Alors que le pape avait déjà exprimé sa préoccupation ces dernières semaines, le Vatican a temporairement suspendu la création d’un Comité synodal pour l’Église catholique en Allemagne.
Les évêques allemands, qui sont réunis cette semaine en Assemblée plénière à Augsburg, ont donc retiré de leur programme l’approbation des statuts d’un tel comité, composé d’évêques et de laïcs, pour discuter et décider de questions telles que le rôle des femmes, la morale sexuelle ou la vie sacerdotale.
Datant du 16 février 2024, la lettre émanant du Vatican a été signée par le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, le cardinal Victor M. Fernández, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi et le cardinal Robert F. Prevost, préfet du Dicastère pour les évêques. Cette lettre demandait, en plus de l’annulation du vote, le report de l’ensemble des travaux, afin de poursuivre au préalable les discussions entre l’Église allemande et la Curie romaine.
Lettre du 16 février 2024, texte intégral :
Du Vatican,
Cher Monsieur le Président de la Conférence épiscopale allemande, chers confrères évêques,
Du 19 au 22 février aura lieu à Augsbourg l’assemblée générale de la Conférence épiscopale allemande (DBK), au cours de laquelle seront votés les statuts du Comité synodal. Nous estimons donc nécessaire, dans la continuité du dialogue que nous avons déjà entamé, que nous poursuivrons dans un avenir proche et que nous souhaitons renforcer encore, selon le souhait du pape François, d’exprimer quelques inquiétudes à cet égard et de donner certaines indications qui ont été portées à la connaissance du Saint-Père et approuvées par lui. Les statuts prévoient que la première tâche du Comité synodal est la création d’un Conseil synodal […].
Un tel organe n’est pas prévu par le droit canonique en vigueur et une décision du DBK à cet égard serait donc invalide – avec les conséquences juridiques correspondantes. La question se pose également avec quelle autorité la conférence des évêques approuverait les statuts. Ni l’un ni l’autre ne le peuvent. L’article 455 CIC et l’article 8 du Statut de la DBK constituent une base en ce sens ; le Saint-Siège n’a pas encore émis de mandat – il s’est même exprimé dans le sens contraire.
Le projet de statuts stipule également que « la Conférence épiscopale allemande et le Comité central des catholiques allemands (ZdK) assument la responsabilité du comité synodal » (article 1). Étant donné que le DBK ne peut pas agir en tant que personne morale dans le domaine laïc, il ne peut assumer un tel parrainage du Comité synodal que par l’intermédiaire de l’Association des diocèses allemands (VDD). Cependant, la décision unanime requise concernant le Comité synodal n’a pas été atteinte au sein de l’association.
Il convient de noter que la question a déjà été abordée lors de la dernière visite ad limina et ultérieurement dans la lettre du cardinal secrétaire d’État et des préfets des dicastères pour la doctrine de la foi et des évêques du 16 janvier 2023, dans laquelle expressément et par ordre spécial, le Saint-Père lui a demandé de ne pas poursuivre la création d’un tel concile.
L’approbation des statuts du Comité synodal serait donc en contradiction avec les instructions du Saint-Siège émises sur commission spéciale du Saint-Père et le mettrait une fois de plus devant le fait accompli. À cet égard, il a été convenu d’un commun accord en octobre dernier d’approfondir les questions ecclésiologiques abordées par la voie synodale, y compris la question d’un organe consultatif et décisionnel supra-diocésain, lors de la prochaine rencontre entre les représentants de la Curie romaine et de la DBK. Si le statut du Comité synodal est adopté avant cette réunion, la question se pose du sens de cette réunion et, plus généralement, du processus de dialogue en cours.
Nous souhaitons vous donner les informations exprimées ici pour que nous puissions les considérer et espérer qu’elles seront prises en compte lors des discussions lors de la prochaine assemblée générale de DBK.
Unis dans la prière, nous vous adressons des salutations fraternelles.
Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État, le cardinal Victor M. Fernández, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, le cardinal Robert F. Prevost, préfet du Dicastère pour les évêques.
