Benoîte Rencurel, messagère de la réconciliation © sanctuaire-notredamedulaus.com 

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Les dialogues savoureux de Benoîte Rencurel avec le bel Ange

Les apparitions du Laus, catéchèse sur les anges gardiens

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La vénérable Benoîte Rencurel (1647-1718), petite bergère favorisée par les apparitions de la Vierge Marie au Laus, près de Gap (France), depuis ses 17 ans, et jusqu’à sa mort, à 71 ans, a aussi été favorisée par la présence de son ange gardien et d’autres anges, et par celle de plusieurs saints, dont saint Joseph. Une proximité des anges tout à fait éclairante, en ce jour de la fête des saints Anges gardiens. Et source pour elle d’une vraie joie intérieure, jusqu’à son dernier souffle.

Des apparitions documentées et authentifiées

Dans “Prier avec Benoîte Rencurel”, le p. René Combal cite ce témoignage d’un prêtre, Jean-Baptiste Royère, présent au chevet de Benoîte, qui a reçu le sacrement des malades (p. 101) : « Levant les yeux vers le ciel, entre les bras de ses nièces et la venue des Anges qu’elle donnait à connaître par son visage riant, elle décéda joyeusement. Et son âme, selon qu’on le peut pieusement croire, fut portée dans le ciel par les esprits bienheureux. »

Le procès en béatification de Benoîte Rencurel a été ouvert à Rome, et elle a été reconnue « vénérable » par le pape Benoît XVI, le 3 avril 2009 : la Congrégation pour les causes des saints a en effet établi que la voyante du Laus a vécu les vertus humaines et chrétiennes de façon “héroïque”.

La Vierge Marie apparaît donc à Benoîte pendant 54 ans : elle l’éduque et l’accompagne tout au long de sa vie. Mais la Reine des Anges permet aussi à son Ange gardien de l’accompagner, de la guider, de la garder. Le 4 mai 2008, le caractère surnaturel de ces apparitions a été reconnu par Mgr Jean-Michel di Falco, alors évêque de Gap et d’Embrun.

Le p. Combal et François de Muizon précisent dans “Le Trésor. Histoire et spiritualité de Notre-Dame du Laus” (Salvator, p. 101) : « En 1664 et au début de l’année 1665, les apparitions de la Vierge Marie sont quotidiennes et rares celles du Bel Ange. Entre 1665 et 1673, celles-ci s’équilibrent : une cinquantaine de l’Ange contre une quarantaine de Marie. Par la suite et jusqu’à la mort de Benoîte, le Bon Ange est plus souvent “présent” que la Sainte Vierge. »

Les parfums du Laus

Ils précisent : « Les rencontres avec Dame Marie et le Bel Ange sont de divers types. Il s’agit soit d’apparitions, ce qui signifie que Benoîte les voit, soit de “présences”, sans qu’ils se montrent. Elle sait qu’ils sont là grâce aux odeurs qu’elle sent et reconnaît. »

Les bons parfums de Marie, des Anges, des Saints, du Christ, perçus par Benoîte, sont une des caractéristiques des apparitions du Laus. Aujourd’hui encore des pèlerins témoignent avoir eux-mêmes senti un parfum délicat qui n’est pas d’origine naturelle.

« Les contacts, continue la même source, ne s’accompagnent pas toujours de paroles : ils peuvent être silencieux. Le Bon Ange conseille un jour à Benoîte : “Disposez-vous, ma sœur, par des prières, à recevoir la visite de Dame Marie.” (…). Une grande intimité s’établit entre elle et cet ange. Lorsqu’il entre un jour dans sa chambre, alors qu’elle n’est pas encore habillée pour la journée, elle s’écrie : « Bon Ange, attendez, s’il vous plaît ! » Et elle lui demande de sortir ».

Favorisée par cette présence angélique, Benoîte confie pourtant un jour qu’elle reçoit “plus de joie” en une seule visite de la Sainte Vierge que si elle voyait “tous les anges du paradis” (ibid. p. 103).

Le p. Combal fait en effet observer que « Benoîte ne rencontre pas seulement le Bel Ange, son divin gardien. Bien d’autres anges lui apparaissent tout au long de sa mission. Elle prie avec eux. Elle chante en leur compagnie. Elle processionne… Il est arrivé une fois (1673) qu’elle prenne dans ses bras un angelot qui accompagnait Dame Marie, comme celle-ci lui a demandé ».

En fait, elle ne perçoit pas seulement un parfum qui les identifie, « elle parle de la “musique des anges”, des mélodies extraordinaires qu’elle entend “plus de cent fois ». Cette musique est aussi indescriptible que les bonnes odeurs. Ces concerts se sont déroulés la plupart du temps dans sa chambre. La Bergère semble vivre avec les anges. Elle fait, à leurs côtés, des expériences aussi singulières que merveilleuses” (p. 111).

Une catéchèse eucharistique

Le p. Combal cite les manuscrits du Laus, qui rapportent cet épisode angélique significatif pour le culte de Jésus Eucharistie. L’ange commande Benoîte (p. 112) : « En 1667, un ange avertit Benoîte de dire aux prêtres de nettoyer le tabernacle, ce qu’ils négligent. S’étant enfermée dans la chapelle comme elle en a l’habitude, l’ange lui apparaît et lui commande d’allumer deux cierges, puis de les mettre dans la crédence. Il ouvre le tabernacle, fait une profonde révérence, prend le tabernacle et l’enveloppe dans un voile. Il en retire le ciboire contenant les hosties et le pose sur l’autel. L’Ange et Benoîte se saisissent du tabernacle et le déposent par terre. Benoîte remarque : « Vous êtes si petit et vous portez un si lourd fardeau !L’Ange se met à rire. Ensemble, ils chassent les araignées qui sont à l’intérieur (…). Quand le tabernacle est correctement nettoyé, ils le replacent où il était. L’ange prend ensuite le ciboire et le corporal. Il les remet là où ils se trouvaient avec le voile. Il manifeste un profond respect en faisant une nouvelle révérence. »

Le respect de l’Eucharistie est aussi manifesté par un ange, le 15 mai 1674, et c’est toujours pour Benoîte, une intervention sous le signe de la joie intérieure : « En donnant la communion, un prêtre étranger au sanctuaire fait tomber par mégarde une hostie. Il ne s’en aperçoit pas. Un ange la ramasse et la replace dans le ciboire, sans que personne ne le remarque (…). Seule Benoîte observe l’intervention de l’ange. Elle ressent une joie si extraordinaire qu’elle est incapable de la contenir. On lui demande d’où vient cette si grande manifestation de bonheur. Elle en avoue la raison et en rend très humblement grâce à Dieu. Le prêtre fait de même. »

Les anges ont aussi mission de permettre que Benoîte s’approche de la communion eucharistique. “Le jour de la fête de Notre Dame des Anges, le 2 août 1700, Benoîte voit deux anges sur l’autel de la chapelle de Bon-Rencontre, qui lui disent : « C’est aujourd’hui une grande fête, voudriez-vous communier ? » Benoîte répond : « Hélas ! Comment le pourrais-je alors qu’il n’y a personne pour me confesser ? » L’ange déclare : « Qu’importe, vous n’avez pas commis de péché qui vous empêcheraient de communier. Je vais vous donner la communion. Allumez les cierges, approchez-vous de l’autel, prenez la nappe et mettez-vous à genoux”. » (pp. 119-120). On pense à la communion des pastoureaux de Fatima de la main de l’Ange.

Autre joli épisode également en relation avec l’amour de l’eucharistie. Un jour, Benoîte ne trouve plus son beau chapelet. L’ange lui apparaît et lui avoue que c’est lui qui le lui a pris et l’a placé dans le tabernacle, car Benoîte est trop attachée à son chapelet. L’ange dirige son amour vers la Présence du Christ dans l’Eucharistie.

Les paroles et la musique des anges

Un jour, c’est Benoîte qui commande aux anges … de se taire : « En 1676, Dame Marie apparaît à Benoîte avec ses anges, qui lui parlent de divers sujets. Benoîte est tellement impatiente d’entendre la Sainte Vierge qu’elle s’écrie : « Taisez-vous, beaux anges ! Laissez parler la Bonne Mère ! » Un ange lui répond : « Je ne parle que sur son ordre. » Marie se met à rire et adresse la parole à Benoîte » (p. 114).

Parfois, les anges se manifestent sous forme de doux oiseaux (pp. 117-118) : « Alors qu’elle se trouve dans sa chambre, Benoîte entend chanter au-dessus de sa tête quatre oiseaux ou davantage encore, de façon très mélodieuse et infiniment plus agréable et plus divertissante que les oiseaux de la terre. Elle est emplie d’une joie incommensurable. Parfois ils chantent les litanies de la Passion de Jésus. Ces oiseaux ont la grosseur d’un moineau ou d’un chardonneret. Les uns ont le plumage rouge, les autres blanc, d’autres sont de toutes les couleurs. Leur odeur est très douce, mais il s’en faut de beaucoup qu’elle soit aussi suave que celle de Dame Marie ou de Jésus. Un jour de février 1689, elle voit une troupe d’oiseaux si nombreux qu’elle ne saurait le dénombrer. Ils sont de toutes les couleurs et volent dans sa chambre qu’ils parfument d’excellentes odeurs. Ils chantent pendant six heures les litanies de Jésus. Benoîte fut si charmée qu’elle ne savait plus si elle était dans ce monde ou dans l’autre. Le Bel Ange lui confiera plus tard que ces oiseaux sont des anges du ciel que Jésus et Marie lui envoient pour la consoler de ses afflictions. »

“Dieu ne veut pas que vous vous fassiez du mal”

Le p. Ludovic Frère, ancien recteur, a pu rassembler dans un joli petit volume, publié aux Éditions du Laus, des anecdotes significatives sur la relation entre Benoîte et le Bel Ange ou les anges.

Un jour, alors que Benoîte a l’habitude de s’infliger des pénitences corporelles, elle ne trouve plus ses instruments de torture (dont une jolie chaîne cloutée !). Le Bel Ange lui apparaît et avoue : “C’est moi qui vous les ai pris.” Interloquée, Benoîte ne comprend pas. L’Ange lui déclare : “Dieu ne veut pas que vous vous fassiez du mal.” Et le p. Frère souligne que certes, aujourd’hui, le temps de ce genre de pénitences corporelles semble passé, mais que les baptisés s’infligent parfois intérieurement de vraies tortures par leurs pensées. Il invite à ses souvenir de la parole de l’Ange : “Dieu ne veut pas que vous vous fassiez du mal.” Aujourd’hui, le Bel Ange inviterait probablement à chasser avec décision ces pensées qui torturent le cœur.

Mais les messages de l’Ange sont souvent en lien avec la mission de Benoîte, de servir les pèlerins, les prêtres confesseurs – on l’a vu plus haut -, d’aider chacun à s’approcher de Dieu. Parfois la mission est mal commode… Benoîte est avertie qu’elle doit aller faire dire à un évêque qu’il doit revenir se confesser : sa confession n’a pas été… complète. Ou une jeune élégante dit qu’elle aura “tôt fait” sa confession. Benoîte, éclairée intérieurement sur l’état de son âme, lui applique une petite correction fraternelle pour qu’elle se confesse sérieusement : “Vous avez plus de péchés que de plis à votre robe.”

Tant d’autres anecdotes qui attestent la simplicité et la force intérieure de la Bergère devenue voyante au Laus, enseignée par les anges.

On se souviendra peut-être qu’au début des apparitions, Marie demande un jour à Benoîte sa chèvre. Et Benoîte protestera qu’elle en a besoin. Et la refusera. Mais c’est en fait toute sa vie qu’elle donnera à la Vierge Marie et à la mission qu’elle lui a confiée au Laus. Et qui se prolonge jusqu’à aujourd’hui.

Le récit des apparitions se trouve sur le site du sanctuaire.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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