Le Saint-Père a reçu au Palais apostolique du Vatican en audience les pèlerins venus d’Argentine pour la canonisation de la bienheureuse Maria Antonia de saint Joseph de Paz y Figueroa dimanche 11 février dernier, dans la Basilique Saint-Pierre. Nous publions ci-dessous le discours que le pape a adressé aux personnes présentes lors de l’audience.
Chers frères et sœurs,
Bonjour et merci d’être ici aujourd’hui. Je suis heureux d’avoir cette rencontre avec vous à l’occasion de la canonisation de Maria Antonia de San José, notre Mama Antula, envers laquelle vous êtes venus témoigner votre dévotion.
Je salue mes frères évêques d’Argentine et tous les prêtres, religieux et fidèles qui les accompagnent. La charité de Mama Antula, surtout au service des plus démunis, s’impose aujourd’hui avec force, au milieu de cette société qui risque d’oublier que « l’individualisme radical est le virus le plus difficile à vaincre. Un virus qui trompe. Il nous fait croire que tout consiste à donner libre cours à nos propres ambitions » (Lettre encyclique Fratelli tutti, 105).
En cette bienheureux, nous trouvons un exemple et une inspiration qui ravivent « l’option pour les plus petits, pour ceux que la société écarte et rejette » (Exhortation apostolique Evangelii gaudium, 195). Que le Seigneur nous donne la grâce de suivre leur exemple et que cet exemple les aide à être ce signe d’amour et de tendresse parmi nos frères et sœurs. Souvenons-nous aussi que le chemin de la sainteté implique la confiance, l’abandon, comme lorsque la bienheureuse Maria Antonia est arrivée à Buenos Aires avec seulement un crucifix et pieds nus, parce qu’elle n’avait pas placé sa sécurité en elle-même, mais en Dieu, confiante que son ardu apostolat était l’œuvre de Dieu. Elle a expérimenté ce que Dieu attend de chacun de nous, afin que nous découvrions son appel, chacun dans son propre état de vie car, quel qu’il soit, il sera toujours résumé dans le fait de « tout faire pour la plus grande gloire de Dieu et le salut des âmes ».
Cette prémisse, à la base de la spiritualité ignatienne, dont la bienheureuse Mama Antula s’est nourrie, l’a toujours animée dans tout son travail. À tel point que l’une de ses principales préoccupations, lorsque la Compagnie de Jésus a été supprimée, a été de donner elle-même les Exercices spirituels, cherchant à aider tout le monde à découvrir la beauté de suivre le Christ. Cependant, cela ne lui fut pas facile, car en raison de l’aversion qui s’était développée à l’égard des Jésuites, il lui fut même interdit de donner les retraites, et elle décida donc de les donner clandestinement.
Dans ce sens, un autre message que la bienheureuse nous offre pour notre monde d’aujourd’hui est de ne pas abandonner face à l’adversité, de ne pas renoncer à nos bonnes intentions d’apporter l’Évangile à tous, malgré les défis que cela peut représenter. Souvent, même « sa propre famille ou son propre lieu de travail peut être ce milieu aride où l’on doit garder la foi et essayer de la faire rayonner » (ibid., 86). Solidement enracinés dans le Seigneur, nous devrions considérer cela comme une occasion de défier notre entourage pour apporter la joie de l’Évangile.
Outre la dévotion de la bienheureuse à saint Joseph, dont elle porte le nom, je voudrais souligner sa grande ferveur pour l’Eucharistie, qui doit être le centre de notre vie et d’où jaillit la force pour mener à bien notre apostolat (cf. Const. Sacrosanctum Concilium, 10). Je vous invite à participer de tout cœur dimanche à la célébration du Christ mort et ressuscité, au cours de laquelle nous proclamerons sainte Mama Antula. Je vous invite à être les témoins de ce don fait au peuple argentin, mais aussi à toute l’Église. Demandons à celle qui a tant encouragé les pèlerinages de nous aider dans notre pèlerinage commun vers la maison du Père.
Que Notre-Dame de Luján intercède pour tous les fidèles qui se rendent en pèlerinage en Argentine et pour l’Église universelle. Et n’oubliez pas de prier pour moi. Que Dieu vous bénisse. Je vous remercie beaucoup.