Début du pontificat de François en 2013. © Vatican Media

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Chroniques du Vatican : parlons chiffres inconvenants

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Le pape François semble resserrer les derniers écrous et boulons de sa grande réforme

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Par le père Ariel Beramendi*

 

Les analystes se penchent actuellement sur la décennie du pontificat du premier pape jésuite et latino-américain.

La décennie du pontificat du premier pape jésuite et latino-américain est en train d’être analysée par les spécialistes. Ils font des rapprochements, des additions, des soustractions ; bref, ils font le bilan de la période écoulée depuis que le cardinal Jorge Bergoglio est entré en fonction.

Jorge Bergoglio a commencé son pontificat sur le siège de Saint-Pierre sous le nom de François.

Dans son dernier livre-entretien intitulé « Le berger : défis, raisons et réflexions de François sur son pontificat », le pape confirme que sa mission a été de mettre en œuvre ce que les cardinaux avaient demandé lors des réunions préparatoires au conclave.

Ils ont demandé au futur pape de revitaliser l’annonce de l’Évangile, de réduire le centralisation du Vatican et de bannir la pédophilie. En répondant à cette question, François a ajouté : « Et combattre la corruption financière… Je suis désolé si certains n’ont pas compris comment cela se terminerait. »

En fait, avec ces orientations, les réformes du pape ont touché le cœur même de l’organigramme du Vatican et, ces derniers mois, elles continuent à s’accélérer. Vous me pardonnerez l’expression populaire, mais François semble resserrer les derniers boulons de sa grande réforme.

Par exemple, le 23 février dernier, le Saint-Père a publié un décret personnel (appelé motu proprio) reconfirmant que tous les biens meubles et immeubles achetés par la Curie ou ses institutions, appartiennent au patrimoine public du Saint-Siège et ne peuvent être utilisés comme propriété privée qu’au nom et sous l’autorité du Souverain Pontife « pour la poursuite de ses fins institutionnelles, le bien commun et au service de l’Église universelle ».

Dans notre culture occidentale, il peut être inconvenant de tenir des propos sur l’argent, mais nous le faisons en vertu du « devoir d’information ». Nous en parlons dans un contexte d’hyperinflation, qui s’ajoute aux conséquences de la pandémie et de la guerre actuelle en Ukraine et qui ont eu un impact direct sur les comptes des particuliers et des institutions.

En mars 2021, le pape François a ordonné une réduction de 10 % des salaires des cardinaux, de 8 % de ceux des chefs et secrétaires de dicastères et de 3 % de ceux des clercs et religieux. Récemment, la décision de suspendre la mise à disposition d’appartements gratuits ou à prix réduit a suscité un grand intérêt.

Nous pensons que cette décision doit être contextualisée et expliquée pour ne pas rester anecdotique ou idéologique. Tout d’abord, précisons que l’Italie et la Cité du Vatican sont deux états différents. Le petit État du Vatican dispose d’un patrimoine immobilier et mobilier qui est principalement situé sur le territoire italien.

Les spécialistes précisent qu’il y a au moins 2 400 appartements, 600 bureaux, ainsi que des espaces loués pour des magasins… Évidemment, cette richesse acquise au fil des années permet de couvrir les dépenses d’un État : entretien, impôts, salaires, soins de santé, pensions de retraites, etc.

Jusqu’à présent, une partie de ces appartements était gracieusement mise à disposition des principaux collaborateurs du pape pour les loger. En d’autres termes, la nomination à un poste de direction (jusqu’à récemment, seuls les cardinaux) s’accompagnait du prêt d’un logement – les collaborateurs de niveau intermédiaire s’acquittant de la moitié du loyer. Tous les autres salariés de l’État, environ quatre mille, pouvaient faire une demande de location d’appartement, à un prix légèrement inférieur au prix du marché, mais les listes d’attente étaient de plusieurs dizaines d’années.

Le 1er mars dernier, on a appris que le pape avait signé un arrêté annulant ce privilège.

Le texte n’a pas été publié par le bureau de communication du Vatican, mais il est clair que l’origine de cette décision est due au contexte économique particulièrement grave. En tout état de cause, toute dérogation peut être abrogée par le pape lui-même.

 

*L’auteur de cette chronique, Ariel Beramendi, est prêtre et observateur et il vit à Rome.

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Rédaction

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