Voici le récit de la conversion foudroyante de saint Charles de Foucauld au cours d’une confession, qui a marqué le début de son chemin de sainteté.
Orphelin très jeune, Charles de Foucauld est élevé par son grand-père maternel. À l’adolescence, il perd la foi. Après une jeunesse et un début de vie adulte tourmentés, fin octobre 1886, il se convertit dans le confessionnal de l’abbé Huvelin, curé de Saint-Augustin (Paris VIIIe).
« Pendant que j’étais à Paris, faisant imprimer mon voyage au Maroc, je me suis trouvé avec des personnes intelligentes, très vertueuses et très chrétiennes ; je me suis dit – pardonnez mes expressions, je répète tout haut mes pensées – que « peut- être cette religion n’était pas absurde ».
En même temps, une grâce intérieure extrêmement forte me poussait : je me mis à aller à l’église, sans croire, ne me trouvant bien que là et y passant de longues heures à répéter cette étrange prière : « Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse ! »
L’idée me vint qu’il fallait me renseigner sur cette religion où peut-être se trouvait cette vérité dont je désespérais, et je me dis que le mieux était de prendre des leçons de religion catholique, comme j’avais pris des leçons d’arabe ; comme j’avais cherché un bon thaleb pour m’enseigner l’arabe, je cherchai un prêtre instruit pour me donner des renseignements sur la religion catholique.
On me parla d’un prêtre très distingué, ancien élève de l’École Normale ; je le trouvai à son confessionnal et lui dis que je ne venais pas me confesser car je n’avais pas la foi, mais que je désirais avoir quelques renseignements sur la religion catholique.
Ma vocation religieuse date de la même heure que ma foi : Dieu est grand !
Le Bon Dieu qui avait commencé si puissamment l’œuvre de ma conversion, par cette grâce intérieure si forte qui me poussait presque irrésistiblement à l’église, l’acheva ; le prêtre, inconnu pour moi, à qui il m’avait adressé, qui joignait à une grande instruction une vertu et une bonté plus grandes encore, devint mon confesseur et n’a pas cessé d’être, depuis les quinze ans qui se sont écoulés depuis ce temps, mon meilleur ami.
Aussitôt que je crus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui : ma vocation religieuse date de la même heure que ma foi : Dieu est si grand ! Il y a une telle différence entre Dieu et tout ce qui n’est pas lui. »
Lettre du 14 août 1901 à son ami Henri de Castries.