Par Jorge Enrique Mújica
À l’issue de l’audience générale du 15 mars, le souverain pontife a lancé cet appel : « Je pense aux moniales orthodoxes de la Laure de Kiev : je demande aux parties belligérantes de respecter les lieux de culte. Les religieuses consacrées, les personnes consacrées à la prière – quelle que soit leur confession – soutiennent le peuple de Dieu. »
Comme l’a rapporté ZENIT, le patriarche Kirill a demandé l’aide du pape alors que le gouvernement ukrainien a suspendu la concession du complexe religieux le plus ancien et le plus important de la capitale, Kiev, confié par le passé à l’Église orthodoxe russe. Tout cela dans le contexte de guerre de la Russie contre l’Ukraine. Les orthodoxes russes doivent quitter le monastère ce mars.
Dans un communiqué de presse du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, un appel est lancé à la société civile et aux organisations de défense des droits de l’homme pour « empêcher toute anarchie des autorités ukrainiennes et empêcher la disparition de l’un des principaux sanctuaires orthodoxes russes, le plus ancien monastère orthodoxe russe, la Laure des Grottes de Kiev ».
La version russe indique que « l’appel a été provoqué par la décision de la Réserve nationale « Kievo-Pecherskaya Lavra » lorsque ses dirigeants ont exigé que les moines de l’Église orthodoxe ukrainienne quittent la Laure au plus tard le 29 mars 2023. Cette décision aurait été motivée par des violations présumées du contrat de libre utilisation du monastère. Cependant, la Réserve n’a pas cité de cas concrets de telles violations dans ses documents publics. »
Le monastère des grottes de Kiev a été fondé au XIe siècle par les moines Antoine et Théodose, qui font partie des saints de l’Église orthodoxe russe. Sur le territoire du monastère reposent les reliques de plus de 100 ascètes vénérés par l’Église orthodoxe russe. Parmi eux se trouvent les restes d’Ilya Muromets, héros de l’épopée russe, et du moine Nestor le Chroniqueur, considéré comme l’auteur de la première chronique russe écrite « L’histoire des années passées ».
Le projet de suspension de la concession gratuite du monastère aux orthodoxes russes a commencé en décembre 2022, lorsque le Conseil de défense et de sécurité national (NSDC) d’Ukraine a chargé le gouvernement de soumettre à la Verkhovna Rada (le Conseil suprême d’Ukraine) un projet de loi « sur l’impossibilité pour des organisations religieuses affiliées à des centres d’influence de la Fédération de Russie de travailler en Ukraine ».
Dans ce contexte, le patriarche de Moscou et de toutes les Russies a lancé un appel aux secrétaires généraux de l’ONU et de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), Antonio Guterres et Helga Maria Schmid, le pape François et d’autres organisations internationales et chefs religieux « à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher la fermeture forcée du monastère, car elle conduirait à la violation des droits de millions de croyants ukrainiens, à la liberté de religion garantie par la Constitution de l’Ukraine, ainsi que par des documents tels que la Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Déclaration sur l’élimination de toutes les formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction, et bien d’autres actes d’importance internationale ».
Pour sa part, le ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie a notifié avoir envoyé des lettres « au secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, au président de l’Assemblée générale des Nations unies Csaba Korosi, au président en exercice de l’OSCE Bukhar Osmani et à la secrétaire générale de l’OSCE Helga Maria Schmid au sujet des violations flagrantes des droits humains et constitutionnels universels des croyants orthodoxes en Ukraine ».
Le ministre Lavrov a affirmé que « que les actions des autorités ukrainiennes constituent une violation flagrante des droits des chrétiens orthodoxes et une discrimination à leur encontre. Ces actions violent un certain nombre de documents juridiques internationaux universellement reconnus : la Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Déclaration des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction, pour n’en citer que quelques-uns ». M. Lavrov considère la récente décision des autorités de Kiev d’expulser les moines de la Laure de Kiev-Pechersk comme « une tentative de répression visant à priver l’Église orthodoxe canonique de l’un de ses principaux sanctuaires sous un prétexte invraisemblable. En effet, il s’agit là du summum de la répression dirigée contre l’Église orthodoxe canonique en Ukraine ».
Le monastère concerné comprend au moins onze bâtiments entourant la cathédrale de la capitale du pays. Deux de ces bâtiments seraient occupés par des moines et un par des moniales. Les autres sont des musées, des bibliothèques, des ateliers, etc.
