La croix des JMJ lors de la cérémonie d’accueil © Vatican Media

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Discours du pape François à la cérémonie d’accueil au Parc Édouard VII

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Appelés parce qu’aimés (texte intégral)

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Après quelques tours de papamobile parmi les jeunes, à 17h45, la cérémonie d’accueil a commencé par un chant et un bref message de bienvenue du patriarche de Lisbonne, Son Éminence le cardinal Manuel Clemente. Elle a été suivie par le programme d’accueil des jeunes, l’entrée des drapeaux, de la croix et de l’icône des JMJ.

Après les rites d’introduction, la prière et la lecture d’un passage de l’Évangile, le pape a prononcé son discours.

Enfin, après la récitation des litanies et du Notre Père, la bénédiction finale et le moment du départ, le pape François est rentré en voiture à la Nonciature apostolique de Lisbonne où il a dîné en privé.

Nous publions ci-dessous le discours dans son intégralité que le Saint-Père a prononcé lors de la cérémonie d’accueil des jeunes au Parc Édouard VII et découvrez quelques minutes en vidéo de son discours, par ce lien.

Chers jeunes, bonsoir !

Bienvenue et merci d’être là, je suis heureux de vous voir ! Et aussi d’entendre le beau vacarme que vous faites et d’être contaminé par votre joie. Il est bon d’être ensemble à Lisbonne : vous avez été appelés par moi, par le patriarche que je remercie pour ses paroles, par vos évêques, vos prêtres, vos catéchistes et vos animateurs. Remercions-les et applaudissons-les ! Mais c’est surtout Jésus qui vous a appelés : remercions-le !

Chers amis, vous n’êtes pas ici par hasard. Le Seigneur vous a appelés, non seulement ces jours-ci, mais depuis le début de votre vie. Oui, il vous a appelés par votre nom. Appelés par votre nom : essayez d’imaginer ces trois mots écrits en grosses lettres ; ensuite pensez qu’ils sont écrits en vous, dans vos cœurs, comme pour former le titre de votre vie, le sens de ce que vous êtes : tu es appelé par ton nom, tu es appelé par ton nom, je suis appelé par mon nom. Au début de la trame de la vie, avant les talents que nous avons, avant les ombres et les blessures que nous portons en nous, nous sommes appelés. Appelés parce qu’aimés. Aux yeux de Dieu, nous sommes des enfants précieux, qu’Il appelle chaque jour pour les étreindre et les encourager ; pour faire de chacun de nous un chef-d’œuvre unique et original, dont nous ne pouvons qu’entrevoir la beauté.

Au cours de ces Journées mondiales de la jeunesse, aidons-nous mutuellement à reconnaître cette réalité essentielle : que ces journées soient des échos vibrants de l’appel à l’amour de Dieu, parce que nous sommes précieux à ses yeux, en dépit de ce que nos yeux voient parfois, obscurcis par la négativité et éblouis par beaucoup de distractions. Que ce soient des journées où ton nom, à travers les frères et les sœurs de nombreuses langues et nations qui le prononcent avec amitié, résonne comme une nouvelle unique dans l’histoire, parce que la palpitation de Dieu pour toi est unique. Puissions-nous durant ces journées fixer en nos cœurs le fait que nous sommes aimés tels que nous sommes. C’est cela le point de départ des JMJ, mais surtout de la vie.

Appelés par votre nom : ce n’est pas une manière de dire, c’est la Parole de Dieu (cf. Is 43, 1 ; 2 Tm 1, 9). Cher ami, si Dieu t’appelle par ton nom, cela signifie que pour Lui tu n’es pas un numéro, mais un visage. Je voudrais te faire remarquer une chose : beaucoup aujourd’hui connaissent ton nom, mais ne t’appellent pas par ton nom. Ton nom est connu, il apparaît sur les réseaux sociaux, il est traité par des algorithmes qui lui associent des goûts et des préférences. Mais tout cela ne met pas en jeu ton unicité, seulement ton utilité pour les études de marché. Combien de loups se cachent derrière des sourires de fausse bonté, qui disent savoir qui tu es mais ne t’aiment pas, insinuent qu’ils croient en toi et te promettent que tu deviendras quelqu’un, pour ensuite te laisser seul quand tu ne les intéresses plus. Ce sont les illusions du virtuel, et nous devons veiller à ne pas nous laisser tromper, car beaucoup de réalités qui nous attirent et nous promettent le bonheur se révèlent ensuite pour ce qu’elles sont : des choses vaines et superflues, des succédanés qui nous laissent vides à l’intérieur. Jésus non : Il a confiance en vous, pour Lui tu comptes.

C’est pourquoi nous, son Église, sommes la communauté des appelés : non pas des meilleurs – non, absolument pas – mais des convoqués, de ceux qui accueillent, avec d’autres, le don d’être appelés. Nous sommes la communauté des frères et sœurs de Jésus, fils et filles du même Père. Dans les lettres que vous m’avez adressées – elles sont magnifiques, merci ! – vous dites : « Cela me fait peur de savoir qu’il y a des gens qui ne m’acceptent pas et qui ne pensent pas qu’il y a une place pour moi. […] Je me demande même s’il y a une place pour moi ». Et encore : « Je sens que dans ma paroisse, il n’y a pas de place pour l’erreur ». 

Chers amis, je voudrais être clair avec vous qui êtes allergiques aux mensonges et aux paroles creuses : il y a de la place pour tout le monde dans l’Église, et s’il vous plaît, quand il n’y en a pas, faisons en sorte qu’il y ait, même pour ceux qui se trompent, pour ceux qui tombent, pour ceux qui peinent. Parce que l’Église est, et doit toujours être davantage, cette maison où résonne l’écho de l’appel par son nom que Dieu adresse à chacun. Le Seigneur ne pointe pas du doigt, mais tend les bras : Jésus nous le montre sur la croix. Il ne ferme pas la porte, mais invite à entrer ; il ne tient pas à distance, mais accueille. En ces journées, nous transmettons son message d’amour, qui libère le cœur et laisse une joie qui ne s’éteint pas. Comment ? En appelant les autres par leur nom. Demandez le nom de ceux que vous rencontrez et prononcez le nom des autres avec amour, en ajoutant sans avoir peur : « Dieu t’aime, Dieu t’appelle. » Rappelez-vous mutuellement que vous êtes précieux. N’ayez pas peur de vous dire aussi les uns aux autres : « Frère, sœur, il est beau que tu existes. » Croyez-vous à cela ? Êtes-vous d’accord ?

Vous aussi, ce soir, vous m’avez posé des questions, beaucoup de questions. Poser des questions, c’est bien, c’est même souvent mieux que de donner des réponses, parce que celui qui pose des questions reste « inquiet » et l’inquiétude est le meilleur remède contre l’habitude, contre cette normalité plate qui anesthésie l’âme. Je voudrais donc vous inviter à faire une deuxième chose durant ces journées : les questions que vous avez en vous, celles qui sont importantes, qui concernent vos rêves, vos affections, vos plus grands désirs, l’espérance et le sens de la vie, ne les gardez pas pour vous, mais adressez-les à Jésus. Appelez-le par son nom, comme Il le fait avec vous. Apportez-lui vos interrogations et confiez-lui vos secrets, la vie de vos proches, les joies et les soucis et même les problèmes de vos pays et du monde. Vous découvrirez alors quelque chose de nouveau, de surprenant : lorsqu’on demande au Seigneur, lorsqu’on lui ouvre le cœur chaque jour, lorsqu’on prie vraiment, un bouleversement intérieur se produit. Ce qui se passe, c’est que, dans le dialogue de la prière, Dieu te prend à contrepied : tu poses des questions et Il ne te donne pas de réponses simples, parce qu’Il n’est pas un moteur de recherche, mais le véritable Ami. Au contraire, Il te fait, Lui aussi, des demandes : tu Lui demandes ce dont tu as besoin et tu commences à sentir en toi d’autres questions, les siennes qui touchent les nerfs à vif de l’âme et te provoquent au bien, qui t’attirent vers un amour plus grand et portent ton cœur à se dilater. C’est ainsi que Dieu entre en dialogue avec nous et nous fait mûrir dans ce qui compte vraiment : donner sa vie.

C’est ce qui s’est passé dans l’Évangile que nous avons écouté : les disciples, qui n’étaient pas avec Jésus depuis longtemps, étaient là à attendre des réponses. Et que fait-Il ? Il les prend à contrepied et les envoie en mission. Il les envoie, sans préparation adéquate, sans sécurité, sans « sac, ni besace, ni sandales » : il leur fait tellement confiance qu’il les envoie « comme des agneaux au milieu des loups » (Lc 10, 3.4). De même, Jésus place la même confiance en vous. Les disciples sont revenus tout heureux de l’aventure de la mission. Chers amis, il y a un bonheur que Jésus a préparé pour vous, pour chacun de vous : il ne vient pas de l’accumulation des choses, mais de la mise en jeu de votre vie. À vous aussi, le Seigneur dit : « va, car il y a un monde qui a besoin de ce que toi et toi seul peux lui donner ». Tu pourrais objecter : « Mais qu’est-ce que je peux apporter aux autres ? » Une seule chose, une nouvelle merveilleuse, la même que celle qu’Il a donnée à ses disciples : « Dieu est proche » (cf. Lc 10, 9). C’est la perle précieuse de l’existence. Tout le monde a besoin de savoir que Dieu est proche, qu’il attend un petit signe du cœur pour émerveiller notre vie.

Mais vous pourriez encore rétorquer : « Je ne suis pas capable, j’ai peur, je n’ai pas confiance. » Nous avons tous nos peurs, là n’est pas la question : nous sommes humains. La question est de savoir ce qu’il faut faire des peurs que nous avons. Dieu nous appelle justement au milieu de nos peurs, de nos fermetures et de nos solitudes. Il n’appelle pas ceux qui se sentent capables, mais il rend capables ceux qu’il appelle. Le Seigneur a fait des merveilles avec Abraham, qui était âgé et croyait être à la fin de sa vie, avec Moïse qui avait peur de parler parce qu’il bégayait, avec Pierre qui était impulsif et commettait souvent des erreurs, avec Paul qui s’était rendu coupable de grandes fautes. Aucun d’entre eux n’était parfait, mais tous se sont liés au Seigneur. Ils étaient « connectés » à Lui. C’est cela le secret : rester connecté au Seigneur. Vous avez dit dans vos lettres : « Je reconnais qu’il est de plus en plus difficile d’avoir un regard exercé et attentif sur les choses du Ciel ». Oui, ce n’est pas facile, mais nous sommes ici pour nous exercer, pour nous mettre en réseau et nous connecter à l’appel de Dieu.

Nous avons un grand secours, une Mère qui, surtout en ce moment, nous tient la main et nous montre le chemin : Marie. Elle est la plus grande créature de l’histoire : non pas parce qu’elle avait une culture supérieure ou des facultés spéciales, mais parce qu’elle ne s’est jamais détachée de Dieu. Son cœur ne s’est pas laissé distraire ou polluer : il a été un espace ouvert au Seigneur, toujours relié à Lui. Elle a eu le courage de s’aventurer sur les chemins de la Parole de Dieu et a ainsi porté au monde l’espérance et la joie. Elle nous apprend à marcher dans la vie, mais nous en parlerons samedi soir. Pour l’instant, rappelons-nous le point de départ : nous sommes tous appelés par le Seigneur, appelés parce qu’aimés. Et faisons deux choses : d’abord, appelons-nous les uns les autres par notre nom et rappelons-nous mutuellement la beauté d’être aimés et précieux ! Deuxièmement, posons des questions à Jésus, qui attend beaucoup d’appels de notre part en ces journées. Soyons connectés à lui. Connectés à l’amour, la joie grandira. Bonnes JMJ !

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Rédaction

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