Dans le monde entier, au cours des deux années qui se sont écoulées depuis l’ouverture du Synode 2021-2024 (10 octobre 2021), le Peuple de Dieu s’est confronté à la question fondamentale qui le guide : « comment se réalise aujourd’hui, à différents niveaux (du niveau local au niveau universel) ce “marcher ensemble” qui permet à l’Église d’annoncer l’Évangile, conformément à la mission qui lui a été confiée ; et quels pas de plus l’Esprit nous invite-t-il à poser pour grandir comme Église synodale ? » (Document préparatoire, n. 2). Le Peuple de Dieu a ainsi fait l’expérience concrète de « marcher ensemble » et la relecture de cette expérience a fait ressortir une série de traits caractéristiques d’une Église synodale, rassemblés dans la section A de l’Instrumentum laboris (IL).
- a) La joie est le sentiment spirituel qui accompagne l’expérience de « marcher ensemble » : « la rencontre sincère et cordiale entre frères et sœurs dans la foi est source de joie : se rencontrer, c’est rencontrer le Seigneur qui est au milieu de nous ! » (IL, n. 6).
- b) Dans ce climat de joie, le Synode a été le « lieu » où s’est manifestée une extraordinaire variété de charismes, de ministères et de vocations ecclésiales, ainsi que de langues, de cultures, de traditions liturgiques et théologiques, dont l’Église est porteuse.
- c) Le point d’appui autour duquel les différences trouvent leur principe d’unité est ce que tous les membres du Peuple de Dieu ont en commun : la dignité qui vient du Baptême, qui fait de ceux qui le reçoivent des filles et des fils de Dieu, des frères et des sœurs dans le Christ. En vertu du Baptême, chaque membre du Peuple de Dieu est un sujet à part entière de la mission commune d’annonce de l’Évangile, habilité à offrir sa contribution irremplaçable, dans la particularité de sa vocation, des charismes reçus et du ministère qu’il exerce, et le Peuple de Dieu lui-même redevient un sujet à part entière de la vie ecclésiale, dans la mesure où il participe à la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ (cf. LG, n. 10).
- d) L’expérience des réunions synodales a permis d’apprécier l’écoute comme principe de l’Église synodale et la volonté d’écouter comme attitude nécessaire à la maturation d’un style et d’une forme d’Église synodale. Cette volonté de rencontre et de dialogue a été particulièrement forte avec ceux et celles avec lesquels nous sommes unis par le même Baptême, et donc dans une perspective œcuménique.
- e) Grâce à ce cheminement synodal, l’Église a pu faire l’expérience directe que les différences qu’elle porte sont comprises par beaucoup comme une source de division et de polarisation. Les multiples poussées et tensions qui traversent le corps ecclésial, si elles sont acceptées dans le respect de l’autre, peuvent représenter un défi pour reconstruire la communion et une manière d’accomplir la mission ensemble, sans tomber dans des oppositions stériles. C’est pourquoi une Église synodale est une Église de discernement.
- f) Le cheminement synodal nous a également mis en contact avec « l’appréhension salutaire de l’incomplétude » (IL, n. 29), comme un don et non comme un problème. Une Église synodale est consciente d’être confrontée au mystère inépuisable et saint de Dieu.
- g) Dans cette ligne, l’expérience de nombreuses Églises a mis en évidence la fécondité de la conversation dans l’Esprit comme méthode et instrument qui permet la rencontre entre frères et sœurs à partir de l’écoute de la Parole de Dieu. La prise de parole de chacun et l’expression des résonances qu’elle suscite chez les autres ouvrent l’acceptation mutuelle à l’écoute de la voix de l’Esprit, afin de comprendre les pas à faire pour continuer à « marcher ensemble ».
- h) La liturgie, en particulier l’Eucharistie, est l’aliment et l’inspiration d’une Église synodale : elle lui offre un espace où vivre la rencontre des sœurs et des frères convoqués par le Père, le Fils et l’Esprit autour de l’unique table, dans une action chorale où la variété des vocations, des charismes et des ministères trouve l’harmonie et non l’uniformité. La liturgie projette l’Église vers l’horizon eschatologique de la communion définitivement accomplie, en direction de laquelle nous marchons ensemble.
Question de discernement
À partir du parcours de l’Église locale dont chacun est issu et du contenu de l’Instrumentum laboris, quels sont les traits distinctifs d’une Église synodale qui apparaissent plus clairement et quels sont ceux qui doivent être davantage reconnus, mis en valeur ou approfondis ?
Suggestions pour la prière et la réflexion préparatoire
1) En repensant au déroulement du parcours synodal dans l’Église dont je suis issu, quelle est la tonalité spirituelle dominante qui le caractérise ? Quelles émotions et quels sentiments a-t-il suscité chez les participants ? Quels désirs a-t-il suscité dans la communauté chrétienne ? Quelles préoccupations sont apparues ?
2) Comment pouvons-nous grandir dans un style synodal de célébration liturgique, qui mette en valeur la contribution distinctive de tous les participants, à partir de la variété des vocations, des charismes et des ministères qu’ils portent ?
3) Dans l’Église locale d’où je viens, comment avons-nous utilisé et adapté la méthode de la conversation dans l’Esprit ? Quels sont les principaux fruits qu’elle nous a permis de récolter ? Comment peut-elle continuer à nous aider à grandir en tant qu’Église synodale missionnaire ?
4) Qu’avons-nous appris sur l’écoute en tant que caractéristique d’une Église synodale ? A cet égard quelles ressources avons-nous découvert de posséder ? Où percevons-nous des lacunes ? De quoi avons-nous besoin pour les combler ? Comment la capacité d’écoute peut-elle devenir une caractéristique de plus en plus reconnue et reconnaissable de nos communautés ?
5) « Une Église synodale favorise le passage du “je” au “nous” » (IL, n. 25). Comment le Synode a-t-il favorisé la cohésion de l’Église locale d’où je viens ? Comment nous a-t-il aidés à expérimenter « le plaisir spirituel d’être un peuple » (cf. Evangelii gaudium, n. 268- 274) ? Comment pouvons-nous grandir dans cette dimension ?
6) Au cours du chemin synodal, avons-nous rencontré des membres d’autres Églises ou Communautés ecclésiales ? Et des croyants d’autres religions ? Quelle a été la tonalité spirituelle de ces rencontres ? Qu’avons-nous appris en vue de grandir dans notre désir et notre capacité de cheminer avec eux ?
7) Dans l’Église locale d’où je viens, quelles sont les tensions qui sont apparues le plus fortement ? Comment avons-nous essayé de les gérer pour qu’elles ne deviennent pas explosives ? Comment évaluons-nous cette expérience ? Quelles indications avons-nous recueillies pour grandir dans la capacité de gérer les tensions sans se laisser écraser par elles, ce qui est le propre d’une Église synodale ?
8) Dans l’Église locale d’où je viens, quelles expériences de discernement en commun avons-nous vécues ? Qu’est-ce qu’elles nous ont permis de découvrir ? Dans quelle direction devons-nous continuer à grandir ?