par Valentina di Giorgio
Lorsque le pape Léon XIV a récemment parlé d’ouvrir les portes de l’Église à tous – « tous, tous, tous », comme il l’a dit –, il n’annonçait pas un changement doctrinal. Il indiquait une façon d’être. Ses paroles, rassemblées dans un recueil d’entretiens récemment publié, reflétaient l’approche de son prédécesseur, le pape François : une insistance sur la dignité et l’accueil, tout en adhérant fermement à l’enseignement catholique sur le mariage et la sexualité.
Cela peut paraître une nuance, mais pour les prêtres, les nuances comptent. Une nouvelle étude du jésuite Lucas Sharma suggère que le ton papal – plus que la politique, la génération de séminaristes ou l’identité personnelle – influence fortement la manière dont le clergé catholique aborde les questions LGBTQ+. Sharma a constaté que les prêtres qui approuvaient le pontificat de François étaient beaucoup plus susceptibles d’adopter ce qu’il appelle une « attitude pastorale » envers les catholiques LGBTQ+, même lorsqu’ils se décrivaient comme politiquement conservateurs, hétérosexuels ou nouvellement ordonnés.
« L’approbation de François laissait présager une certaine flexibilité », a expliqué Sharma lors d’une interview, « non seulement sur les questions de péché et de sexualité, mais aussi sur la possibilité d’être candidat à la prêtrise pour les hommes attirés par le même sexe. » Les résultats mettent en évidence ce que les observateurs ont appelé « l’effet François », un changement subtil mais mesurable dans la culture cléricale qui semble défier les catégories libérales-conservatrices habituelles.
La date de publication de l’étude coïncide, de manière presque inexplicable, avec les premières déclarations de Léon XIV. Son insistance sur le fait que la conversion pastorale précède le débat doctrinal – « nous devons changer d’attitude avant de changer de doctrine » – a soulevé la question de l’émergence d’un « effet Léon » similaire. Si l’attitude des prêtres envers les catholiques LGBTQ+ s’est adoucie sous François, la continuité de Léon XIV pourrait-elle contribuer à un changement plus durable ?
Le contexte est complexe. La société américaine a progressé de manière significative vers une reconnaissance plus large des personnes LGBTQ+, mais le sacerdoce catholique raconte une histoire différente. Des sondages indiquent que seul un catholique américain sur cinq considère les relations homosexuelles comme systématiquement répréhensibles, mais les jeunes prêtres, souvent plus traditionalistes que leurs aînés, restent prudents. Le sociologue Joseph Roso note que des forces structurelles – la sécularisation, la mentalité conservatrice dans les séminaires et l’évolution des panels de recrutement – ont fait que les récentes cohortes de prêtres sont moins progressistes socialement que celles ordonnées dans les années 1970.
Cette contradiction fait partie de ce qui rend surprenantes les conclusions de Sharma. L’approbation papale a eu pour effet de dépasser les divisions attendues. Même des prêtres, qui auraient pu être enclins à des interprétations strictes, ont fait preuve d’une plus grande ouverture pastorale lorsqu’ils admiraient François. La capacité de Léon à maintenir ou à amplifier cette tendance dépendra de la manière dont ses paroles se traduisent dans la pratique paroissiale.
Pour l’instant, les chercheurs restent prudents. Sharma souligne qu’il est trop tôt pour dire si le ton de Léon exercera la même influence, même s’il soupçonne que de futures enquêtes apporteront des réponses plus claires. Roso prévient que le changement générationnel au sein du clergé pourrait encore faire pencher la balance en faveur du conservatisme, même si le soutien du pape va dans le sens inverse.
Cependant, pour de nombreux catholiques qui ont écouté attentivement l’interview de Léon, le symbolisme importait autant que le fond. Il ne proposait pas une nouvelle doctrine, mais rappelait plutôt à son Église que l’accueil commence par la reconnaissance : chaque personne, quelle que soit son identité, est avant tout enfant de Dieu.
Ce rappel, qui a retenti depuis Rome, pourrait résonner à nouveau dans les chaires, les confessionnaux et les paroisses, où le ton, peut-être plus que le texte, façonne le visage de la vie pastorale catholique.
