Premier jour du congrès organisé par la Fraterna Domus de Sacrofano - Photo : Facebook @Fraterna Domus

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« L’accueil est une expression de l’amour »

Audience aux participants au congrès de la « Chaire de l’hospitalité »

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L’amour est un processus « dynamique », « d’ouverture croissante » qui conduit à « une plus grande capacité à accueillir les autres », a déclaré le pape François, et « l’accueil est une expression de l’amour ». « Dans la mesure où elle est imprégnée de cette attitude d’ouverture et d’accueil », a-t-il poursuivi, « une société devient capable d’intégrer tous ses membres, même ceux qui, pour diverses raisons, sont des « étrangers existentiels » ou des « exilés cachés » ».

Le pape François a reçu en audience les participants au Congrès de formation de la « Chaire de l’hospitalité », organisé par la Fraterna Domus de Sacrofano, ce jeudi 9 mars 2023, dans la Salle du Consistoire du Palais apostolique. Dans son discours, le pape s’est référé à son encyclique Fratelli tutti, la désignant comme « un appel à penser et générer un monde ouvert ». « Et vous répondez à cet appel », a-t-il déclaré à ses visiteurs, « par un travail « sans clameur ».

Reprenant un passage de son encyclique, le pape a souligné que « la vraie qualité des différents pays du monde se mesure par cette capacité de penser non seulement comme pays mais aussi comme famille humaine » Mais, a-t-il déploré, « les nationalismes fondés sur le repli sur soi traduisent en définitive cette incapacité de gratuité, l’erreur de croire qu’on peut se développer à côté de la ruine des autres et qu’en se fermant aux autres on est mieux protégé ».

François a insisté sur l’importance de la « gratuité » de l’accueil, « essentiel pour générer la fraternité et l’amitié sociale » : « le critère fondamental ne réside pas dans l’utilité de la personne, mais dans la valeur en soi qu’elle représente. L’autre mérite d’être accueilli non pas tant pour ce qu’il a, ou peut avoir, ou peut donner, mais pour ce qu’il est », a-t-il affirmé.

 

Discours du pape François

Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenue !

Je remercie Sœur Milena Pizziolo pour ses paroles et je vous salue tous, vous qui participez au colloque de formation de la Chaire de l’hospitalité, organisée par les sœurs de la Fraterna Domus. Je veux avant tout vous féliciter, chères sœurs, pour cette initiative par laquelle vous avez mis votre charisme, votre expérience et vos structures au service de ceux qui, de diverses manières, travaillent dans le domaine de l’hospitalité : un domaine riche de valeurs et de spiritualité, mais aussi traversé par les drames de notre temps. Je vous remercie pour votre engagement et je remercie également les autres associations, instituts, fondations et communautés qui collaborent avec la Chaire de l’hospitalité.

Je partage avec vous quelques réflexions en me référant à l’encyclique Fratelli tutti (FT).

L’accueil est l’un des traits qui caractérisent ce que j’ai appelé « un monde ouvert » (cf. FT, chap. III). L’encyclique est un appel à « penser et générer un monde ouvert » (ibid.) – contre la fermeture « de sacristie » que nous avons parfois ! – et vous répondez à cet appel : vous le faites par le travail que vous réalisez chaque jour, sans clameur, sans allumer les projecteurs, et vous le faites aussi à travers ces rencontres de formation. En effet, pour pouvoir fonctionner, pour pouvoir générer de l’accueil, il faut aussi penser l’accueil. C’est la grande valeur des moments comme celui que vous vivez, où vous approfondissez ensemble différents aspects : anthropologiques, éthiques, religieux, historiques, etc. Mais votre « Chaire » n’est pas un laboratoire aseptisé où l’on élabore des formules abstraites : c’est un moment de réflexion inséparable du travail sur le terrain, cela va ensemble. Tout en écoutant et en étudiant, vous gardez à l’esprit les visages, les histoires, les problèmes concrets et vous les partagez avec les conférenciers et dans les groupes de discussion. C’est très important.

Revenons à l’encyclique. Deux passages me semblent particulièrement intéressants pour vous. Je me concentrerai sur eux.

Le premier se trouve au chapitre trois, sous le titre de « l’ouverture progressive de l’amour ». Je le cite : « L’amour nous met enfin en tension vers la communion universelle. Personne ne mûrit ni n’atteint sa plénitude en s’isolant. De par sa propre dynamique, l’amour exige une ouverture croissante, une plus grande capacité à accueillir les autres, dans une aventure sans fin qui oriente toutes les périphéries vers un sens réel d’appartenance mutuelle. Jésus nous disait : “Tous vous êtes des frères“ (Mt 23, 8) » (FT, 95). L’accueil est une expression de l’amour, de ce dynamisme d’ouverture qui nous pousse à prêter attention à l’autre, à chercher le meilleur pour sa vie (cf. FT, 91-94) et qui, dans sa pureté, est la charité infusée par Dieu. Dans la mesure où elle est imprégnée de cette attitude d’ouverture et d’accueil, une société devient capable d’intégrer tous ses membres, même ceux qui, pour diverses raisons, sont des « étrangers existentiels » ou des « exilés cachés », comme le sont parfois les personnes handicapées ou les personnes âgées, par exemple (cf. FT, 97-98). Sur cet aspect de l’amour, la référence fondamentale est la première encyclique de Benoît XVI Deus caritas est (25 décembre 2005).

Le deuxième passage de Fratelli tutti que je vous propose est le numéro 141. Je le cite en entier : « La vraie qualité des différents pays du monde se mesure par cette capacité de penser non seulement comme pays mais aussi comme famille humaine, et cela se prouve particulièrement dans les moments critiques. Les nationalismes fondés sur le repli sur soi traduisent en définitive cette incapacité de gratuité, l’erreur de croire qu’on peut se développer à côté de la ruine des autres et qu’en se fermant aux autres on est mieux protégé. Le migrant est vu comme un usurpateur qui n’offre rien. Ainsi, on arrive à penser naïvement que les pauvres sont dangereux ou inutiles et que les puissants sont de généreux bienfaiteurs. Seule une culture sociale et politique, qui prend en compte l’accueil gratuit, pourra avoir de l’avenir ». Nous sommes au chapitre 4, intitulé « Un cœur ouvert au monde entier », où il est question de la « gratuité qui accueille » (cf. n.139-141). L’aspect de la gratuité est essentiel pour générer la fraternité et l’amitié sociale. Je souligne pour vous la dernière phrase : « Seule une culture sociale et politique, qui prend en compte l’accueil gratuit, pourra avoir de l’avenir » (n.141). L’accueil gratuit. On parle souvent de la contribution que les migrants donnent ou peuvent donner aux sociétés qui les accueillent. C’est vrai et c’est important. Mais le critère fondamental ne réside pas dans l’utilité de la personne, mais dans la valeur en soi qu’elle représente. L’autre mérite d’être accueilli non pas tant pour ce qu’il a, ou peut avoir, ou peut donner, mais pour ce qu’il est.

J’ai toujours été frappé, dans l’Ancien Testament, par la récurrence – dans les Prophètes, dans les Livres historiques – des trois personnes pour lesquelles il faut prendre un soin particulier : la veuve, l’orphelin et le migrant. Et cela se répète dans le Deutéronome, dans l’Exode – dans l’Exode pas tellement, mais dans le Deutéronome – dans le Lévitique, cela se répète : l’attention, le soin pour les veuves, pour les migrants, pour les orphelins. C’est récurrent. Par exemple : « Si vous moissonnez, ne repassez pas : ce qui reste là, ce qui est laissé là, laissez-le à la veuve, à l’orphelin, à l’immigré ». Il y a toujours cela. Il est important de reprendre cette tradition d’accueil, d’accueil de ceux qui n’ont pas ou qui sont dans une situation difficile.

Chers frères et sœurs, je vous laisse avec ces éléments de réflexion et je vous encourage à poursuivre votre chemin de formation, afin que vous puissiez toujours mieux vivre l’accueil et promouvoir une culture de l’accueil. Que la Vierge vous accompagne. Je vous bénis de tout cœur et je vous demande de prier pour moi. Je vous remercie.

© Traduction de Zenit

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Hélène Ginabat

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