Le pape François a reçu le 25 octobre les participants au XLVIIIe chapitre général de la congrégation de la Passion de Jésus-Christ (Passionnistes)
Salle Clémentine
Chers frères, bienvenue, bonjour !
Je salue le supérieur général et vous tous, Passionnistes ou passionnés.
Renouveler sa disponibilité à la mission
Je suis heureux de vous rencontrer en ce moment, alors que vous allez conclure votre Chapitre Général, qui s’est penché sur la manière de répondre de façon optimale à ces temps tumultueux – tous les temps sont tumultueux – et comment répondre à l’initiative de Dieu, qui nous appelle toujours à coopérer à son plan de salut. [Bref dialogue : était-ce un Chapitre électif ? Et avez-vous été élu ? Qui était avant vous ? Vous avez été libéré ! Bien, bravo …]
Vous avez réfléchi de manière particulière aux paroles adressées par Dieu au prophète Isaïe : « Qui enverrai-je, et qui sera notre messager ? » (Is 6, 8), et vous avez médité sur l’invitation de Jésus devant l’attente du Royaume : « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson » (Lc 10,2). [Dialogue : et combien de novices avez-vous ? – 150. – Oh, et d’où viennent-ils ? – Du monde entier, notamment d’Asie. – D’Europe aussi ? – D’Europe aussi. – La vieille Europe … – La vieille Europe.]
A la question du prophète Isaïe pour repartir comme hérauts du Crucifié Ressuscité, avec des lèvres purifiées par le feu de l’amour, que l’on puise dans la contemplation du mystère, il faut répondre à nouveau : « Me voici : envoie-moi ! » (Is 6,8). Cela renouvellera les énergies missionnaires, y compris en vue du Jubilé imminent.
Identifier de nouvelles méthodes d’évangélisation
Une mission qui atteigne le plus grand nombre possible est souhaitable, même nécessaire parce que tous sans exception, ont besoin de la lumière de l’évangile. Sans renoncer aux méthodes habituelles de l’action pastorale, je vous invite à identifier aussi de nouvelles voies et à créer de nouvelles opportunités pour faciliter la rencontre entre les personnes et avec le Seigneur, qui n’abandonne personne, mais « qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité » (1Tim 2, 4).
Il est donc nécessaire de sortir dans les rues, les places et les ruelles du monde, pour ne pas s’ankyloser et moisir, et pour prouver votre propre foi joyeuse et féconde. Cependant, une telle sortie ne sera efficace que si elle naît de la plénitude de l’amour de Dieu et de l’humanité, vécu dans la prière, les relations communautaires fraternelles et le soutien mutuel – vie de prière et relations avec la communauté. Ne laissez pas la vie de prière ! Vous avez une riche tradition de vie de prière. Et cela afin de marcher ensemble, en expérimentant la présence du Seigneur parmi vous.
La création d’événements d’évangélisation, présentant la sublime beauté de la Personne du Christ avec le visage d’une Eglise attrayante, accueillante et engageante, exige un enracinement constant dans la prière et dans la Parole de Dieu. Cet enracinement dans la prière est un élément important de votre tradition : faire une retraite de prière et de contemplation, parfois quelques mois, parfois tous les jours ou une partie de la journée.
Soyez fidèles à la tâche de maintenir vivant le précieux charisme de Saint Paul de la Croix. L’évangélisation, basée sur le bon témoignage personnel, le kérygme, les homélies, annonce l’amour de Dieu donné dans le Fils pour le salut des hommes. Votre fondateur a saisi tout cela dans sa racine la plus profonde. Enthousiasmé par ce mystère, guidé par l’Esprit, il s’est trouvé plongé dans une expérience spirituelle qui a fait de lui l’un des mystiques les plus célèbres de son temps.
Son intuition la plus originale est que la mort de Jésus sur la Croix est la manifestation suprême de l’amour de Dieu. C’est le miracle des miracles de l’amour de Dieu, la porte pour entrer dans la prière et l’union avec Lui, l’école pour apprendre toutes les vertus, l’énergie qui rend capable de supporter toutes les douleurs. Par ailleurs, votre fondateur était tourmenté par la perception que l’humanité n’est pas pleinement consciente de cet amour. « L’amour de Dieu n’est pas connu, il n’est pas apprécié », s’exclamait-il.
De cette expérience intérieure jaillit la détermination de rassembler des compagnons qui seraient plongés dans la contemplation de cet amour et prêts à le proclamer.
Annoncer la présence du Crucifié Ressuscité dans les souffrances de notre époque
Avec la joie et la force de cette appartenance charismatique, les Passionnistes savent aussi annoncer la présence du Crucifié Ressuscité dans les souffrances de notre époque. Nous en connaissons l’étendue et les ravages dans la pauvreté, les guerres, les gémissements de la création, les dynamiques perverses qui créent des divisions entre les personnes et la mise à l’écart des faibles. Que tout soit fait pour éviter que la douleur de nos frères reste sans aucun sens et témoigne de perte d’humanité et de désespoir. Dans les affres de cette douleur le Christ est passé, souffrant et crucifié, vivant chaque blessure dans l’amour et donnant un sens à la douleur offerte par amour.
L’espérance : entre synodalité, jubilé et le charisme des Passionnistes
Votre Chapitre s’est déroulé en même temps que le Synode des évêques sur la synodalité et non loin de l’ouverture du Jubilé, dont l’un des thèmes principaux est celui de l’espérance.
La vertu de l’espérance a une relation particulière avec le charisme des Passionnistes. En effet, sa raison théologique est la mort et la résurrection du Christ. Le sang et l’eau qui sortent de son cœur nous disent qu’au-delà de la mort, la vie continue, l’amour se répand sur l’humanité dans le don de l’Esprit, se communiquant avec une puissance que personne ne peut éliminer. Si rien ne peut étouffer dans l’être humain la capacité d’aimer, alors rien ne se perd, tout trouve un sens et une valeur, tout est sauvé. L’espérance repose sur une certitude de foi.
L’urgence de témoigner de l’amour, à l’exemple de Marie
Et n’hésitez pas à vous laisser attirer par la sollicitude de la Vierge Marie qui, à l’aube de sa mission spéciale dans le projet salvifique du Père, se rendit avec empressement vers la montagne, où elle a apporté son aide à sa parente âgée. Elle s’est déclarée servante du Seigneur et s’est mise au service de son prochain, et a été déclarée Mère du Seigneur par sa cousine Elisabeth.
A son exemple et par l’intercession de la Vierge Marie – qui, sur le Calvaire, devant son Fils mourant, a vécu « la kénose de la foi la plus profonde de l’histoire de l’humanité » (Saint Jean-Paul II, lettre encyclique Redemptoris Mater, 18) – les Passionnistes vivent leur consécration et leur mission, conscients de l’urgence de répandre le message du salut. Cela n’est pas la hâte de l’horloge, kronos, mais celle de la grâce, kairos, de l’amour qui se précipite pour atteindre son but, comme la vague de la mer est pressée de toucher le rivage.
Un amour qui s’exprime dans la parole qui est l’écho de la Parole de vérité, dans le geste qui relève le pauvre et le nécessiteux, ou dans le simple silence qui consiste à être proche de ceux qui souffrent.
Que Dieu bénisse chacun de vous, votre congrégation et votre mission !
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Holy See Press Office Bulletin, 25 October 2024
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