Portrait de Louis XVI à l’occasion de son sacre, par Joseph-Siffred Duplessis (1776) – commons.wikimedia

Portrait de Louis XVI à l’occasion de son sacre, par Joseph-Siffred Duplessis (1776) – commons.wikimedia

La France, fille aînée de l’Église, 21e partie

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La fin d’un monde : la disparition de l’Ancien Régime le 17 juin 1789

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I Le dernier règlement de compte de l’ancien parlement

Avant d’être exilés par le roi sur les conseils de Maupéou, les parlementaires avaient pu se venger de ceux en qui ils voyaient leurs plus mortels ennemis, les jésuites. En effet, non seulement ceux-ci s’étaient opposés au jansénisme et étaient les principaux responsables de l’Unigenitus, mais de par la constitution même de leur Ordre, ils incarnaient les soldats inconditionnels du pape, défenseurs d’un ultramontanisme qui ne pouvait que s’opposer aux « libertés de l’Église gallicane ». Les philosophes des Lumières ne les aimaient pas parce qu’ils avaient bien compris qu’ils étaient les meilleurs défenseurs du catholicisme, alors que d’autres ecclésiastiques affichaient des sympathies pour les idées à la mode. Mais ils avaient la faveur du roi (dont ils étaient les confesseurs) depuis Henri IV, ainsi que d’une grande partie de la noblesse et de la bourgeoisie qui envoyaient ses enfants étudier dans leurs collèges, à juste titre fort réputés. Ainsi étaient-ils jalousés à cause de leur réussite. Le proverbe « il vaut mieux faire envie que pitié » ne s’applique pas dans l’Église, du moins chez la plupart de ceux qui la dirigent, comme aussi chez les laïcs au pouvoir !

Vers 1760, les jésuites sont à la tête, en France, de cent onze collèges, neufs noviciats, vingt-et-un séminaires, quatre maisons professes, huit missions et treize résidences (1). Ils n’étaient pas seulement enviés, mais jalousés et dans certains cas franchement haïs !

Ce pourquoi les parlementaires, s’efforcèrent jusqu’à la mort de Benoît XIV d’obtenir un texte pontifical atténuant l’Unigenitus et voyant qu’avec le nouveau pape, Clément XIII (élu le 7 juillet 1758), ils n’obtiendraient rien, résolurent de changer de tactique et de s’attaquer à la Compagnie de Jésus elle-même qui continuait à se faire beaucoup d’ennemis (2). L’année 1758 voyait arriver au pouvoir ministériel Choiseul, connu pour ne pas appartenir au parti des dévots, très certainement libre-penseur prudent, et le commencement, au Portugal, d’ennuis sérieux pour les jésuites.

Or nos parlementaires avaient une « affaire » sous la main : la faillite de l’entreprise bancaire et commerciale créée par un jésuite, le père Antoine La Valette. Les problèmes de ce père avaient déjà dû commencer avant 1754 puisqu’il avait reçu l’ordre d’arrêter tout commerce.  Il n’obéit pas, survinrent toutes sortes de déboires, piratage, épidémie, la guerre de Sept Ans, ce fut la faillite en 1756, qui entraîna celle d’un créancier principal, la maison Lioncy frères et Gouffre. L’affaire arriva devant le parlement d’Aix-en-Provence qui condamna le père La Valette et l’ordre des jésuites à payer. Ils firent appel devant la grand-chambre du Parlement de Paris qui ouvrit le procès le 31 mars 1761. L’avocat général était Michel-Etienne Le Peletier de Saint Fargeau (le père du conventionnel, ami de Robespierre) qui se fit un plaisir de confirmer la décision d’Aix et de requérir le paiement de la dette de La Valette par l’ordre des jésuites. Cette sentence du Parlement fut accueillie par une foule en liesses qu’on avait su rassembler (3).

Mais on voulut aller plus loin, compte tenu des réticences du général des jésuites à se montrer solidaire. Le Chanoine de Chauvelin, conseiller clerc au parlement, posa la question de la conformité des constitutions de la Compagnie de Jésus aux lois du royaume. A l’unanimité, les magistrats demandèrent à les examiner. Pour éviter l’épreuve de force, l’avocat général Joly de Fleury, anti-« philosophie des Lumières », proposa un compromis qui aurait obligé la Compagnie à « retoucher » ses statuts. Ce à quoi Chauvelin répliqua par une plus violente attaque, démontrant que les jésuites constituaient une association séditieuse, n’hésitant pas à enseigner le régicide, et il les accusa même d’avoir été responsables des assassinats de Henri III et Henri IV. Malgré la requête immédiate du conseil du roi demandant aux magistrats de se donner un an de réflexion, ils prirent de suite, le 2 août 1761, des mesures contre l’ordre : interdiction de recruter de nouveaux religieux, dissolution de la Compagnie en France et fermeture progressive et planifiée des collèges, la date fatidique étant le 1er avril 1762.

Le conseil royal suspendit cette mesure et entama des pourparlers avec Rome, à la fois avec le général des jésuites le père Ricci et le pape Clément XIII, pour adapter les constitutions de l’Ordre aux us et coutumes de l’Église gallicane, par exemple en nommant un vicaire général pour les jésuites de France, ayant une certaine indépendance par rapport au général de l’Ordre. Mais personne ne voulut négocier du côté romain alors que ce qui se passait en Europe aurait dû pousser au compromis. Le chancelier de Lamoignon fit une dernière tentative, proposant que les provinces jésuites du royaume fussent placées sous la juridiction de l’évêque local et que les décisions du général fussent soumises au parlement pour être exécutoires. Le roi lui-même s’intéressa au texte de compromis et l’annota ! (4)

Malheureusement les dirigeants parlementaires avaient leurs informateurs au conseil du roi et connurent cette initiative, ils savaient par ailleurs que leur délibération du 2 août n’avait pas été transmise au parlement de Rouen (par erreur de procédure), qui informé cette fois-ci, prit la même décision que Paris, et ce, d’une manière définitive. Au nom de la solidarité de classe, la majorité des autres parlements de province suivit. Devant ce qui risquait de dégénérer en fronde parlementaire, Louis XV prit un édit en 1764, expulsant les jésuites de France, permettant aux jésuites qui quitteraient leur ordre de rester dans le royaume comme prêtres sous la juridiction d’un évêque, c’était éviter le pire.

 

II Le triste exemple portugais ou les « répliques » du séisme de Lisbonne de 1755

Le 1er novembre 1755, un séisme terrible détruisit 85% des édifices de Lisbonne et fit au moins 50 000 victimes, les habitants réfugiés au bord du Tage furent emportés par un raz de marée. Le nouveau roi José Ier fuit la ville et laissa agir son premier ministre Sebastiano José de Carvahlo e Melo. Celui-ci avait 56 ans et venait de la petite noblesse provinciale. Après avoir étudié le droit, passé un peu de temps à l’armée, il entra en politique par la diplomatie. Il fut d’abord ambassadeur à Londres en 1738. C’était un poste important, compte tenu des relations diplomatiques du Portugal, en général, qui possédait un empire colonial, l’obligeant à ménager, l’Espagne, l’Angleterre et la France. Il se trouvait là à un lieu stratégique de discussions sur les grandes questions européennes, d’autant plus que grâce au cardinal de Fleury (qui menait une politique d’alliance avec l’Angleterre des Hanovre) la paix régnait en Europe.

Il ramena d’Angleterre l’exemple d’un pays où le roi était le chef de l’Église, protestante certes, mais sous la forme anglicane, qui extérieurement ne changeait pas grand-chose quant au culte. Il connut la franc-maçonnerie anglaise, multiconfessionnelle mais chrétienne, même si à partir de 1738, elle s’était ouverte à des croyants non-chrétiens, comme le permettait la deuxième édition des constitutions d’Anderson datant de cette année. C’est à la Saint Jean d’hiver, le 27 décembre 1744, qu’il fut initié franc-maçon par le prince de Galles lui-même, Frédéric-Louis, fils du roi d’Angleterre Georges Il. Notons au passage que ce prince fut le premier membre d’une famille royale régnant sur l’Angleterre à exercer la fonction de grand maître depuis 1737 (le pasteur Jean Théophile Désaguliers un des fondateurs de la Grande Loge d’Angleterre l’avait initié).

En 1750, le nouveau roi du Portugal José Ier avait rappelé son ambassadeur pour le nommer secrétaire d’État aux affaires étrangères puis premier ministre en 1755. C’est à ce titre qu’il montrera son savoir-faire avec la catastrophe de Lisbonne. En une année, il fit tout reconstruire, en faisant appel à des savants pour s’inspirer de règles de construction antisismiques. Il saura empêcher les pillages ainsi que le départ des habitants pour maintenir la ville au rang de capitale. Ce qui n’empêcha pas la haute noblesse de continuer à le mépriser. Conscient de cette hostilité ainsi que de la faiblesse du roi, d’emblée cette haute aristocratie lui fut de plus en plus suspecte. Et plus encore les jésuites dès son retour d’Angleterre en 1750. En effet, la franc-maçonnerie s’était installée au Portugal, un peu comme en France, vers les années 1727 avec des Britanniques à Lisbonne, puis en 1732, avec des Irlandais catholiques qui créèrent une deuxième loge. Mais la bulle de Clément XII de 1738 avait été immédiatement appliquée, livrant les maçons portugais à l’Inquisition, aux tortures et à la mort. Le secrétaire d’État aux affaires étrangères revenu de Londres en 1750, lui-même maçon, s’opposa aux persécutions. Premier ministre, il les arrêtera complètement à la fureur des jésuites.

Contre eux et contre la haute noblesse, il va trouver une bonne occasion d’attaque : l’attentat contre le roi José Ier dans la nuit du 3 septembre 1758, au cours duquel trois cavaliers tirèrent sur le carrosse royal et blessèrent grièvement le cocher et le roi au bras, il revenait de chez sa maîtresse Teresa Leonor, épouse de Luis de Tavora, fils de la marquise de Tavora, appartenant à la grande noblesse portugaise, liée aux Aveiro. Le roi avait fait rebrousser chemin au carrosse, bien lui en prit, car il était attendu plus loin par un groupe nombreux. Il était clair qu’il y avait conspiration et pire, cette maîtresse royale, comme tout son entourage, détestait le premier ministre ; elle avait même un confesseur jésuite le père Gabriel Malagrida.

Le premier ministre prit alors de suite l’affaire en mains. Deux hommes furent rapidement arrêtés et avouèrent sous la torture qu’ils avaient agi pour les comptes des Tavora qui voulaient placer le duc d’Aveiro sur le trône. Leur déclaration fut enregistrée, ils furent pendus le lendemain. On cacha soigneusement cette affaire, comme la convalescence du roi. Mais certains membres de la famille Tavora, avertis sans doute, cherchèrent à fuir le Portugal et furent arrêtés, ainsi que tous leurs amis et proches, y compris le confesseur jésuite ! Tous furent présentés à une chambre de justice d’exception, sous l’accusation de tentative de régicide, et condamnés à mort, femmes et enfants compris. C’est la reine et la princesse héritière qui obtiendront la grâce des femmes et des enfants, sauf pour la marquise de Tavora. Tous seront exécutés dans des conditions atroces, la roue, et pour la marquise, la décapitation, et tous les corps brûlés.

En janvier 1759, l’ordre des jésuites sera déclaré hors la loi comme complice et expulsé. Quant au père jésuite confesseur, Gabriel Malagrida, il sera traduit en justice et comme on mêlera de l’hérésie à ses supposés crimes, il sera condamné au bûcher en septembre 1761, au moment où débute l’affaire en justice de nos jésuites français. Ceux-ci ne pouvaient pas ignorer les affaires portugaises, d’autant plus que leur grand ennemi De Carvahlo e Melo était élevé en septembre 1769 au rang de marquis de Pombal.

En 1767, les jésuites seront aussi expulsés d’Espagne et du royaume de Naples. Au Portugal, en France, en Espagne et à Naples, c’est le pouvoir pontifical romain qu’on visait au travers des jésuites, c’est là le seul point commun ! Chacun de ces pays connaîtra des éléments différents qui se joindront à l’anti-romanisme. Pour la France, ce fut surtout le jansénisme parlementaire. Aussi ne puis-je que souscrire à cette conclusion de Jean-Christian Petitfils citant d’abord une réflexion de d’Alembert : « Les jésuites gens accommodants, pourvu qu’on ne se déclare pas leur ennemi, permettent assez qu’on pense comme on voudra ; les jansénistes, sans égards, comme sans lumières, veulent qu’on pense comme eux ; s’ils étaient les maîtres, ils exerceraient sur les ouvrages, les esprits, les discours, les mœurs, l’inquisition la plus violente. » Et notre historien de commenter avec justesse « Vision prémonitoire : la Révolution française ne débouchera-t-elle pas sur une sorte de jansénisme laïcisé, terroriste et purificateur ? » (5) Quand Clément XIV sera élu pape le 18 mai 1769, le conclave avait duré trois mois et il y eut cent quatre-vingts tours de scrutins ! La grande majorité des cardinaux était favorable aux jésuites. Aussi, les grandes puissances habilitées à le faire, avaient menacé de jeter l’exclusive sur près de la moitié du Sacré Collège. L’élu, le cardinal Ganganelli, ancien élève des jésuites, n’avait rien contre eux et n’avait pris aucun engagement ; sur le moment, il ne fit rien contre les pères. Mais vu les assauts dont il était l’objet, il se résolut, la mort dans l’âme, à sacrifier les jésuites, pour obtenir un répit pour l’Église et gagner du temps et ce n’est que le 21 juillet 1773 par le bref Dominus ac Redemptor, et non une bulle, qu’il supprima la Compagnie de Jésus. Il avait agi à la manière d’un pape, comme Louis XV en roi, et dans la même intention, mais avec de subtiles précautions.

Le texte pontifical mérite d’être lu, il n’est pas long et facile à trouver. Le pape expose les différents troubles liés à la Compagnie de Jésus depuis sa fondation. Il ne manque pas non plus de rappeler, et c’est important, ses nombreux mérites, comme en témoignent les soutiens qu’elle a reçus de ses prédécesseurs. À aucun moment il ne prend résolument parti. Et quand il évoque des « circonstances … beaucoup plus difficiles », il mentionne uniquement les différentes décisions royales de bannissement. C’est donc le souci d’éteindre toute polémique qui l’anime pour pouvoir mieux défendre l’Église. Il place en avant le souci de la paix et ménage l’avenir.

 

IIl La lutte directe contre l’Église sous Louis XVI, 1774-1793

Le nouveau roi qui succède à Louis XV le 10 mai 1774 est son petit-fils ; il a 19 ans. Son père, le Dauphin Louis-Ferdinand, qui comptait parmi le parti dévot très proche des jésuites, lui avait fait donner une éducation stricte dans le domaine religieux, mais assez discutable quant à la forme du fait du précepteur lui-même, le duc de La Vauguyon, dont Jean-Christian Petitfils fait une excellente description « Dévot pour la galerie, c’était un vil adulateur, capable de poursuivre plusieurs intrigues complexes à la fois. Marie-Antoinette le traitera de fripon et le surprendra à écouter aux portes. » (6) Cela dit, Louis XVI prendra ses distances avec ce précepteur, au point d’opposer un refus à son fils qui sollicitait la même charge que son père pour les enfants de France, en y ajoutant « Vous savez, comme moi Monsieur combien nous avons été fort mal élevés ».

Le roi fut certes dévot, mais pas bigot. Cela dit, la philosophie des Lumières influençait de plus en plus ce qu’on appelle l’intelligentsia, tant dans le clergé, la noblesse et la magistrature, son vocabulaire faisait tache d’huile ! Par exemple, l’expression « Être Suprême » désignait aussi bien le Dieu de la Bible que celui des philosophes. Les prédicateurs catholiques qui en usaient ne versaient pas pour autant dans le syncrétisme, mais leurs auditeurs lettrés pouvaient s’y perdre. Le roi connut sur le tard cette nouvelle philosophie et ne l’apprécia pas et sur le plan moral, il observa la doctrine catholique. Il n’eut aucune favorite, et donna toujours l’exemple d’une vie irréprochable. Il n’aimait pas les libertins, surtout quand ils étaient ecclésiastiques, d’où son peu d’estime pour le cardinal de Rohan, Grand aumônier de France, et Loménie de Brienne, archevêque de Toulouse qu’il dut prendre avec déplaisir comme ministre.

Si donc le jeune roi rappelle l’ancien parlement dès le début de son règne et commet très certainement une faute politique, ce n’est pas par sympathie pour le jansénisme ou les Lumières. La profession de foi du vicaire savoyard de Rousseau ne touchait que peu de gens, mais des gens de pouvoir, et le nouveau roi lui était complètement étranger ! Le rappel de l’ancien parlement, auquel Louis XVI n’était personnellement pas favorable fut le résultat d’une lutte d’influence au sein de son entourage, très divisé sur la question. Maurepas que feu le Dauphin, Louis Ferdinand avait désigné à son fils et qui jusqu’à sa mort fut son mentor, était favorable aux anciens parlementaires, parmi lesquels ils comptait des gens très proches, même chose pour Malesherbes, et bien sûr Turgot. Ils convainquirent le roi que ses projets de réformes passeraient mieux avec un parlement qu’il aurait rappelé de l’exil et qui lui serait reconnaissant ! De plus ces anciens parlementaires avaient su faire ce qu’il fallait pour se conserver à Paris une opinion publique favorable. Le roi se décida finalement pour le rappel et tint lit de justice le 12 novembre 1774. Le discours qu’il leur tint ne fut pas particulièrement amène « Messieurs, le roi, mon très honoré seigneur et aïeul, forcé par votre résistance à ses ordres réitérés, a fait ce que le maintien de son autorité et l’obligation de rendre la justice à ses sujets exigeaient de sa sagesse. Je vous rappelle aujourd’hui à des fonctions que vous n’auriez jamais dû quitter. Sentez le prix de mes bontés et ne les oubliez jamais… Je veux ensevelir dans l’oubli tout ce qui s’est passé, et je verrais avec le plus grand mécontentement des divisions intestines troubler le bon ordre et la tranquillité de mon parlement. » (7)

Quelques jours plus tard le parlement s’assembla pour examiner, comme il le devait, ce qui avait trait à ce lit de justice et aux édits qui l’accompagnaient. Le 8 janvier 1775, il présentait déjà des remontrances que le roi voulut ignorer. Ces messieurs n’avaient donc pas changé, le roi s’en rendra vite compte et le dira même à sa tante Adélaïde qui lui avait déconseillé le rappel. La faute politique est évidente… avec le recul. Mais sur le moment, compte tenu des avis donnés, le choix n’était pas si simple pour le roi, et il pouvait penser, avec l’optimisme de l’époque que devant des questions autrement plus graves que l’influence des jésuites et qui allaient placer la France en péril de mort (le risque de banqueroute de l’État par exemple), le bon sens guiderait dans la recherche du bien commun ou de ce que les « modernes » de ce temps appelaient l’intérêt général ! Mais c’était compter sans l’idéologie !

Pour en rester aux questions religieuses, le roi allait se rendre compte très rapidement de son poids. Après les premières remontrances du parlement au début de l’année 1775, allait venir la question du sacre. C’est surtout Turgot qui intervint sur ce sujet, se faisant l’interprète du parti philosophique qui avait fort envie de le supprimer. Le roi aurait ainsi tenu sa couronne du peuple ! Apparemment Turgot n’osa pas aller jusque-là, il aurait souhaité une cérémonie simplifiée avec même la suppression du serment sur le bannissement des hérétiques. Et pourquoi ne pas organiser cette célébration à Notre-Dame de Paris, cela aurait été utile pour le commerce, beaucoup d’étrangers seraient venus plus facilement à la capitale qu’à Reims ?  Mais le roi ne céda rien et le sacre eut bien lieu à Reims le 11 juin 1775 avec sa liturgie traditionnelle.

François Giroust composa à cette occasion une magnifique messe : Missa brevis « Gaudete in Domino ». Il est intéressant de l’écouter, car elle aussi témoigne de l’optimisme de ce temps. Comme le voulait la tradition, il toucha deux mille quatre cents malades. Quatre guérisons furent constatées. Ce fut un grand moment de liesse populaire qui n’empêcha pas les remarques du parti philosophique. « Voltaire écrivit à Madame du Deffand : “mon thème n’est point le sacre du roi à Reims, car il est né tout sacré, et il n’a pas besoin d’être oint pour être cher à toute la nation”. » (8) Comparons cet écrit au sermon de Monseigneur de Boisgelin le 9 juin, prononcé devant le roi à deux jours du sacre : « Comme membre du premier ordre de l’État, je dois déclarer ici que pour la nation entière, elle ne croit pas que le sacre n’ajoute rien à votre puissance. Dieu vous a sacré lui-même, au moment que l’autorité vous était dévolue. » (9)

Le roi sera mécontent, et avec raison, de cette façon de voir les choses. L’évêque parle évidemment comme Voltaire, comme le fait remarquer l’historien qui rapporte ces propos. L’évêque et le philosophe se rejoignent dans le refus de comprendre le sens profond du sacre. Aussi ne puis-je m’empêcher de penser à ces mots de Joseph de Maistre « Combien d’hommes légers ont ri de la sainte ampoule, sans songer que la sainte ampoule est un hiéroglyphe et qu’il ne s’agit que de savoir lire. Le sacre des rois tient à la même racine. Jamais il n’y eut de cérémonie, ou, pour mieux dire, de profession de foi plus significative et plus respectable. » (10) Et effectivement cela demande un effort pour comprendre, replonger le texte dans son milieu liturgique, l’ancien rite du sacre des évêques, avec cette différence : contrairement au sacre épiscopal, celui d’un roi positionne le souverain qu’il est déjà, depuis la mort de son prédécesseur, par rapport à la religion, et ce, tant au travers des serments exigés du roi, que des prières et des monitions de l’archevêque consacrant.

Les problèmes soulevés par les parlementaires gallicans trouvent leur réponse dans le sacre, mais encore faut-il prendre ce dernier au sérieux pour s’en souvenir. En maintenant la tradition de Reims, Louis XVI ne stagnait pas dans le passéisme, il répondait aux problèmes de l’heure qui avaient tant tourmenté le règne de son grand père. Il renvoyait aux origines mêmes de la royauté française et aux sains rapports qu’elle avait su établir entre le religieux et le politique par le sacre.

Quelques jours avant sa mort, Louis XVI en exprimera quelques principes dans son magnifique testament. Voici un passage capital pour notre sujet « Je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d’expliquer les dogmes qui déchirent l’Église de Jésus Christ, mais je m’en suis toujours rapporté et rapporterai toujours, si Dieu m’accorde vie, aux décisions que les supérieurs ecclésiastiques unis à la Sainte Église catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l’Église suivie depuis Jésus-Christ. Je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus-Christ suivant ce que la charité chrétienne nous l’enseigne… je prie Dieu de recevoir la confession que je lui ai faite, et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom (quoique cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l’Église catholique à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de cœur. »

Le roi justifiait ainsi son grand père d’avoir usé de toute son autorité pour faire appliquer une décision doctrinale du pape, seul juge en cette matière, car avant d’être gallicane, l’Église en France était catholique et il appartenait au souverain sacré d’y veiller. Enfin par ce texte, Louis XVI condamnait une dernière fois la Constitution civile du clergé qui n’était que le résultat du gallicanisme exagéré développé par le Parlement.

 

IV L’anticatholicisme sous Louis XVI, conséquence du jansénisme parlementaire

Le document sous lequel le roi s’accuse d’avoir mis son nom contre sa volonté, est la Constitution civile du clergé qu’il a approuvée (contre son gré) le 24 août 1790, et ce sur les conseils, entre autres, de ce monseigneur de Boisgelin qui lui avait parlé du sacre dans les termes rapportés plus haut ! Pourquoi en était-on arrivé là en 1790 ?

Dès la fin de la guerre d’Amérique en 1783, les caisses de l’État en France étaient durement affectées et la dette augmentait. Et cette guerre fut justement entreprise par le roi pour supprimer les effets humiliants de certaines dispositions du traité de Paris de 1763, qui limitaient notre marine, entravaient notre commerce et nuisaient au développement de la France. Tout cela avait coûté très cher, mais si l’État était pauvre, la France était riche. Une réforme fiscale était donc la seule issue. Calonne (11), le dernier grand ministre des Finances du roi, conçut l’idée de réunir une assemblée de notables, sorte d’états généraux en modèle réduit, en 1787, pour étudier une meilleure répartition de l’assiette fiscale. Ce fut un échec, les privilégiés ne voulant rien céder, l’Église en particulier, premier propriétaire foncier de France et le plus riche ! Elle aurait pu facilement souscrire à l’effort financier qui lui était demandé, elle en resta au minable « don gratuit », cela se sut, et elle ne s’en fit que plus haïr. Et il fallut convoquer les états généraux en 1789. C’est le 10 octobre 1789 que l’évêque d’Autun, Talleyrand, proposa aux états généraux qui s’étaient proclamés Assemblée nationale constituante de nationaliser les biens du clergé, de tirer immédiatement des assignats gagés par ces biens, l’État prenant à sa charge l’entretien du culte, paiement du clergé et entretien des bâtiments, le soin des pauvres et des malades.

Cette proposition rencontra un grand succès, car beaucoup firent le rapide calcul de possibilités d’enrichissement. Et de fait, en quelques mois de grosses propriétés foncières changèrent de propriétaires qui formeront très logiquement des soutiens inconditionnels du nouveau régime, fondement de l’agrandissement de leur fortune. Mais cette formule entraînait l’abrogation du Concordat de Bologne de 1516 et l’élaboration d’un autre document. L’assemblée allait s’y atteler, mais seule, sans aucune négociation avec le pape.

Ces travaux allaient alors prendre la suite logique des débats du parlement autour de l’Unigenitus au travers d’Armand Auguste Camus (1740-1804) qui siégeait à la Constituante, et avait été avocat du clergé au Parlement de Paris. Fils d’un procureur au même parlement, il baignait dans le jansénisme parlementaire gallican, il sera un des premiers adhérents à la société des amis de la constitution et osa naturellement proclamer : « Nous sommes une convention nationale ; nous avons assurément le pouvoir de changer la religion ; mais nous ne le ferons pas. » (12) Il sera un des auteurs de la Constitution civile du clergé qui donna lieu dans cette assemblée à de longues discussions théologiques, se référant aussi à l’histoire de l’Église, d’où la question que se posaient certains journalistes de l’époque, se demandant s’ils n’assistaient pas à un Concile ! Des évêques se trouvaient dans cette assemblée, mais du genre Talleyrand, ou Boisgelin… et de consultations avec le Saint-Siège, il ne fut pas question ! « Les rédacteurs n’étaient que des membres de l’assemblée : Treilhard, Camus, Lanjuinais, l’abbé Grégoire, tous marqués par le jansénisme parlementaire, c’était la revanche de la bulle Unigenitus (1713) », comme l’écrit justement Jean-Christian Petitfils (13).

 

V Le Joséphisme inspirateur de la Constitution civile du clergé ?

Comme le fait remarquer notre historien, un autre pouvoir politique avait à cette époque établi une Église nationale : l’empire d’Autriche-Hongrie, sous l’influence de Joseph II dès 1781. Ce pays avait des raisons, qui touchaient tant à sa propre histoire qu’au fait qu’il dirigeait le Saint-Empire romain germanique, pour entrer en concurrence de pouvoirs avec le Saint-Siège. Il comportait aussi beaucoup de princes évêques qui tenaient à leur indépendance. De plus, la modernisation de l’État imposait plus d’unité sous la direction du Prince. Avant de régner avec son fils Joseph comme coempereur, la très pieuse impératrice Marie-Thérèse était allée dans ce sens, sous l’influence du chancelier Kaunitz et de quelques autres personnalités autrichiennes acquises au principe d’une plus grande autorité de l’État sur l’Église. Mais Marie-Thérèse ne laissa jamais Kaunitz et ses amis aller aussi loin que les maîtres à penser qui les inspiraient (14).

Avec Joseph Il, ce ne fut pas le cas. On commença par décider que les décisions pontificales ou épiscopales, pour entrer en vigueur, devaient avoir reçu la permission « impériale ». Les contemplatifs furent tout de suite placés devant l’interdiction de correspondre avec des supérieurs étrangers. Tout devait passer par l’État. Les évêques se virent interdire toute juridiction civile en matière matrimoniale, seul l’État pouvait donner des dispenses. L’État alla jusqu’à règlementer la piété, dans le sens d’un plus de sobriété, très probablement pour attirer les protestants, nombreux dans l’empire, qui bénéficièrent d’un édit de tolérance, tout comme les juifs. Sans autorisation du pape, il fit redécouper les diocèses selon les frontières de son empire autrichien, sans tenir compte de ce qui existait avant les conquêtes habsbourgeoises, ce que le pape acceptera en 1785. Il y avait effectivement une logique politique à ce changement, mais elle allait contre la tradition et les usages du Saint-Empire romain germanique. Cependant, quand il réorganisa le découpage des paroisses, tant en Autriche qu’en Hongrie, c’était pour faciliter la pratique religieuse. Selon une de ses directives personnelles, un paroissien ne devait pas marcher plus d’une heure avant d’arriver à son église. Il fut soucieux comme sa mère de l’enseignement théologique des prêtres et s’il ferma par décret tous les séminaires diocésains, ce fut pour ouvrir dix séminaires généraux d’État, qui obligeaient à six ans d’études, avec des professeurs de qualité.

La suppression des couvents constitue certes l’aspect le plus contestable du joséphisme. Mais ceux-ci à l’époque toléraient des abus qui furent « montés en épingle », par les philosophes (par exemple, « La religieuse » de Diderot). « Marie-Thérèse avait déjà interdit les cachots des couvents. Et c’est toujours sous son règne personnel que les premières suppressions de couvents eurent lieu en Lombardie avec le consentement du pape ». Et c’est toujours avec le consentement de Marie-Thérèse que le pape Clément XIV avait en 1773 finalement supprimé la Compagnie de Jésus.

C’est dans ce contexte que Joseph Il ordonna par décret du 12 janvier 1782 la suppression de tous les couvents qui n’œuvraient pas dans les domaines de la pastorale, de l’enseignement, de la charité ou des soins pour les malades ainsi que de quelques couvents, où la vie monastique était mise en cause pour son manque de discipline ou une mauvaise gestion économique et financière. Joseph Il ne se servit pas des possessions des monastères supprimés, comme d’autres souverains l’avaient fait avant lui et le feraient après lui, à des fins d’enrichissement personnel ou pour renflouer les caisses de l’État. Il investit les possessions entières de ces couvents – propriétés immobilières, bâtiments capitaux – dans un fonds de religion qui lui permettait de payer les pensions des religieux ainsi que tous les frais liés à la réorganisation des paroisses et des diocèses et de rémunérer ainsi les curés et les vicaires (15).

Le pape Pie VI qui ne pouvait bien sûr ni approuver ni rejeter en bloc toutes ces réformes, car certaines étaient justifiées et utiles au catholicisme, entreprit un voyage à Vienne où il séjourna du 22 mars au 22 avril 1782 et eut de longues discussions avec l’empereur qui ne changera rien de sa législation. Celle-ci permettant tout de même au pape de pouvoir se prononcer sur la nomination des évêques ne provoqua pas de rupture. Mieux, Joseph Il rendit sa visite au Souverain Pontife en allant à Rome l’année suivante en 1783 et là encore, il ne céda rien, ce qui n’entraîna aucun schisme. En fait, sur cette question capitale de la nomination des évêques, l’empereur se trouvait dans la même position que le roi de France. Pie VI, dont je reparlerai, ne condamna ni n’approuva le joséphisme.

Dans les faits rien ne le justifiait : il n’y eut pas de violence contre les catholiques, pas de réunion de concile national pour s’opposer aux décisions du pape et surtout pas de querelles sur des nominations d’évêques. L’empereur tolérait certes la franc-maçonnerie, tout comme le roi de France, parce que comme lui, il n’avait pas donné force de lois aux deux textes pontificaux la condamnant. La franc-maçonnerie sur la grande majorité de ses territoires était de plus chrétienne et se situait dans la ligne des « Anciens » de la Grande Loge d’Angleterre, c’était l’Ordre de la stricte observance templière (OST) que le Baron von Hund introduisit d’abord en Allemagne vers 1755. C’était un protestant converti au catholicisme, qui sera conseiller d’Auguste III de Pologne, puis de Marie-Thérèse d’Autriche en 1769 (dont l’époux, l’empereur François, était lui-même franc-maçon).

En Autriche, cette franc-maçonnerie, qui à l’instar de la branche conservatrice anglaise tenait à conserver l’origine spécifiquement chrétienne de l’ordre, était composée à une écrasante majorité de catholiques, comportant des noms connus, tels Mozart et Haydn. Après la mort de Hund (1776), cette maçonnerie se fondra dans le régime écossais rectifié, ordre strictement chrétien et multiconfessionnel, qui abandonnera fort heureusement la référence aux Templiers (laquelle avait constitué une grossière erreur) (16), la qualification « écossaise » ne rappelant que l’attachement d’origine aux Stuart catholiques. Et comme le convent de Wilhelmsbad de 1782, il chassera de son sein les quelques « Illuminés de Bavière » qui s’y trouvaient. Joseph Il n’avait donc aucune raison de s’inquiéter des maçons autrichiens, pas plus que le pape d’ailleurs. Pie VI n’aborda jamais cette question.

 

VI La situation difficile produite par la Constitution civile du clergé

Au moment où le 12 juillet 1790 l’Assemblée adoptait le texte de la Constitution civile du clergé, la France était bien loin de se trouver dans la situation de l’Autriche de Joseph II en 1781. Dès la première manifestation révolutionnaire du 14 juillet 1789, l’Assemblée nationale constituante avait voté le 24 août la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui s’attaquait gravement au catholicisme. Le 2 novembre de cette même année 1789, elle nationalisa les biens du clergé et l’on verra rapidement que cette nationalisation allait profiter aux caisses de l’État et aux acheteurs des biens nationaux. En volant l’argent d’autrui, la Révolution s’achetait avec ce vol ses plus fidèles soutiens.

La messe célébrée le 14 juillet 1790 lors de la fête de la Fédération (deux jours avant le vote de la Constitution civile) l’avait été par un évêque athée, Talleyrand, celui-là même qui avait proposé la nationalisation des biens du clergé, utilisant des couleurs liturgiques qui durent surprendre le Saint-Père, car les étoles étaient tricolores ! Le roi n’était plus que le roi des Français, ce qui faisait disparaître le concept religieux de « France » par rapport au roi ! Comment pouvait-il demeurer un protecteur sûr d’une entité qui avait disparu de sa titulature, entité qui depuis des siècles n’était rien moins que le mot « France » lié à Fille aînée de l’Église, faisant bénéficier son roi d’un sacre très proche de celui que recevaient ceux qui dirigeaient l’Église (les évêques) et qui lui permettait entre autres de les nommer. Et de plus, en matière de serment, ce roi des Français était relégué à la dernière place. On prêtait serment à la Nation, à la Loi et au Roi.

D’emblée, la Constitution traita la religion de manière administrative. De plus, l’assemblée avait découpé la France en 83 départements, ce qui donnait 83 diocèses. On passait donc de 130 diocèses à 83 ! Je rappelle, parce qu’on l’oublie trop souvent aujourd’hui, y compris dans les milieux catholiques, que seul l’évêque, de par son ordination épiscopale, peut exercer la plénitude du sacerdoce, en communion avec le successeur de Pierre, l’évêque de Rome, le pape. Supprimer un diocèse, quelles qu’en soient les raisons, équivaut toujours à supprimer un haut-parleur de l’Église et cette solution ne peut être décidée que par l’Église elle-même, au travers de ceux qui ont l’autorité pour cela. Si le pouvoir politique décide une telle chose par lui-même, sans consultation préalable, il est clair qu’il nationalise l’Église, ce que l’ecclésiologie catholique ne permet pas.

On pourrait aussi relever d’autres anomalies dans les 25 articles du titre I. J’en viens tout de suite à l’essentiel, le titre Il Nomination aux bénéfices, article 1er : « A compter de ce jour de la publication du présent décret, on ne connaîtra qu’une seule manière de pourvoir aux évêchés et aux cures, c’est à savoir, la forme des élections. » Voyons l’article 3 : « L’élection des évêques se fixera dans la forme prescrite et par le corps électoral indiqué, dans le décret du 22 décembre 1789, pour la nomination de l’assemblée de département. » Peuvent donc voter pour élire un évêque tous les citoyens payant un minimum d’impôts, qu’ils soient catholiques ou non ! Ce qui est absolument intolérable et montre bien qu’il s’agit d’une nationalisation de l’Église qui méprise totalement son caractère propre. Article 17 : « Le métropolitain ou l’ancien évêque aura la faculté d’examiner l’élu, en présence de son conseil, sur sa doctrine et sur ses mœurs : s’il le juge capable il lui donnera l’institution canonique. » Article 18 : « L’évêque à qui la confirmation sera demandée ne pourra exiger de l’élu d’autre serment, sinon qu’il fait profession de la religion catholique, apostolique et romaine. » Article 19 : « Le nouvel évêque ne pourra s’adresser au pape pour en obtenir aucune confirmation ; mais il lui écrira comme au chef visible de l’Église universelle, en témoignage de l’unité de foi et de la communion qu’il doit entretenir avec lui. »

Les curés seront soumis au vote dans les mêmes conditions. Comme pour les évêques, les élections se feront le dimanche, après la messe, à laquelle les votants sont tenus d’assister. Surtout en cette fin de XVIIIe siècle français, c’était loin de constituer une preuve de catholicisme ! Aussi, quand dans le titre de ce paragraphe, je parle de « difficile », il doit bien être clair que je n’applique cet adjectif qu’au mot situation qui appelle une réaction politique de la part du roi et une réaction religieuse de la part du pape, bien que les rédacteurs de ce texte aient soigneusement omis de s’adresser à lui, pensant l’avoir suffisamment ménagé avec quelques expressions de politesse, comme « chef visible de l’Église universelle » l’exigence pour le curé ou l’évêque élu qu’il confessait « l’Église catholique, apostolique et romaine », et chef-d’œuvre d’hypocrisie, la lettre où l’heureux élu « informait » le pape de son élection.

Cette manière de procéder était à l’évidence inadmissible et inacceptable pour le pape, pour remplacer le Concordat de Bologne que l’Assemblée nationale avait supprimé d’une manière unilatérale et sans consultations préalables. Le roi était suffisamment bon catholique et il le prouvera pour être hostile à un pareil texte, mais il devait aussi réagir en politique, et là était la difficulté ! Il est tout de même significatif, comme le souligne Jean-Christian Petitfils, que l’abbé Augustin Barruel – celui qui écrira plus tard l’histoire du jacobinisme et qui, selon sa théorie, avait utilisé la franc-maçonnerie pour faire la Révolution – ait conseillé de « baptiser » la Constitution civile du clergé (17), pour pouvoir discuter d’amendements avec la nouvelle Assemblée législative qui devait bientôt être élue pour remplacer l’Assemblée nationale constituante dont le mandat s’achevait.

Tel était aussi l’avis du nonce apostolique à Paris, monseigneur Dugnani, qui était en correspondance régulière avec Rome et qui pensait que le pape temporiserait. C’est du moins ce qu’il laissait entendre au roi et à ses ministres. Mais il fallait une réponse du pape et cela rapidement. Le nonce n’avait certainement pas manqué d’insister sur ce point, joignant sa voix à celle du ministre Montmorin, d’autant plus que l’Assemblée s’était opposée à la réunion d’un concile national demandé par monseigneur de Boisgelin et acceptée par le roi. Ceci montre l’entière mauvaise foi de l’Assemblée que son soi-disant gallicanisme aurait dû au contraire pousser à accepter ce concile national, mais pour la grande majorité des ecclésiastiques français, gallican ne voulait pas forcément dire schismatique et très rapidement hérétique ! Aussi, pressé par l’assemblée de prendre une décision, le roi approuva le texte à contrecœur le 22 juillet 1790.

Le lendemain, il reçut une lettre du pape en deux parties, qui bien analysées sont en fait contradictoires et traduisent bien l’embarras du Saint-Père sur la difficulté de prendre une décision. Dans un premier temps, il met clairement en garde le roi contre l’acceptation de cette constitution ; il y parle d’erreur (pour éviter le mot hérésie), de schisme possible, de guerre de religion. Dans la deuxième partie, il donne le sage conseil au roi de consulter deux archevêques de son conseil : Messeigneurs Le Franc de Pompignan et Champion de Cicé, ainsi que d’autres prélats et docteurs distingués, ce qui est un moyen de laisser encore une possibilité de négociation. Or, le pape savait parfaitement que les deux archevêques en question étaient favorables à un « accord diplomatique ».

 

VII Qui était vraiment Pie VI ?

C’est effectivement, comme le fait Jean-Christian Petitfils dans son livre sur Louis XVI, le moment de se poser la question. Comme lui, je m’inscris en faux sur le portrait qu’on en a fait, d’aristocrate italien obtus et par avance négatif à tout ce qui pouvait venir de France. Je crois à la sincérité de ce pape, la contradiction interne de sa lettre du 10 juillet et reçue par le roi le 23 en constitue une des preuves. Giannangelo Braschi était né le 25 décembre 1717 à Cesena en Romagne dans les États pontificaux ; issu d’une famille noble, il ira d’abord chez les jésuites puis poursuivra des études de droit « in utroque » ce qui en faisait un spécialiste en droit civil et canonique, lui ouvrant de grandes portes dans l’Église catholique, au sein de la curie. Il allait devenir secrétaire du cardinal Tommaso Ruffo (1663-1753), apparenté à la famille de Grégoire XIII, évêque de Ferrare et légat du pape, à Ferrare de 1710 à 1714, homme de grande expérience. En 1753, il fut appelé à Rome par le pape Benoît XIV pour être son secrétaire particulier, ordonné prêtre en 1758, il est trésorier de la Chambre apostolique en 1766. Il fut créé cardinal par le pape Clément XIV en 1773. Il faut enfin remarquer qu’il est élu après un très long conclave (5 octobre 1774 – 15 février 1775), avec 265 tours de scrutins.

C’est donc un cardinal de curie connu, qui devient pape, avec le soutien français, en la personne du cardinal de Bernis, alors chargé d’affaires du roi de France à Rome depuis 1769, après qu’il eût participé au conclave qui avait élu Clément XIV. Et il joua évidemment un rôle important dans l’affaire de la dissolution de la Compagnie de Jésus, appliquant les ordres de Louis XV. Bernis va mener un grand train de vie à Rome au service de la France, en organisant chez lui des dîners et fêtes rassemblant toutes les personnes importantes de passage, il est aussi en correspondance constante avec Vergennes, ministre des Affaires étrangères de Louis XVI. Cela ne l’empêche pas de rester très proche de Pie VI, surtout pendant le temps où le cardinal Boncompagni exercera la fonction de secrétaire d’État 1785-1789.

On le voit donc, au travers des dates qui marquent son arrivée aux affaires ecclésiastiques comme aux noms des hommes avec qui il a travaillé, celui qui est élu pape à 57 ans en 1775 est un homme expérimenté ainsi qu’un érudit, comme le montre sa bibliothèque, et aussi un excellent diplomate ! Cette dernière qualité a très certainement été un des éléments déterminants de son élection et elle ne sera jamais absente de son pontificat. Quant à Bernis, il fut tout autant diplomate. Il connaissait à fond le problème ecclésiastique français et savait mieux que quiconque de quoi la Constitution civile du clergé était l’aboutissement. Comme Louis XVI face à la révolution, il voulait gagner du temps, avec une différence d’appréciation liée au fait qu’il vivait à Rome depuis 21 ans et que le roi se trouvait au milieu d’un désordre parisien qui relevait du jamais vu ! Bernis soutenait-il les émigrés ? Une réponse nette est bien difficile à donner. Au début de l’émigration, il a cherché à les calmer, tout comme l’empereur Joseph Il, ainsi que son frère et successeur Léopold, Louis XVI lui-même agissant dans le même sens.

Contrairement à ce qu’une certaine histoire officielle nous raconte, Louis XVI et la royauté constitutionnelle n’étaient pas irrémédiablement perdus dès 1790, voire 1791. Le 14 juillet 1790, Louis XVI avait été acclamé triomphalement par tous lors de la célèbre fête de la Fédération. La grande majorité des Français demeuraient pour lui, et parmi les partisans de la royauté constitutionnelle, ceux qui avaient largement profité de la vente des biens du clergé n’avaient pas du tout intérêt à une révolution mettant leur fortune en péril. La minorité agissante des ultras, autrement dit les jacobins, voulait un bouleversement parce que désirant un changement de civilisation, et connaissant l’attachement du roi à la religion, ils savaient bien qu’il fallait « mettre la pression » sur cette question pour montrer que le roi était hostile à toute évolution de la royauté. Cette vérité éclatera après son arrestation à Varennes le 21 juin 1791 et surtout sa signature de la Constitution le 13 septembre 1791, car le roi regagnera sa popularité. La Constitution civile du clergé, par les soins du député protestant Barnave, secrètement rallié au roi, avait été retirée de la Constitution que le roi avait signée, pour n’être qu’une loi parmi d’autres, le temps allait jouer pour le roi, d’où la hâte de ses ennemis à lui faire déclarer la guerre (20 avril 1792) et en plus le recours à deux émeutes pour le faire tomber, les 20 juin, puis 10 août 1792.

Mais, nous n’en n’étions pas encore là pour notre affaire. Nous nous trouvions au 30 juillet 1790, au moment où Louis XVI, aidé de Boisgelin, répond au pape pour protester de son attachement au catholicisme et donne à son ambassadeur Bernis des instructions en ce sens. Louis XVI ne demandait pas au pape d’accepter tout le texte de l’Assemblée, mais seulement quelques points et d’une manière provisoire pour ouvrir ensuite des négociations.

Mais il n’y avait pas que Bernis à Rome. Il y avait aussi le cardinal Francesco Saverio de Zelada qui fut secrétaire d’État de 1789 à 1796, il était aussi président de la Congrégation des évêques, et très opposé à la Révolution française, préconisant la manière forte. Ce qui ne correspondait pas au premier mouvement de Pie VI qui créa, à la réception de la réponse royale, une commission de dix-neuf cardinaux pour réfléchir à cette question. Dans le même temps, monseigneur de Boisgelin préparait son commentaire du texte législatif pour l’envoyer à Rome et indiquer des points sur lesquels une conciliation pouvait être envisagée. C’est « l’Exposition des principes sur la Constitution civile du clergé par les évêques députés à l’Assemblée nationale ».

Au début du mois d’octobre, toujours face au silence de Rome, le roi dut promulguer le texte qu’il avait signé en juillet. Le 27 novembre, l’Assemblée adopta le texte du serment que tous les membres du clergé devaient voter pour assurer de leur assentiment à la Constitution civile. Ils avaient jusqu’au 4 janvier, sinon ils seraient démis de leurs fonctions. Comme c’était à prévoir, l’Église de France déboussolée se fractura, mais pas dans les mêmes proportions : la moitié du bas clergé n’eut aucun mal à prêter le serment exigé, tandis que, sur les cent trente et un évêques du royaume, seuls quatre le firent (Loménie de Brienne archevêque de Sens, Talleyrand évêque d’Autun, Jarente évêque d’Orléans et Lepont de Savine évêque de Viviers) (18). À Avignon et dans le comtat du Venaissin, les jacobins locaux créèrent des troubles pour demander le rattachement à la France. À la demande de la papauté, l’Assemblée envoya des troupes pour rétablir l’autorité pontificale que souhaitaient les habitants. La mission fut accomplie le 16 janvier 1791, ce qui, on le comprend, pouvait laisser espérer un accommodement.

Mais Pie VI réfléchissait toujours et son cardinal secrétaire d’État recevait de nombreuses lettres de Paris, de l’abbé de Salamon en particulier (voir ce qu’en écrit Jean-Christian Petitfils dans le passage de son livre sous le titre du complot aristocratique) (18). On peut comprendre le désarroi du pape et que les hésitations de Bernis, de plus en plus sollicité par les émigrés, aient finalement penché de leur côté. Le 10 mars, la réponse du pape était donnée par le bref Quod aliquantum differre puis intervint le 13 avril un autre bref Caritatis Quae contre les évêques qui avaient sacré des évêques « constitutionnels ». Ils étaient menacés de suspense « a divinis », à moins qu’ils ne se rétractassent. Ce serait être incomplet sur Pie VI que de ne pas donner plus de précisions sur le bref « quod aliquantum differre », et ce pour inciter à le lire entièrement.

Dès le début, il qualifie le principe même de l’action de l’Assemblée nationale d’être « une irruption jusque dans le sanctuaire ». En clair, l’Assemblée se mêlait de ce qui ne la regardait pas. Pourquoi ? Parce que sa majorité (et dès le début de son propos, le pape laisse bien entendre qu’il ne vise pas tout le monde) veut anéantir l’Église catholique et il en vient à l’essentiel : « C’est dans cette vue qu’on établit, comme un droit de l’homme en société, cette liberté absolue, qui non-seulement assure le droit de n’être point inquiété sur ses opinions religieuses, mais qui accorde encore cette licence de penser, de dire, d’écrire, et même de faire imprimer impunément en matière de religion tout ce que peut suggérer l’imagination la plus déréglée … que pouvait-il y avoir de plus insensé que d’établir parmi les hommes cette égalité et cette liberté effrénée qui étouffe complètement la raison, le don le plu précieux que la nature ait fait à l’homme et le seul qui le distingue des animaux. » Et le pape de faire ensuite allusion aux différents commandements donnés à l’homme, avant le péché originel, puis après, afin que l’homme sache qu’il n’est pas Dieu. Et il poursuit « Où est donc cette liberté de penser et d’agir que l’Assemblée nationale accorde à l’homme social comme un droit imprescriptible de la nature ? Ce droit chimérique n’est-il pas contraire aux droits du Créateur suprême … ? » Le pape vise ici très clairement la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (19), qui montrait déjà la prétention de l’Assemblée à se mêler du domaine religieux. Et pour que sa déclaration demeure bien à usage ecclésiastique et qu’on ne l’accuse pas de l’ingérence que se permettait l’Assemblée, le pape précisait « Nous n’avons pas pour but en rappelant ces maximes de provoquer le rétablissement du régime ancien de la France : le supposer, serait renouveler une calomnie qu’on a affecté aujourd’hui de répandre que pour rendre la religion odieuse… »

Il est très clair ici que le pape ne va pas dans le sens des émigrés, mais dans celui de Louis XVI, partisan de réformes, pourvu qu’elles respectent la distinction du religieux et du politique. Et cela est méprisé par le texte de l’Assemblée nationale, le pape en donne plusieurs exemples, je ne cite que le plus important : « Dans les erreurs de l’Assemblée nationale, nous rencontrons l’abolition de la primauté et de la juridiction du Saint-Siège. Un décret formel porte que le nouvel évêque ne pourra s’adresser au pape pour en obtenir aucune confirmation, mais il lui écrira comme au chef visible de l’Église universelle, en témoignage de l’unité de la foi et de la communion qu’il doit entretenir avec lui. On prescrit une nouvelle formule de serment où le nom du Pontife de Rome est supprimé. » Puis le pape relève minutieusement toutes les erreurs du texte de l’Assemblée, et malgré tout, il laisse encore la porte ouverte au pardon possible. Il termine en écrivant : « Nous n’avons point encore jusqu’ici lancé les foudres de l’Église contre les auteurs de cette malheureuse Constitution du clergé… Nous avons fait tout ce qui dépendait de Nous pour éviter le schisme et ramener la paix au milieu de votre nation ; et même encore attaché aux conseils de la charité paternelle qui sont tracés à la fin de votre exposition, Nous vous conjurons de Nous faire connaître comment Nous pourrions parvenir à concilier les esprits. La grande distance des lieux ne Nous permet pas de juger quels sont les moyens les plus convenables ; mais vous, placés au centre des événements, vous trouverez peut-être quelque expédient qui ne blesse point le dogme catholique et la discipline universelle de l’Église. Nous vous prions de Nous le communiquer, pour que nous puissions l’examiner avec soin et le soumettre à une mûre délibération… ». Le pape ne reçut jamais rien de tel, sinon la nouvelle qu’il avait été brûlé en effigie et que son nonce avait dû fuir Paris. Son texte amena aussi beaucoup de rétractations dans le clergé jureurs, et très peu d’évêques consacrèrent ceux qu’on nommera vite les intrus. Le 13 septembre 1791, Avignon et le comtat Venaissin étaient rattachés à la France, malgré l’avis des habitants, en représailles contre le pape.

Mais cela n’empêcha pas la fuite en avant de la nouvelle Assemblée législative dans la haine anticatholique. Le 29 novembre, suite au refus de certains de voir s’installer des « intrus », l’Assemblée décréta que les non-jureurs pourraient être exilés. Il y eut des agressions physiques en province. Le 27 mai 1792, l’assemblée vota un décret punissant de déportation, sans jugement, les prêtres non-jureurs et le 8 juin un autre décret ordonnant le rassemblement de vingt-mille hommes près de Paris, alors que la guerre étaient aux frontières !

Comme l’y autorisait la Constitution, le roi mit son veto à ces deux décrets et il résista à toutes les pressions qui furent faites pour le lui faire retirer. C’est ce qui motiva les deux insurrections des 20 juin et 10 août 1792, amenant sa chute. Les relations diplomatiques étaient rompues avec Rome et le catholicisme fidèle au pape entrait dans une période de persécutions sanglantes qui allaient durer jusqu’ au 9 novembre 1799 (18 brumaire), à l’établissement du Consulat par Bonaparte.

 

1) Géraud Poumarède (Docteur en histoire, Université de Bordeaux), article dans Sud-Ouest du 12 janvier 2018.

2) Jean-Christian Petitfils, Louis XV, Éditions Perrin, collection tempus, p. 682. Ce remarquable livre est, à mes yeux, la première grande réhabilitation de Louis XVI.

3) Jean-Christian Petitfils, op. cité, p. 685

4) Jean-Christian Petitfils, op. cité, p. 687

5) Jean-Christian Petitfils, op. cité, pp. 688-689

6) Jean-Christian Petitfils, Louis XVI, Éditions Perrin 2007, p. 35

7) Jean-Christian Petitfils, op. cité, p. 185

8) Jean de Viguerie, Louis XVI, le roi bienfaisant, Éditions du Rocher 2013, p. 87

9) Jean de Viguerie, op. cité, p. 88

10) Père Michel Viot, L’heure du royaume de France est-elle venue ?, Éditions Via Romana, pp. 183-184

11) Emmanuel de Valicourt, Calonne, la dernière chance de la monarchie, Éditions Clément Juglar 2015. Préfacé par Jean Tulard, de l’Institut, ce livre est indispensable à lire pour comprendre le règne de Louis XVI.

12) Père Michel Viot, op. cité, p. 139

13) Jean-Christian Petitfils, op. cité, p. 757

14) Le principe d’Église nationale venait de l’évêque Johan Nikolaus von Hontheim (1701-1790) qui prit le pseudonyme de Justinus Febronius dès qu’il développa ses idées « subversives » sur l’étendue du pouvoir du pape, d’où le nom de Fébronianisme donnée à sa doctrine qui influença les dirigeants autrichiens.

15) Sylvio de Franceschi et Bernard Hours. Droits anti-romains, XVI ème-XXI ème siècle. Juridictionnalisme catholique et romanité ecclésiale, Nouvelle éditions en ligne Lahra 2017, les réformes ecclésiales de l’empereur Joseph Il.

16) Il s’agissait d’une mauvaise interprétation du discours du chevalier Ramsay (1736), franc-maçon écossais, secrétaire de Fénelon, qui ne parlait que de « nos ancêtres les croisés » et non spécifiquement des Templiers.

17) Jean-Christian Petitfils, op. cité, p. 758

18) Jean-Christian Petitfils, op. cité, p. 761

18) Jean-Christian Petitfils, op. cité, p. 764

19) Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, dont le préambule constituait déjà une attaque contre le catholicisme, par l’expression « oubli des droits de l’homme » comme « seules causes des malheurs publics ». Le pape vise ici surtout l’article 1. Mais il n’oublie certainement pas l’article 3 er surtout son début « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation … ». L’Assemblée nationale l’appliquait à l’Église !

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