Ce vendredi 16 février, le Saint Père a reçu en audience la Communauté du séminaire archiépiscopal de Naples, à l’occasion du 90e anniversaire de son inauguration.
Nous publions ci-dessous le discours que le pape a adressé aux personnes présentes lors de la rencontre.
Chers frères et sœurs, bonjour,
Je vous remercie d’être venus ici ce matin et d’avoir souhaité cette rencontre à l’occasion du 90e anniversaire de l’inauguration de votre séminaire « Alessio Ascalesi ». Je salue l’archevêque, Mgr Domenico Battaglia, et les frères évêques, le recteur, les éducateurs et les pères spirituels, en vous remerciant tous pour votre précieux service. Avec joie, je salue tous ceux qui, sous différentes formes, contribuent à votre formation : le directeur et le doyen de la faculté, les sœurs et aussi les couples mariés, dont la présence est un signe important, qui nous rappellent la complémentarité entre les ordres sacrés et le sacrement du mariage : dans la formation sacerdotale, nous avons besoin de la contribution de ceux qui ont choisi la voie du mariage. Merci pour ce que vous faites ! Merci aussi aux conseillers, au personnel administratif et de service.
Je m’adresse à vous, séminaristes, avec affection. Je dois vous exprimer ma gratitude pour avoir répondu à l’appel du Seigneur et pour votre disponibilité à servir son Église ; et je dois vous encourager à cultiver chaque jour la beauté de la fidélité, avec enthousiasme et engagement, en livrant votre vie à l’œuvre incessante de l’Esprit Saint, qui vous aide à revêtir la forme du Christ. Souvenons-nous de ceci : la formation ne se termine jamais, elle dure toute la vie et, si l’on s’arrête, on ne reste pas là où l’on était, mais on revient en arrière. Rien qu’en pensant à ce travail intérieur continu qu’est la formation sacerdotale et à l’anniversaire de votre séminaire, l’image du chantier me vient à l’esprit.
L’Église est avant tout un chantier toujours ouvert. C’est-à-dire qu’elle reste constamment en mouvement, ouverte à la nouveauté de l’Esprit, surmontant la tentation de se préserver et de préserver ses propres intérêts. L’œuvre principale de l’Église chantier est de marcher en compagnie du Crucifié ressuscité, en apportant aux hommes la beauté de son Évangile. C’est là l’essentiel. C’est ce que nous enseigne le chemin synodal, c’est ce que nous demande l’écoute de l’Esprit et des hommes de notre temps, sans compromis ; mais c’est aussi ce qui vous est demandé : être des serviteurs – c’est-à-dire des ministres – qui sachent adopter un style de discernement pastoral dans chaque situation, sachant que tous, prêtres et laïcs, nous sommes sur le chemin de la plénitude et que nous sommes les ouvriers d’un chantier en construction. Nous ne pouvons pas offrir des réponses uniques et toutes faites à la réalité complexe de notre époque, mais nous devons investir nos énergies à annoncer l’essentiel, qui est la miséricorde de Dieu, et à la manifester à travers la proximité, la paternité, la douceur, en affinant l’art du discernement.
C’est pourquoi le chemin de la formation au sacerdoce est aussi un chantier. Il ne faut jamais commettre l’erreur de se croire arrivé, de s’estimer prêt à relever les défis. La formation sacerdotale est un chantier dans lequel chacun de vous est appelé à se mettre en jeu dans la vérité, pour laisser Dieu construire son œuvre au fil des années. N’ayez donc pas peur de laisser le Seigneur agir dans votre vie ; comme dans un chantier, l’Esprit viendra d’abord démolir ces aspects, ces convictions, ce style et même ces idées incohérentes sur la foi et le ministère qui vous empêchent de grandir selon l’Évangile ; puis le même Esprit, après avoir purifié les mentalités, vous donnera un cœur nouveau, construira votre vie selon le style de Jésus, vous fera devenir des créatures nouvelles et des disciples missionnaires. Il fera mûrir votre enthousiasme par la croix, comme il l’a fait pour les Apôtres.
Mais n’en ayez pas peur : c’est un travail fatigant, certes, mais si vous restez dociles et fidèles, disponibles à l’action de l’Esprit sans vous raidir ni vous défendre, vous découvrirez la tendresse du Seigneur dans vos fragilités et dans la pure joie du service. Dans ce chantier qu’est votre formation, creusez en profondeur, en « faisant la vérité » en vous avec sincérité, en cultivant la vie intérieure, en méditant la Parole, en approfondissant dans l’étude les questions de notre temps et les thèmes théologiques et pastoraux. Et permettez-moi de vous recommander une chose : travaillez à la maturité affective et humaine. Sans cela, vous n’irez nulle part !
Enfin, la structure même du séminaire ressemble à un grand chantier. Et je ne parle évidemment pas du chantier lui-même. En ce qui concerne la formation sacerdotale, un parcours est en œuvre qui comprend de nouvelles questions et de nouvelles acquisitions : les itinéraires de formation subissent de nombreuses transformations, en accord avec les défis qui attendent le ministère sacerdotal et qui requièrent l’engagement, la passion et une saine créativité de la part de tous. De nouvelles expériences pastorales et missionnaires sont expérimentées, avec l’intention de favoriser une immersion progressive dans la future vie de prêtres ; des interruptions dans le parcours sont envisagées pour favoriser la maturité individuelle. Il est bon d’accueillir et d’examiner ces nouveautés, en les vivant comme des occasions de grâce et de service, en y saisissant la présence de Dieu.
Nous venons de commencer le chemin du Carême qui, comme j’ai eu l’occasion de le dire, est « un temps de petits et grands choix à contre-courant […] pour repenser les styles de vie » (Message pour le Carême 2024). Puisse votre communauté parcourir, elle aussi, ce chemin de conversion et de renouveau. Comment ? En vous laissant conquérir avec un émerveillement renouvelé par l’amour de Dieu, fondement de la vocation qui s’accueille et se redécouvre notamment dans l’adoration et au contact de la Parole ; en retrouvant avec joie le goût de la sobriété et en évitant le gaspillage ; en acquérant un style de vie qui vous permettra d’être des prêtres capables de se donner aux autres et d’être attentifs aux plus pauvres ; en ne vous laissant pas tromper par le culte de l’image et de l’apparence, mais en soignant la vie intérieure ; en prenant soin de la justice et de la création, thèmes actuels et brûlants sur notre terre, qui attend des paroles courageuses et des signes prophétiques de l’Église à ce sujet ; en vivant dans la paix et l’harmonie, en surmontant les divisions et en apprenant à vivre en fraternité avec humilité. La fraternité est, surtout aujourd’hui, l’un des plus grands témoignages que nous puissions offrir au monde.
Que le « travail en cours » de votre chantier soit accompagné de l’intercession des saints : de votre patron saint Janvier, dont la présence et le sang continuent à irriguer les terres que vous habitez ; de saint Vincent Romano, le curé formé dans votre séminaire, modèle de zèle apostolique et d’esprit missionnaire ; et du bienheureux Mariano Arciero, qui fut votre père spirituel, dont la fête marque aujourd’hui la mémoire liturgique. Je vous souhaite bonne route et vous accompagne dans la prière. Vous aussi, n’oubliez pas de prier pour moi. Je vous remercie.