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Burkina Faso : La rentrée scolaire marquée par des difficultés

L’insécurité et la pauvreté continuent de peser lourdement

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Première publication le 30 septembre par l’AED

À l’Est du Burkina Faso, où l’insécurité et la pauvreté continuent de peser lourdement, la rentrée des classes du 1er octobre s’annonce difficile. Déplacés de leurs villages en proie au terrorisme, des centaines d’enfants espèrent pouvoir poursuivre leur scolarité grâce au soutien d’organisations comme l’Aide à l’Église en Détresse, tandis que les communautés locales s’efforcent de préserver l’espoir d’un avenir en paix.

Une classe d’élèves au Burkina Faso. ©AED

Le 1er octobre sonnera la rentrée des classes au Burkina Faso. L’an dernier, 222 élèves originaires de la ville de Pama, dans le diocèse de Fada N’Gourma, à l’Est du pays, ont pu bénéficier d’un soutien de l’AED. En visite ces derniers jours au siège international de la fondation, le Frère Alain Tougma, délégué du supérieur général pour l’Afrique des Frères Missionnaires des Campagnes, a sollicité une nouvelle aide afin de couvrir les frais de scolarité de 235 élèves cette année. Tous sont issus de familles déplacées internes ayant fui Pama, chef-lieu de la province de la Kompienga, où se trouvait autrefois la maison régionale de la congrégation, désormais repliée à Ouagadougou, la capitale.

Depuis le début des attaques terroristes au Burkina Faso en 2015, l’une des principales questions qui préoccupe les jeunes est celle de leur avenir. A cet égard, « les propos du Pape le 6 août dernier à Rome qui a appelé les jeunes chrétiens burkinabés à être des artisans de paix là où ils sont, ont été une bouffée d’air venue les réconforter », estime le Frère Alain. Ce dernier ajoute que l’Etat ne reste pas les bras croisés, aux côtés de l’Eglise locale qui travaille auprès des jeunes à ce que le pardon et la réconciliation puissent dépasser la réalité du terrorisme. « L’Etat, dit-il, sensibilise énormément au civisme, au respect des lois du pays, à la morale et insiste beaucoup sur l’importance de ne pas laisser le pas à la stigmatisation ethnique ou religieuse. » Et de préciser que les chrétiens sont d’une manière générale menacés autant que le reste de la population : « l’ennemi est celui de toute la nation même si chacun se méfie de qui est qui. »

Pour l’heure, à l’Est du pays, la situation sécuritaire reste très complexe, notamment dans la région allant de Fada-Ngourma jusqu’aux frontières avec le Togo et le Bénin. Aucun villageois des zones de Pama et Kompienga ne peut retourner chez lui. Les routes et les champs sont minés. Il n’est pas possible non plus depuis Fada de se rendre au Niger. « Nous avons dû quitter la région, mais y retournons parfois pour célébrer la messe et apporter un peu d’aide aux quelques habitants restés sur place. On ne peut rejoindre Pama ou Kompienga que par avion ou sous escorte militaire, tant la zone est infestée de terroristes », explique le Frère Alain. La densité de la forêt qui entoure Pama ajoute à la complexité, permettant facilement aux terroristes de contrôler la zone et de préparer leurs opérations, même si les militaires essaient d’intervenir. « L’armée, ajoute-t-il, a aussi fait un effort pour sécuriser un espace afin que la population restée sur place (notamment Kompienga) puisse cultiver quelques lopins de terre. Cela a été très bénéfique cette année parce que depuis 2022, cela était impossible. »

Une légère amélioration dans le pays

Quant au noviciat des Frères, il est toujours délocalisé au Togo. « Ce n’est pas pour autant que nous n’avons pas de vocations mais certains n’ont plus le courage de traverser la frontière et d’autres préfèrent rester dans les zones sécurisées », reconnaît le Frère Alain. Malgré tout, six novices prononceront leurs premiers vœux le 3 octobre, et quatre jeunes entreront au postulat le 1er octobre. En plus des Burkinabés, on compte des Togolais et des Béninois.

Le Frère Alain constate tout de même une légère amélioration dans le pays : « Certes, il y a une accalmie, mais la force des terroristes réside dans leur imprévisibilité. L’armée fait des efforts, mais le mal reste très profond et les nouveaux moyens dont disposent les terroristes compliquent les choses ».  Avant, ils attaquaient avec des explosifs, désormais ils placent des bombes à infrarouge contrôlées à distance, utilisent des drones, des leurres pour détourner la vigilance des soldats et leur faire gaspiller des munitions. Mais dans l’ensemble, les grands axes sont plus praticables, certaines zones ont pu être libérées par l’armée et les populations ont pu s’y réinstaller, dans des localités de l’ouest, notamment dans le diocèse de Banfora où la situation est meilleure. De même pour la partie septentrionale du pays où il était impossible l’an dernier de rejoindre par voie terrestre Titao depuis Ouahigouya. Les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) prennent le relais des militaires pour maintenir sur ces zones une relative sécurité. Au nord, le diocèse de Kaya reste cependant encore touché.

Christophe Lafontaine

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L’AED est une fondation pontificale, fondée en 1947 dans un esprit de réconciliation. Elle soutient les chrétiens partout dans le monde, là où ils sont confrontés aux persécutions et difficultés matérielles. https://aed-france.org

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