Moment de prière pour les migrants et les réfugiés © Vatican Media

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Moment de prière pour les migrants et les réfugiés

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Réflexion du Saint-Père : « La clé c’est la compassion »

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Dans le cadre de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, s’est tenu hier soir sur la Place Saint-Pierre un moment de prière pour les migrants et les réfugiés. Devant la sculpture ‘Angles Unawares’ bénie par le pape en 2019, en l’hommage aux migrants et réfugiés exposé sur la Place Saint-Pierre le Saint-Père a prononcé, après la lecture de la Parole, reprenant la parabole du Bon Samaritain, une réflexion dont nous publions la traduction dans son intégralité.

 

Nous ne serons jamais assez reconnaissants à saint Luc de nous avoir transmis cette parabole du Seigneur (cf. Lc 10, 25-37). Elle est aussi au cœur de l’encyclique Fratelli tutti, parce qu’elle est une clé, je dirais la clé pour passer de la fermeture d’un monde à un monde ouvert, d’un monde en guerre à la paix d’un autre monde. Ce soir, nous l’avons écoutée en pensant aux migrants, que nous voyons représentés dans cette grande sculpture : des hommes et des femmes de tous âges et de toutes origines ; et au milieu d’eux, les anges, qui les guident.

La route de Jérusalem à Jéricho n’était pas un chemin sûr, tout comme ne le sont pas aujourd’hui les nombreuses routes migratoires qui traversent les déserts, les forêts, les fleuves et les mers. Combien de frères et de sœurs se trouvent aujourd’hui dans la même situation que le voyageur de la parabole ? Ils sont très nombreux ! Combien sont volés, dépouillés et battus en chemin ? Ils partent trompés par des trafiquants sans scrupules. Ils sont ensuite vendus comme monnaie d’échange. Ils sont kidnappés, emprisonnés, exploités et réduits en esclavage. Ils sont humiliés, torturés, violés. Et beaucoup, beaucoup meurent sans jamais atteindre leur destination. Les routes migratoires de notre époque sont peuplées d’hommes blessés et de femmes à moitié mortes, de frères et de sœurs dont la douleur crie devant Dieu. Il s’agit souvent de personnes qui fuient la guerre et le terrorisme, comme nous le voyons malheureusement ces jours-ci.

Aujourd’hui comme hier, il y a ceux qui voient et passent leur chemin, se donnant sûrement une bonne excuse, en réalité par égoïsme, par indifférence, par peur. Telle est la vérité. Au contraire, que dit l’Évangile à propos de ce Samaritain ? Il dit qu’il a vu le blessé et qu’il a eu pitié de lui (v. 33). C’est là la clé. La compassion est l’empreinte de Dieu dans nos cœurs. Le style de Dieu est la proximité, la compassion et la tendresse. Et la compassion est l’empreinte de Dieu dans notre cœur. C’est la clé. C’est là que se situe le tournant. Car à partir de ce moment-là, la vie de cet homme blessé commence à se relever, grâce à cet étranger qui s’est comporté comme un frère. Ainsi, le fruit n’est pas seulement une bonne action d’assistance, le fruit est la fraternité.

Comme le bon Samaritain, nous sommes appelés à être proches de tous les voyageurs d’aujourd’hui, à sauver leur vie, à soigner leurs blessures, à apaiser leur douleur. Pour beaucoup, malheureusement, il est trop tard et il ne reste plus qu’à pleurer sur leur tombe, s’ils en ont une, ou si la Méditerranée a fini par être leur tombe. Mais le Seigneur connaît le visage de chacun et ne l’oublie pas.

Le bon Samaritain ne se contente pas de venir en aide au pauvre voyageur sur la route. Il le charge sur son joug, l’emmène dans une auberge et prend soin de lui. C’est là que se trouve le sens des quatre verbes qui résument notre action à l’égard des migrants : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer. Les migrants doivent être accueillis, protégés, promus et intégrés. Il s’agit d’une responsabilité à long terme, car le bon Samaritain s’engage aussi bien à l’aller qu’au retour. C’est pourquoi il est important de nous préparer de manière adéquate aux défis des migrations d’aujourd’hui, en comprenant leurs aspects critiques, mais aussi les occasions qu’elles offrent, en vue de la croissance de sociétés plus inclusives, plus belles et plus pacifiques.

Permettez-moi de souligner l’urgence d’une autre action, qui n’est pas abordée dans la parabole. Nous devons tous nous efforcer de rendre la route plus sûre, afin que les voyageurs d’aujourd’hui ne soient pas victimes de bandits de grand chemin. Il faut redoubler d’efforts pour lutter contre les réseaux criminels qui spéculent sur les rêves des migrants. Mais il est tout aussi nécessaire d’indiquer des itinéraires plus sûrs. Pour cela, il faut s’efforcer d’élargir les voies de migration régulières. Dans le contexte mondial actuel, il est clair qu’il faut faire dialoguer les politiques démographiques et économiques avec les politiques migratoires, dans l’intérêt de tous, sans jamais oublier de placer les plus vulnérables au centre. Il est également nécessaire de promouvoir une approche commune et coresponsable de la gestion des flux migratoires, qui devraient augmenter dans les années à venir.

Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer : tel est le travail que nous devons accomplir.

Demandons au Seigneur la grâce de nous rendre proches de tous les migrants et réfugiés qui frappent à notre porte, parce qu’aujourd’hui « quiconque n’est pas un brigand et quiconque ne passe pas à distance est blessé ou porte sur ses épaules un blessé » (Fratelli tutti, 70).

Et maintenant, nous ferons un bref moment de silence, en nous souvenant de tous ceux qui n’ont pas réussi, qui ont perdu la vie le long des différentes routes migratoires, et de ceux qui ont été utilisés, réduits à l’esclavage.

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Rédaction

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