Mgr Rolando Álvarez, évêque du diocèse de Matagalpa au Nicaragua, a accordé une interview ce 6 février 2025 à la chaîne catholique de télévision internationale EWTN news. Il s’agit de sa première apparition publique depuis sa libération et son arrivée à Rome.
Comme beaucoup d’autres membres de l’Église du Nicaragua, il a été emprisonné par le régime du président Daniel Ortega. Accusé de « trahison » pour avoir dénoncé les excès de la dictature, il a été condamné en février 2023 à 26 ans de prison et déchu de sa nationalité nicaraguayenne. Il a ensuite été libéré et exilé en janvier 2024.
En arrivant dans la capitale italienne, l’évêque souhaitait donner sa démission, mais le pape François lui a demandé de ne pas le faire : « Je me suis retrouvé avec la bonté de Dieu et du Saint-Père qui veulent que je continue à être l’ordinaire de Matagalpa et l’administrateur apostolique d’Estelí, même pendant que je suis dans la diaspora. »
Un exil vécu dans la foi et l’espérance

Archives : Mgr Álvarez en procession dans les rues du Nicaragua au moment du Covid © EWTN Noticias
Dans cet entretien, Mgr Rolando Alvarez a témoigné de sa grande gratitude envers Dieu. Il a parlé de sa libération, de son rétablissement physique et mental, de sa relation avec le pape François et de sa participation au Synode des évêques.
« Quand je suis arrivé à Rome, j’ai ressenti beaucoup d’émotion, beaucoup de joie, beaucoup d’enthousiasme, beaucoup de larmes et beaucoup de gratitude dans mon cœur envers Dieu, envers le pape, envers la Secrétairerie d’État et envers tous ceux qui ont organisé en silence mon départ et envers tous ceux qui ont prié pour moi » a-t-il confié.
À la fin de l’interview, l’archevêque a eu une pensée pour les catholiques de son diocèse : « Dites-leur que je les aime. J’aime beaucoup mon peuple, j’aime ma ville et je leur dis que je suis un évêque de l’Église universelle. C’est-à-dire que j’ai été ordonné évêque pour Matagalpa. Je suis le chef visible de Matagalpa et administrateur apostolique d’Estelí et je continuerai à l’être jusqu’à ce que Dieu le veuille. »
La colère du gouvernement nicaraguayen
Suite à cet entretien filmé, le gouvernement de Nicaragua a écrit le 9 février une lettre, intitulée « Lumière et vérité », dans laquelle il dénonce « l’irresponsabilité » et le « manque de respect » du Vatican. « Les déclarations susmentionnées sont irresponsables et irrespectueuses et violent les lois et les normes les plus élevées qui régissent la vie indépendante de notre bienheureux Nicaragua », a déclaré le ministère des relations extérieures.
Le gouvernement du Nicaragua condamne entres autres « ces comportements inadmissibles de personnes qui, depuis des trônes égocentriques, avec des déguisements et des masques de bienveillance et de mysticisme pharisaïque, continuent d’attaquer le peuple nicaraguayen, dans leur prétention ridicule, insolente et indécente au pouvoir politique, cachée derrière des vêtements fantasmagoriques, et une prétention absurde, en fin de compte, basée sur l’arbitraire, les falsifications, le désir de subjuguer et la violation de tous les droits. »
Et la lettre se termine ainsi : « Sachez, Messieurs, que vos monstruosités immorales, déguisées en bergers, ne reviendront pas ici, et ne passeront pas ! »