Basilique Saint-Augustin, Campo Marzio, Rome
Mes chères sœurs, mes chers frères,
Père Alejandro Moral, Prieur Général, mes frères dans l’épiscopat, Luis et Wilder, et vous tous, mes frères augustiniens, frères et sœurs ici présents. Avant de commencer l’homélie officielle qui est préparée, je souhaite simplement vous saluer. Et pour ceux d’entre vous qui comprennent l’anglais mais pas l’italien : priez pour un don de l’Esprit Saint ! Et peut-être que durant ce bref moment de réflexion sur la Parole de Dieu, et sur ce que le Seigneur vous demande, à vous qui allez ouvrir ce Chapitre général ordinaire, vous recevrez non pas nécessairement le don de comprendre ou de parler toutes les langues, mais celui d’écouter, celui d’être humbles, et celui de promouvoir l’unité, dans l’Ordre, dans l’Église et dans le monde.
Nous célébrons cette Eucharistie à l’ouverture du Chapitre général, un moment de grâce pour l’Ordre augustinien et pour toute l’Église.
Dans cette Messe votive de l’Esprit Saint, demandons-Lui, Lui en qui l’amour du Christ a été répandu dans nos cœurs (cf. Rm 5,5), de guider notre travail jour après jour.
Un auteur ancien, en parlant de la Pentecôte (cf. Ac 2,1-11), la décrit comme une « effusion de l’Esprit abondante et irrésistible » (DIDYME L’AVEUGLE, De Trinitate, 6, 8 : PG 39, 533). Demandons au Seigneur qu’il en soit de même pour vous : que son Esprit l’emporte sur toute logique humaine, d’une manière « abondante et irrésistible », afin que la Troisième Personne divine devienne véritablement la protagoniste des jours à venir.
L’Esprit Saint parle, aujourd’hui comme hier. Il le fait au plus profond du cœur et à travers les frères et les circonstances de la vie. C’est pourquoi il est important que l’atmosphère du Chapitre, en harmonie avec la tradition séculaire de l’Église, soit une atmosphère d’écoute : écoute de Dieu, écoute des autres.
En méditant sur la Pentecôte, notre Père saint Augustin, face à la question provocante de savoir pourquoi, aujourd’hui, le signe extraordinaire de la « glossolalie » ne se répète pas comme à Jérusalem, propose une réflexion que je pense utile pour votre mission : « Chaque croyant parlait alors toutes les langues ; aujourd’hui, c’est l’unité des croyants qui parle toutes les langues. Et donc, toutes les langues sont désormais les nôtres, puisque nous sommes membres du Corps où elles se trouvent » (Sermon 269, 1).
Chers amis, ici réunis, vous êtes membres du Corps du Christ, qui parle toutes les langues : sinon toutes celles du monde, du moins toutes celles que Dieu juge nécessaires à la mission qu’il vous confie dans sa sagesse providentielle.
Vivez donc ces jours dans un effort sincère de communication et de compréhension, comme une réponse généreuse au grand don de lumière et de grâce que le Père du Ciel vous accorde en vous convoquant ici, vous précisément, pour le bien de tous.
Ensuite : faites-le dans l’humilité. Saint Augustin, en commentant la diversité des dons de l’Esprit au fil des siècles, y voit une invitation à nous faire petits devant la liberté et le mystère de l’action divine. Que nul ne pense détenir toutes les réponses ; que chacun partage ce qu’il a reçu ; que chacun accueille avec foi ce que le Seigneur inspire, sachant que « les cieux sont plus hauts que la terre » (Is 55,9). Ainsi seulement l’Esprit pourra « enseigner » et « rappeler » les paroles de Jésus (cf. Jn 14,26), en les inscrivant dans nos cœurs.
Enfin, la liturgie d’aujourd’hui nous rappelle l’importance de l’unité. Dans la première Lettre aux Corinthiens, saint Paul décrit la communauté comme un corps : « À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien commun » (1 Co 12,7). De même, que votre critère soit toujours ce qui unit, et non ce qui divise.
Augustin le rappelle encore : « De même qu’alors les langues de toutes les nations dans une seule personne manifestaient la présence de l’Esprit Saint, aujourd’hui son signe est l’amour de l’unité entre toutes les nations » (Sermon 269, 3). Et il conclut : « On peut être sûr d’avoir l’Esprit Saint lorsque, par une charité sincère, on attache résolument son esprit à l’unité. »
Écoute, humilité, unité : trois invitations que la liturgie nous adresse et que je vous laisse comme lumière pour ces jours.
Renouvelons donc la prière de cette messe votive : « Que le Paraclet, qui procède de Toi, Père, illumine nos esprits et, selon la promesse de ton Fils, nous guide vers la vérité tout entière. »









