L’Esprit Saint est le protagoniste de la vie ecclésiale : le plan du salut pour la famille humaine s’accomplit par la grâce de l’Esprit
Que l’on considère le passé : les bénédictions des Patriarches, l’aide fournie par la Loi, les types, les prophéties, les actions d’éclat à la guerre, les miracles accomplis par les justes, ou les dispositions relatives à la venue du Seigneur dans la chair, tout fut réalisé par l’Esprit. D’abord, il fut avec la chair du Seigneur, puisqu’il s’en fit l’onction et qu’il en était inséparable, selon ce qui est écrit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et se poser, c’est mon fils bien-aimé (Jn 1,33 ; Lc 3,22), et : Jésus de Nazareth, que Dieu a oint de l’Esprit Saint (Ac 10,38). Ensuite, toute l’activité même quand il fut tenté par le diable […] quand il accomplissait ses miracles […] Après la résurrection d’entre les morts, il ne l’a pas quitté. Quand, pour renouveler l’homme, et lui rendre la grâce du Souffle de Dieu, qu’il avait perdue, le Seigneur souffla sur la face des disciples, qu’a-t-il dit, en effet ? Recevez l’Esprit Saint ; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus (Jn 20,22-23). Et l’organisation de l’Église ? N’est-il pas évident, sans contredit, que c’est œuvre de l’Esprit ? C’est lui qui a donné à l’Église, au dire de saint Paul, premièrement des Apôtres, deuxièmement des Prophètes, troisièmement des Docteurs ; viennent ensuite les miracles, puis le don de guérir, celui d’assister, de gouverner, de parler diverses langues (1Cor 12,28). Cet ordre-là est arrangé suivant la diversité des dons de l’Esprit. (Bas., Spir. 16,39,4-32).
a. L’Esprit Saint déclenche dans la communauté ecclésiale un dynamisme profond et varié : le « remue-ménage » de la Pentecôte
Mais la venue de l’Esprit se réalise également à la troisième heure, comme nous l’apprenons dans les Actes des Apôtres, lorsque, une fois que les Pharisiens se moquaient des disciples à cause de l’énergie multiforme des langues, Pierre dit que ceux qui disent ces choses-là ne sont pas ivres. C’était en effet la troisième heure (Bas., Sermo asceticus 13 ; PG31,877,24).
b. L’Esprit Saint est le compositeur harmonique de l’histoire du salut : l’harmonie ne signifie pas la synthèse, mais un lien de communion entre des parties dissemblables.
Mais Dieu, avant qu’existât rien de ce que nous voyons maintenant, avait projeté et résolu d’amener à l’existence ce qui n’était pas encore ; tout à la fois, il conçut quel devait être le monde, et avec la forme Il produisit la matière qui serait en harmonie avec elle. Au ciel Il assigna une nature qui lui convînt ; à la forme de la terre Il donna l’être particulier qui lui était dû. Le feu, l’eau et l’air, Il les conforma à sa volonté, et les amena à l’existence comme le réclamait la raison profonde de chacun d’eux. L’ensemble du monde, composé de parties dissemblables, Il le lia étroitement par la loi d’une indissoluble amitié, en une communion et harmonie [telles] que les êtres les plus distants les uns des autres, eu égard à la place qu’ils occupent, parussent unis para la même sympathie. (Bas., hex. 2,2,49-61).
– L’Église : une seule harmonie de plusieurs voix réalisée par l’Esprit Saint
Voix de nations sur les montagnes, semblable à la voix de nombreuses nations, voix des rois et des nations rassemblées (Is 13,4). La voix de nombreuses nations sur les montagnes c’est probablement l’Église. C’est pourquoi elle a été choisie comme montagne plane, afin que l’assemblée de la multitude de ceux qui s’élèvent à la hauteur de la connaissance de Dieu dispose d’un espace libre. Vois-tu alors sur la montagne plane une multitude de gens rassemblés, provenant de nombreux endroits, qui parlent d’une seule voix de foi. Et l’Esprit Saint dit par le prophète : Voix de nombreuses nations sur les montagnes où le signe fut élevé, comme la voix de nombreuses nations. Cette voix est unique, pourtant, elle est semblable à nombreuses voix de nations. Unique, donc, conformément à l’harmonie de la foi, mais semblable à de nombreuses voix, parce qu’elle a été distribuée en langues de feu par l’Esprit Saint sur chacun des apôtres qui allaient semer l’Évangile dans les nations du monde entier (Bas., In Is. 13,259 : PG 30, 573B).
– L’Esprit Saint est à l’origine de l’harmonie entre les Églises : Basile à ses frères évêques d’Occident
Donc de même que nous considérons comme un bien qui nous est propre votre concorde et votre union mutuelle, de même nous vous prions de compatir à nos dissensions ; et n’allez pas, à cause de la distance qui sépare nos pays, nous écarter de vous, mais, puisque nous sommes unis par la communion selon l’Esprit, recevez-nous dans l’harmonie d’un seul corps. (Bas., ep. 90,1,26-32).
c. L’Esprit Saint nous conduit par la main et nous console
Attends affliction sur affliction, espérance sur espérance ; encore un peu, encore un peu (Is 28,10). C’est ainsi que l’Esprit Saint sait consoler ses enfants par la promesse de ce qui doit venir. En effet, aux afflictions succède l’espérance, et ce que nous espérons est tout proche. (Bas., ep. 140,1,34-38).
– L’action consolatrice de l’Esprit Saint est illustrée par l’aubergiste, à qui l’on confie l’homme qui est tombé aux mains des brigands (cf. Lc 10, 25-37)
… c’est pourquoi cette rosée de Dieu nous est nécessaire pour que nous ne soyons pas consumés ni rendus stériles et pour que, là où nous avons un accusateur, nous ayons aussi un Défenseur. Car le Seigneur a confié à l’Esprit Saint l’homme, son propre bien, qui était tombé entre les mains des brigands, cet homme dont il a eu compassion et dont il a lui-même bandé les blessures, donnant deux deniers royaux pour que, après avoir reçu par l’Esprit l’image et l’inscription du Père et du Fils, nous fassions fructifier le denier qui nous est confié et le remettions au Seigneur ainsi multiplié. (Iren. haer. 3,17,3).
– Celui qui nous garde est l’Esprit Saint
Alors, quand l’âme porte du fruit digne des greniers éternels (cf. Mt 3,12), [l’Esprit] demeure auprès d’elle, la garde et l’éloigne des embûches du sanglier des forêts (cf. Ps 74,14). (Bas., In Is I,20, 152C-153A).
– L’exercice paraclétique de l’Esprit Saint
L’Esprit Saint rencontre un collecteur d’impôts qui a la foi et en fait un évangéliste (cf. Mt 9,9) ; s’il rencontre un pêcheur, il en fait un théologien (cf. Mt 4,19) ; s’il rencontre un persécuteur repenti, il le transforme en apôtre des nations, en héraut de la foi, en vase d’élection (cf. Ac 9,15). Par l’Esprit, les faibles deviennent forts, les pauvres deviennent riches, les rudes et incultes deviennent plus sages que les sages. Paul était faible, grâce à la présence de l’Esprit, ses propres vêtements apportaient la guérison à ceux qui les recevaient (cf. Ac 19,12). Et Pierre lui-même avait un corps enveloppé de faiblesse, mais par la grâce de l’Esprit Saint qui habitait en lui, l’ombre qui sortait de son corps mettait en fuite les maladies de ceux qui étaient affaiblis (cf. Ac 5,15). Pierre et Jean étaient pauvres, ils n’avaient ni de l’argent ni de l’or (cf. Ac 3,6), mais ils conféraient une santé plus précieuse que beaucoup de pièces d’or. Ce boiteux-là, après avoir reçu l’or des hommes à plusieurs reprises, resta toujours un mendiant, mais après avoir reçu le bienfait de Pierre, il cessa de mendier, bondissant comme un faon et louant Dieu. Jean ne connaissait guère la sagesse du monde, pourtant, par la puissance de l’Esprit, il prononça des paroles qu’aucune sagesse ne peut regarder en face. L’Esprit est au ciel, il a rempli la terre, il est partout présent et nulle part contenu. Il habite entièrement en chacun et est entièrement en Dieu. Il accomplit le service d’accorder ses dons, mais il n’exerce pas la fonction de serviteur, il distribue ses grâces de sa propre autorité. En effet, il distribue — nous dit l’Écriture — ses dons à chacun en particulier selon sa volonté (1 Co 12,11). Il est envoyé selon le plan de la rédemption, mais il agit de manière indépendante. Invoquons-le afin qu’il soit présent dans nos âmes et qu’il ne nous abandonne en aucune circonstance, par la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen. (Bas., de fide 3).
d. L’Esprit Saint est celui qui fait de nous une Église
Écoutez ceci, tous les peuples, tendez l’oreille, vous tous les habitants de l’univers, roturiers et nobles, riches et pauvres, tous ensemble (Ps 49 [48] 2, 3). En effet, celui qui, nous appelant des lieux les plus divers, crée l’unité, fait de nous l’Église et convoque tout le monde par l’annonce, c’est le Paraclet, l’Esprit de vérité (Jn 14, 17), qui rassemble tous ceux qui sont sauvés par les prophètes et les apôtres ; car son annonce se répand sur toute la terre et ses paroles vont jusqu’aux extrémités du monde (Ps 18, 5) ; c’est pourquoi il dit : Écoutez ceci, tous les peuples, vous tous les habitants de l’univers (Ps 49 [48] 2). C’est pourquoi l’Église est également composée d’hommes de conditions très différentes, afin que personne ne soit exclu du bénéfice (Bas., in Ps 48 : PG 29,433,9-18).
Ainsi l’Esprit est-il vraiment le lieu des saints ; et le saint est pour l’Esprit un lieu propre, puisqu’il s’offre à habiter avec Dieu et se nomme son temple. (Bas., Spir. 26,62,22-24).
– L’ingratitude et l’indocilité attristent l’Esprit Saint qui habite en nous
Ne va donc pas, parce que l’Esprit est en toi – s’il est vraiment en toi– ni parce que nous, les aveugles, il nous enseigne à choisir ce qui est profitable et nous guide, ne va pas porter atteinte à la conception pieuse et sacrée que nous nous faisons de lui. Ce serait certes le comble de l’impudence de faire de l’amour du bienfaiteur pour les hommes un motif d’ingratitude ! Ne contristez donc pas l’Esprit-Saint (Ép 4,30). Entendez ce que disait Étienne, le premier des martyrs, lorsqu’il reprochait au peuple son indocilité et son insoumission : Vous toujours, vous résistez à l’Esprit Saint (Ac 7,51), et Isaïe : Ils irritèrent l’Esprit-Saint, alors il devint leur ennemi (Is 63,10) ; ailleurs : La maison de Jacob a irrité l’Esprit du Seigneur (Ps 105,32). (Bas., Spir. 19,50,5-17)
– Les paroles vides attristent l’Esprit Saint
Question 23 : À partir de quel moment un discours peut-il être jugé comme une médisance, comme un murmure mauvais ? En général, toute parole qui ne contribue pas à la réalisation de ce que nous devons accomplir dans le Seigneur est inutile. Et le danger d’une telle parole est si grand que, si bonne soit-elle, si elle n’est pas ordonnée à l’édification de la foi, celui qui a parlé n’évite pas le danger par le fait que cette parole soit bonne, mais contriste l’Esprit Saint par le fait que ce qui est dit n’est pas ordonné à l’édification. L’Apôtre nous l’a clairement enseigné lorsqu’il a dit : Aucune parole mauvaise ne doit sortir de votre bouche, mais plutôt toute bonne parole capable d’édifier et de faire du bien à ceux qui l’entendent (Ép 4,29), et il ajoute : Ne contristez donc pas l’Esprit Saint de Dieu dont vous avez été marqués (Ép 4,30). Est-il nécessaire de dire quel grand mal c’est que de contrister l’Esprit Saint de Dieu ? (Bas., reg. brev. 23 : PG 31, 1098D-1100A).
Voilà ce que tu dois enseigner, en déclarant solennellement devant Dieu qu’il faut éviter les querelles de mots : elles ne servent à rien, sinon à perdre ceux qui les écoutent (2 Tm 2,14) … Évite les discussions folles et absurdes ; tu sais bien qu’elles engendrent des querelles (2 Tm 2,23). On ne doit guère proférer un discours inutile dont on ne puisse tirer aucun profit. En effet, même le fait de parler ou de faire le bien, mais non pour l’édification de la foi, c’est contrister l’Esprit Saint de Dieu. (Bas., reg. mor. 25, PG 31, 744B).
… car le Seigneur n’a pas admis qu’on puisse échapper à la condamnation lorsqu’on prononce simplement une parole oiseuse, et il présente avec plus de force la condamnation de la paresse grâce à l’exemple de l’homme qui avait conservé son talent tel quel sans le faire fructifier ; et de son côté, l’Apôtre nous a enseigné que même celui qui profère la bonne parole attriste l’Esprit Saint s’il ne la dirige pas vers l’édification de la foi. Aussi, devons-nous faire attention à la condamnation portée contre celui qui mange et boit indignement. (Bas., Bapt. I,3: PG 31, 1577BC).
e. L’Esprit Saint nous confirme dans la foi
Par la Parole du Seigneur les cieux furent affermis, et par le Souffle de sa bouche toute leur puissance (Ps 32,6) … Le chiffre trois te vient donc à l’esprit : le Seigneur qui ordonne, la Parole qui crée, le Souffle qui affermit. Mais qu’est-ce qu’affermir, sinon parfaire en sainteté, le mot désignant à coup sûr le fait d’être ferme, immuable et solidement fixé dans le bien ? Or, pas de sainteté sans l’Esprit. (Bas., Spir. 16,38,37-42).