Alors que le Synode sur la synodalité parle ces jours-ci d’unité entre les chrétiens, et qu’une grande veillée œcuménique a été organisée aujourd’hui à Rome, l’Église catholique syro-malabare, en Inde, est en forte crise.
Mgr Bosco Puthur a été « séquestré » ce 9 octobre © archevêché d’Ernakulam-Angamaly
Ce mercredi 9 octobre 2024, l’administrateur apostolique de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly, Mgr Bosco Puthur, s’est retrouvé séquestré au sein de l’archevêché avec quatre collaborateurs, en proie à des manifestations de prêtres et de membres du diocèse qui rejettent sa décision de ne pas ordonner huit diacres.
Nommé administrateur apostolique en décembre 2023 par le pape François, Mgr Puthur avait expliqué qu’il ne pourrait pas ordonner ces diacres tant que ceux-ci ne s’engageraient pas, par écrit, à célébrer la messe officielle approuvée par le Synode des évêques syro-malabare.
La protestation a pris de l’ampleur ces dernières semaines, notamment avec des interventions policières, des grèves de la faim, des séquestrations et des incendies. L’administrateur apostolique a dû fuir l’archevêché le 26 septembre. Il est revenu mercredi matin 9 octobre, mais les manifestants ont encerclé l’archevêché, et la police a dû intervenir.
Un seul sur 36 diocèses refuse la liturgie unifiée
L’Église syro-malabare est l’un des 23 rites orientaux en pleine communion avec Rome et le deuxième plus grand après l’Église ukrainienne. Un conflit liturgique important et de longue durée divise Rome et l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly, qui se trouve dans le sud-ouest de l’Inde.
En 2021, lorsque le Synode syro-malabare a ordonné à tous les diocèses d’adopter la messe unifiée, qui invitait le prêtre à célébrer la messe face au peuple, sauf durant la consécration et le rite eucharistique, le diocèse d’Ernakulam-Angamaly est le seul diocèse à avoir refusé d’adopter cette nouvelle forme de Qurbana.
Archêveché d’Ernakulam-Angamaly © facebook.com/people/Archdiocese-of-Ernakulam-Angamaly
L’ordination des huit diacres était donc en suspens depuis un an en raison de cette controverse, mais un accord avait été trouvé in extremis en juillet dernier, et les ordinations devaient avoir lieu ce mois-ci. Cependant, Mgr Puthur a insisté pour qu’un engagement écrit soit pris pour célébrer la messe selon le mode unifié.
Cet accord in extremis a évité le schisme
L’accord du 1er juillet 2024 comprend l’obligation pour chaque église paroissiale de célébrer la messe dans la forme synodale tous les dimanches et jours de fête. Tous les autres jours, les paroisses peuvent continuer à célébrer le Qurbana en s’adressant au peuple.
Le porte-parole de l’Église syro-malabare, le père Antony Vadakkekara, a déclaré que les diacres seront « ordonnés une fois qu’ils auront donné un engagement écrit d’obéissance, comme c’est le cas d’autres diacres dans d’autres diocèses ». Si les catholiques ne les autorisent pas à célébrer la messe officielle, « les autorités prendront les dispositions nécessaires pour qu’ils puissent célébrer la messe, et ils n’auront pas à s’en soucier » a-t-il ajouté.
