Une culture de la rencontre

Les participants viennent de tous les continents : des récupérateurs de déchets et travailleurs informels d’Amérique latine aux petits agriculteurs d’Afrique, en passant par les travailleurs migrants d’Asie et les coopératives urbaines d’Europe. Leur diversité souligne ce que les organisateurs décrivent comme une « culture de la rencontre », une alternative sociale et spirituelle à l’isolement de l’individualisme mondial. Les délégations seront rejointes par des évêques, des théologiens et des membres des commissions diocésaines de justice et de paix, qui accompagneront les mouvements plutôt que de les dominer.

Un nouveau chapitre du dialogue avec l’Église

Le 23 octobre, le pape Léon XIV rencontrera les participants dans la salle Paul VI, poursuivant ainsi le dialogue entamé par le pape François il y a plus de dix ans. Pour beaucoup, cette rencontre symbolise la continuité d’une vision pastorale qui place l’Église au cœur des luttes des pauvres et de la classe ouvrière. L’audience devrait donner le ton à ce que les organisateurs appellent un « nouveau chapitre » de collaboration entre l’Église institutionnelle et les secteurs populaires qui vivent leur foi par la résistance, la communauté et le travail quotidien.

Trois thèmes centraux et des enjeux mondiaux

L’ordre du jour de la réunion s’articule autour de trois sujets urgents :

  • Terre : réforme agraire, souveraineté alimentaire et justice écologique
  • Logement : accès à un logement décent et défense des quartiers populaires
  • Travail : droits du travail, économies coopératives et autogestion des travailleurs exclus

En parallèle, les participants aborderont la crise démocratique mondiale, la montée de l’autoritarisme, les migrations forcées et le dérèglement climatique – des problématiques de plus en plus étroitement liées au quotidien des personnes en situation de pauvreté. La rencontre culminera les 25 et 26 octobre avec un pèlerinage jubilaire des mouvements populaires au Vatican, conçu à la fois comme un acte spirituel et un geste politique : une réaffirmation du chemin commun vers la justice sociale, la paix et le bien commun.

Dix ans d’histoire et de mobilisation

Au fil des ans, chaque pèlerinage jubilaire des mouvements populaires a marqué une étape importante dans la relation entre l’Église et la base. La première rencontre, tenue à Rome en 2014, a présenté les « trois T » du pape François – terre, toit et travail – comme des droits sacrés ancrés dans la doctrine sociale de l’Église. L’année suivante, en Bolivie, plus de 1 500 délégués ont établi des liens entre crises sociales et environnementales, donnant naissance à la « Charte de Santa Cruz », un manifeste prônant un nouvel ordre social où « l’économie est au service des personnes, et non du profit ».

En 2016, le Vatican a accueilli la troisième rencontre, qui a élargi le dialogue à la démocratie, aux déplacements forcés et à la gestion écologique. François a exhorté les participants à résister à la fois à la paralysie et à la corruption, décrivant la politique comme « l’une des formes les plus élevées de charité ». Lorsque la pandémie a frappé la région en 2020, il a écrit directement aux mouvements pour proposer un revenu de base universel pour les travailleurs exclus de l’économie formelle, un geste que beaucoup ont interprété comme une prise de position politique prophétique. L’édition en ligne de 2021, organisée dans un contexte de confinement mondial, a réitéré l’appel à sortir de la crise « en mieux, et non en pire », par la solidarité et un changement systémique.

Sous le signe du pape Léon XIV

La réunion de Rome de 2025 devrait conserver ce même esprit, reflétant le leadership d’un nouveau pape. Les organisateurs affirment qu’il mettra l’accent non seulement sur la résilience, mais aussi sur la création d’alternatives viables : réseaux coopératifs, économies communautaires et formes de démocratie populaire capables de guérir les fractures d’un monde dominé par les marchés et l’exclusion.

Un réseau vivant et synodal

Le comité de coordination comprend des personnalités issues des principaux mouvements mondiaux : Alejandro Gramajo de l’UTEP (Argentine) ; Ayala L. Dias du MST (Brésil) ; Rose Molokoane de Slum Dwellers International en Afrique ; Charo Castelló de HOAC (Espagne) ; Gloria Morales-Palos du réseau PICO (États-Unis) ; Luca Cassarini de Mediterranea Saving Humans (Italie) ; et le père Mattia Ferrari, coordinateur du Mouvement mondial pour la paix et le développement (WMPM). Ensemble, ils entretiennent un dialogue direct avec le Vatican par l’intermédiaire du Dicastère pour le service du développement humain intégral.

Une fraternité militante

Au-delà de son contenu politique, cette rencontre est aussi un signe de persévérance. Onze ans après sa création, ce qui a débuté comme une expérience de dialogue entre l’Église et les marginalisés est devenu un réseau vivant : une sorte de synode populaire opérant depuis les périphéries du monde. À une époque où la mondialisation creuse souvent les divisions, la Rencontre mondiale des mouvements populaires insiste sur le fait que la fraternité elle-même peut être militante.

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Valentina di Giorgio

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