Mgr Guy de Kerimel, archevêque de Toulouse, a annoncé le 1er juillet 2025 la nomination de l’abbé Dominique Spina au poste de chancelier et délégué épiscopal aux mariages. Celui-ci exerçait jusqu’à présent la fonction d’archiviste pour le diocèse de Toulouse.
Cette nouvelle suscite de vives réactions et une profonde incompréhension de la part de nombreux fidèles en France, car l’abbé Spina a un passé judiciaire lourd : il a été jugé en 2006 par la cour d’assises de Pau pour viol sur mineur.
Parmi les réactions, Mgr Hervé Giraud considère cette nomination comme « inacceptable et intenable ». Outre l’évêque de Viviers, des collectifs de victimes et des associations – telles que « Parler et Revivre » ou « Après le CIASE » – ont manifesté leur profond désaccord et parlent d’une « défaillance institutionnelle majeure ».
Un chancelier représente l’intégrité administrative d’un diocèse
Pour répondre à cette vague de critiques, Mgr de Kerimel a écrit le 10 juillet un communiqué expliquant son choix, reconnaissant que le viol est un crime et que « l’Église et le diocèse de Toulouse en particulier ont mis en place les moyens nécessaires pour prévenir les abus sur mineurs ». Il demande également si « faire miséricorde à un prêtre qui a péché gravement il y a trente ans, et qui, depuis, fait preuve d’abnégation et d’intégrité dans son service et son rapport à ses supérieurs et ses confrères, est-ce possible ? »

Abbé Dominique Spina, nouveau chancelier du diocèse de Toulouse © Facebook / France TV
« En tant que chancelier et comme avant, l’abbé Spina continuera à travailler dans son bureau à l’archevêché ; il n’a donc aucun contact avec les jeunes, et vit de manière très discrète. Le chancelier est un homme de l’ombre dans un diocèse, il n’a aucun rôle de premier plan, et cela ne peut en aucune manière être compris et présenté comme une promotion, comme certains organes de presse ont voulu le faire. Il s’agit de la poursuite et l’extension d’un service qu’il accomplissait déjà pour une large part » ajoute l’archevêque de Toulouse.
Cependant, il est clair qu’un chancelier diocésain est un collaborateur direct de l’évêque. Il a le titre d’officier ecclésiastique, chargé principalement de rédiger, signer, conserver et authentifier les actes officiels de l’évêque et de la curie diocésaine.
De par cette fonction importante, il accède à des informations confidentielles, gère des dossiers sensibles touchant à la vie privée ou à des questions disciplinaires. Il incarne donc la rigueur et la fiabilité de l’Église. Et même s’il n’est pas en contact direct avec les fidèles, il joue un rôle clé dans la gouvernance d’un diocèse.
D’autres manières de faire miséricorde ?
« Ma première réaction a été de penser aux victimes » a déclaré Mgr Hervé Giraud, évêque de Viviers, en Ardèche. « Après tant d’années de prise de conscience, de rapports dont celui de la CIASE, comment pouvait-on encore nommer un prêtre coupable, même ayant accompli sa peine, à un tel poste qui demande une ‘réputation intègre’ ? » a-t-il confié aux journalistes.
« L’archevêque de Toulouse parlait de ‘principe de miséricorde’ mais je me suis dit que nous n’avions vraiment pas la même notion de la miséricorde. Qui doit faire miséricorde ? Je ne pense pas qu’un évêque puisse faire miséricorde sans prendre en compte les personnes victimes. »
« Bien sûr, il ne faut pas de double peine pour ce prêtre » a-t-il encore commenté. « Mais il y a d’autres manières de lui confier un avenir et pas forcément en donnant une mission qui demande une intégrité assez forte. Il y a encore beaucoup à faire, il y a beaucoup de prévention à faire, il ne faut pas qu’un événement comme celui-ci empêche cette attente qu’il y a du côté des victimes. »
