Dans la nuit du 4 août 2025, un groupe armé a fait irruption dans un orphelinat situé au sud de Port-au-Prince, la capitale haïtienne, et a enlevé neuf personnes dont une missionnaire irlandaise, sept travailleurs haïtiens et un enfant handicapé de trois ans.
Cet épisode s’inscrit dans la spirale de violences dont le pays souffre depuis quelques temps. Les gangs armés contrôlent Port-au-Prince mais ont désormais étendu leur influence bien au-delà de la ville. La police peine à garantir l’ordre et la sécurité face aux nombreuses attaques, kidnappings, meurtres, mais aussi face au vandalisme et la profanation des lieux de culte.
Selon l’ONU, plus de 3 100 personnes ont été tuées entre janvier et juin 2025, et plus d’un millier ont été blessées. Des centaines d’enlèvements et de violences sexuelles sont également à déplorer, ainsi que des déplacements massifs de la population : soit 1,3 million de personnes déplacées, d’après un recensement récent.
Ce dimanche 10 août, le pape Léon XIV a déclaré après l’Angélus que « la situation de la population en Haïti est de plus en plus désespérée (…). Je lance un appel pressant à tous les responsables pour que les otages soient libérés immédiatement, et je demande le soutien concret de la communauté internationale pour créer les conditions sociales et institutionnelles qui permettront aux haïtiens de vivre en paix. »
« Une exigence morale partagée »

Des haïtiens fuyant leur maison à Port-au-Prince © Vatican Media
Depuis mai dernier, le gouvernement de transition en Haïti a proposé un avant-projet de Constitution. Mais les évêques haïtiens considèrent que l’heure n’est pas venue de changer la Constitution et que la priorité est à la sécurité, à la paix et à la gouvernance pour le bien du peuple. Ils expliquent que ce projet contient des lacunes majeures risquant de fragiliser la démocratie : l’absence de débat, les pouvoirs du futur président renforcés, la complexité du modèle difficilement applicable dans un pays « aux capacités administratives et budgétaires limitées ».
« C’est avec gravité et compassion que nous élevons la voix : pour alerter sur l’ampleur du naufrage, pour dénoncer ce qui avilit la dignité humaine et pour proposer, à la lumière de l’Évangile, les chemins de conversion, de justice et d’espérance » ont écrit les évêques ce 23 juillet.
« Le renouveau de la Nation ne viendra pas d’un texte, aussi bien rédigé soit-il, s’il n’est porté par une conscience civique collective et renouvelée, une exigence morale partagée et une culture du dialogue et de la solidarité » ajoutent t-ils, tout en exhortant les fidèles à s’engager activement dans la reconstruction morale et structurelle de la société : « Résistons à la résignation, à la vengeance et à l’anarchie. Et élevons la voix pour la vérité, la justice et la paix. »
