Ce vendredi matin 17 octobre, en arrivant à Ars pour partager une journée avec des prêtres en retraite spirituelle, le ciel était bas et sombre, il faisait frais. Un temps propice pour imaginer saint Jean-Marie Vianney, marchant en plein hiver vers ce petit village de l’Ain où il venait d’être nommé curé : village qu’il ne quitterait plus jusqu’à sa mort.
300 prêtres et 13 évêques sont venus prier à Ars du 12 au 18 octobre 2025, sous le regard de leur saint patron. Un tableau édifiant, une mosaïque belle et colorée, tant par le nombre de participants que par la diversité des sensibilités ecclésiales, reflétant ainsi la réalité du sacerdoce en France. Mais surtout, les témoignages de quelques prêtres vivant cette retraite comme un temps « d’apaisement », de « joie » et de « fraternité ».
Une organisation et animation partagée

Messe en présence de 300 prêtres et 13 évêques, 17 octobre 2025 © Anne van Merris
Le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France, a prêché la retraite qui avait pour thème : « Joyeux dans l’espérance, patients dans la détresse, persévérants dans la prière » (Rm 12, 12).
Chaque journée était ponctuée par l’Eucharistie, des temps de prière et de silence, des prédications, des conférences-témoignages donnés par des clercs ou des laïcs, ainsi que des propositions spirituelles. Le soir, différentes veillées ont eu lieu, avec notamment une procession eucharistique, une veillée mariale et une adoration du Saint-Sacrement pendant laquelle les prêtres ont renouvelé leurs promesses d’ordinations.
La nouveauté a été la co-organisation de cette retraite par plusieurs associations sacerdotales et instituts séculiers, très divers par leurs sensibilités ecclésiales : la communauté Saint-Martin, la Société des prêtres de saint François de Sales, l’Association cléricale de la communauté de l’Emmanuel, la Famille Cor Unum, l’Institut Notre-Dame de Vie, l’Union apostolique du Clergé, les prêtres du Prado, la Société Jean-Marie Vianney et Jésus Caritas. Une palette de « fraternités sacerdotales » qui ont proposé chaque jour des temps de prière pour faire découvrir aux retraitants leurs charismes propres.

P. Roch Valentin, coordinateur de la retraite © Anne van Merris
« À l’occasion du Jubilé de l’espérance et du centenaire de la canonisation du curé d’Ars, nous avons décidé, avec les différentes associations et instituts de prêtres, d’organiser cette retraite ensemble pour réunir des gens très différents » explique le P. Roch Valentin, responsable du foyer sacerdotal Jean-Paul II à Ars et coordinateur de la retraite. « Cela a été une très belle œuvre de communion, d’échange des dons dans la préparation et dans la mise en œuvre. Il y a une fraternité basée sur le sacrement de l’ordre. C’est quelque chose que les prêtres ne choisissent pas, mais qui leur est donné. Et c’est ce qu’ils ont expérimenté cette semaine. »
« J’ai personnellement joué le jeu des propositions spirituelles. Chaque soir, j’ai pris le temps de découvrir d’autres communautés, leur manière de vivre, de prier. J’ai chanté en latin avec la communauté Saint-Martin, j’ai fait la prière d’Alliance et un partage avec Cor Unum, je suis allé méditer avec les prêtres du Prado » continue le P. Valentin, lui-même membre de la Société Jean-Marie Vianney.
À l’école du saint Curé d’Ars
Aujourd’hui, le sanctuaire d’Ars est connu dans le monde entier, car saint Jean-Marie Vianney a laissé une forte empreinte de foi, de zèle et de miséricorde. Mais surtout, ce saint est aujourd’hui plus que jamais un modèle pour tous les prêtres et les « curés de l’univers ».
Pour le P. Guy Rougerie, prêtre du diocèse d’Angoulême et membre de l’Institut séculier des prêtres du Prado, « être à 300, se remettre à l’écoute de la vie de saint Jean-Marie Vianney, c’était beau ! J’ai redécouvert avec force comment le Curé d’Ars a accueilli l’amour de Dieu, j’ai redécouvert aussi sa charité pastorale et sa grande liberté intérieure ». Il ajoute : « Les deux grâces que je demande à la suite de cette retraite, c’est de retrouver davantage la joie d’être aimé par Dieu, ce que Jean-Marie Vianney nous témoigne, et puis de grandir dans cette charité pastorale pour toute personne que je rencontre ».
Prêtre du diocèse de Perpignan et responsable pour l’Europe des prêtres de Saint-François de Sales, l’abbé Olivier Nicque témoigne de son côté : « Ce qui m’a plu, c’est la spiritualité du Curé d’Ars. Cela nous touche de voir comment cet homme, qui a beaucoup souffert dans sa jeunesse et qui aurait pu être un peu rigoriste, est devenu un homme bon, un si bon prêtre »
Avec l’aide du cardinal Jean-Marc Aveline

Procession dans Ars © Sanctuaire d’Ars
Les retraitants ont également apprécié les enseignements du cardinal Aveline, et plusieurs témoignent de la qualité des prédications reçues. « Il a su, avec profondeur et simplicité, nous faire ressortir le message de l’Évangile adapté à notre temps, mais aussi à partir de la figure de saint Jean-Marie Vianney, qui est un grand frère pour les prêtres que nous sommes » confie le P. Jean-Marie Barennes, prêtre du diocèse de Bayonne et directeur national de l’Union apostolique du clergé.
« Dans les enseignements du cardinal Aveline, tout m’a plu en général. Son profond amour des prêtres fait qu’il dit des choses très savantes, mais avec plein de simplicité et de douceur » partage encore l’abbé Olivier Nicque. Et au P. Guy Rougerie de conclure, en abordant le thème des vocations : « J’ai aussi été touché par des propos du cardinal Aveline. Il disait que vocation n’est pas d’un moment, la vocation est toujours en mouvement, et il faut arriver à tisser des liens de tout ce qui nous est donné par la vie, et des liens avec le ciel. »
