Le pape François dans la mémoire du porte-parole argentin

Père Marcó : « Quand Bergoglio a sauvé une mère de la dépression »

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28 avril 2025

par Richard Benotti

Le père Guillermo Marcó, porte-parole du cardinal Bergoglio à Buenos Aires pendant neuf ans, est venu à Rome pour les funérailles du pape François. Il se souvient d’un homme capable d’une grande écoute, de sérénité dans les épreuves et d’un sens de l’humour profond et discret : « Il m’a appris à prendre la vie avec joie »

« À peine arrivé à l’archevêché, il m’a invité à déjeuner, un geste inhabituel pour lui, car il n’avait pas l’habitude de déjeuner au restaurant. Il m’a alors dit : « Écoute, je ne veux pas de contact direct avec les journalistes. Je ne sais pas faire d’interview, ça me met mal à l’aise. Alors, invente quelque chose. » » Cette invitation a été l’occasion pour le père Guillermo Marcó de réfléchir et de proposer la création d’un bureau de presse et d’un porte-parole, chargés d’entretenir les relations avec les médias, laissant à Bergoglio les seules expressions publiques, comme les homélies et les rencontres. Le Père Marcó a collaboré avec le cardinal Jorge Mario Bergoglio pendant environ neuf ans, de 1994 à 2003, l’accompagnant dans les défis de la communication et de la vie pastorale. Ces derniers jours, il est venu à Rome pour participer aux funérailles du pape François, apportant avec lui le souvenir d’un pasteur profondément humain :

« Jorge Mario Bergoglio possédait une qualité particulière : il était capable de traiter des questions de la plus haute importance, sans perdre l’attention aux détails ni l’attention à l’individu. »

Un épisode particulièrement significatif concerne une mère dont le fils s’est suicidé : « Bien que ne la connaissant pas, il a appris sa situation et a souhaité la contacter personnellement. Récemment, cette femme m’a confié que ce geste inattendu lui avait littéralement sauvé la vie : « Cela m’a sortie de la dépression”, m’a-t-elle écrit. »

« Oui, certainement : son extraordinaire sérénité », répond le père Marcó à la question de savoir comment le cardinal Bergoglio a fait face aux difficultés. Lorsque le journaliste argentin Horacio Verbitsky publiait des articles accusateurs sur ses actions présumées pendant la dictature, il réagissait toujours avec un calme absolu. Il m’a dit : « C’est la légende noire. Je la porterai avec moi toute ma vie. » Pour faire preuve de transparence, Bergoglio a également voulu montrer au père Marcó ses archives personnelles : « Elles contenaient de la correspondance documentant les événements de cette époque. » Sa capacité à maintenir la paix intérieure, même dans les moments les plus hostiles, sans céder à l’amertume ou à la réaction agressive, a profondément impressionné son collaborateur. Dans la vie quotidienne, loin des événements publics, le cardinal a fait preuve du même style de profonde humanité :

C’était un homme d’un grand silence et d’une grande capacité d’écoute. Quand quelqu’un venait le voir avec un problème, il ne posait pas beaucoup de questions ; il écoutait et accompagnait simplement. En sa présence, rien d’autre n’existait : le téléphone était éteint, aucune interruption n’était tolérée. On sentait qu’à ce moment-là, le sujet abordé était le seul vraiment important.

« Si je devais parler aux fidèles italiens d’un trait moins connu du pape François », poursuit le père Marcó, « je choisirais son sens de l’humour, plus vif dans la sphère privée que dans la sphère publique. Il aimait rire, se moquant souvent avec bonhomie de ses proches, selon une habitude bien argentine. » Rappelez-vous comment, après avoir reçu des mises à jour quotidiennes, Bergoglio trouvait toujours une raison pour détendre l’atmosphère :

« Les problèmes qui me semblaient insurmontables lui semblaient être des excuses pour sourire. »

Cette capacité à affronter la vie avec joie et légèreté, sans tomber dans la superficialité, « était une note profondément authentique de sa personnalité, cachée à la plupart mais décisive pour définir son humanité ». Pour le Père Marcó, « sa capacité à sourire et à rire des difficultés est l’un des plus beaux héritages qu’il nous laisse : une manière profondément chrétienne de traverser la vie, sans jamais perdre la foi et la beauté. »

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Rédaction

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