(ZENIT News / Belfast, 13.10.2025).– Contrairement aux idées largement répandues selon lesquelles le sécularisme serait en progression inexorable, une nouvelle enquête de l’Iona Institute suggère que les jeunes adultes d’Irlande du Nord pourraient être à l’origine d’un discret renouveau de la foi. Réalisée par Amarach Research auprès de 1 200 adultes, l’étude indique que les 18-24 ans affichent les attitudes les plus favorables envers la religion parmi toutes les tranches d’âge, surpassant même les plus de 65 ans. L’enquête révèle que 30 % de cette tranche la plus jeune ont une opinion positive de la religion, tandis que seulement 4 % expriment une opinion fortement négative. Fait notable, 17 % manifestent un attachement particulièrement fort à l’Église catholique, dépassant l’enthousiasme des générations plus âgées.
Pourtant, ce groupe d’âge révèle également une polarisation : environ la moitié ne se revendiquent ni religieux ni spirituels, révélant une communauté divisée entre croyants engagés et personnes sceptiques ou indifférentes.
Une identité religieuse en mutation
L’Irlande du Nord a longtemps été caractérisée par une division religieuse et culturelle entre communautés protestantes et catholiques. De récents changements démographiques, incluant la montée des identifications séculières et la croissance de la population catholique, sont en train de redessiner ces schémas traditionnels. L’enquête reflète cette évolution : 28 % des répondants s’identifient comme catholiques, 14 % comme presbytériens et 11 % comme membres de l’Église d’Irlande, tandis qu’un remarquable 36 % se décrivent comme « sans religion ».
La pratique quotidienne et la participation rituelle offrent une image nuancée de la foi. Environ 40 % des catholiques assistent régulièrement à la messe, soit le double du taux observé en République d’Irlande, tandis que 51 % de l’ensemble des répondants déclarent prier et 38 % lire des textes religieux tels que la Bible. Notamment, les jeunes adultes sont en tête des activités dévotionnelles comme la prière, la méditation et la lecture de contenus religieux, souvent plus encore que les 25-34 ans.
Vers une foi choisie plutôt que culturelle
David Quinn, directeur de l’Iona Institute, interprète ces résultats comme le signe d’un éloignement du modèle traditionnel de « christianisme culturel ». « Nous évoluons vers un paysage moins divisé par l’identité religieuse nominale et davantage par l’engagement authentique envers la foi ou son absence », affirme-t-il. Quinn note que cette tendance reflète des schémas observés ailleurs au Royaume-Uni, laissant entendre que le seul sécularisme pourrait ne pas répondre aux questions existentielles que les jeunes se posent de plus en plus.
Malgré la libéralisation des normes sociales — qu’il s’agisse des lois sur l’avortement ou du mariage entre personnes de même sexe — Quinn observe que les jeunes catholiques et chrétiens attirés par la religion rejettent souvent les positions libérales de certains croyants plus âgés, notamment les baby-boomers. Cet engagement sélectif traduit une jeunesse en quête de profondeur spirituelle plutôt qu’une adhésion totale à l’orthodoxie institutionnelle ou à l’idéologie libérale moderne.
Une foi encore vivante et en transformation
L’enquête offre un contrepoint optimiste au récit d’un déclin de la foi. Si le scepticisme institutionnel et les tendances séculières persistent, l’enthousiasme parmi la jeune génération d’Irlande du Nord suggère que la religion demeure pertinente, avec un renouveau potentiel qui se prépare discrètement chez ceux qui naviguent entre modernité, éthique et quête spirituelle.
En somme, les données indiquent que le déclin de la foi n’est pas inévitable. La jeunesse d’Irlande du Nord pourrait encore écrire un nouveau chapitre religieux sur l’île — non pas fondé uniquement sur un héritage culturel, mais sur une quête consciente et réfléchie de la croyance.
