Benoît XVI lisant des messages de félicitations. Photo : Fondation Joseph Ratzinger

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Benoît XVI et la transmission de la foi à l’ère du numérique

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Un remarquable communicateur

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En plus d’être un excellent théologien, Joseph Ratzinger était aussi un grand communicateur, capable d’utiliser différentes langues et moyens et de relever le défi des réseaux sociaux avec courage et créativité.

Traduction de l’espagnol

(ZENIT News – Vatican News / Rome, 3 janvier 2023)

Il est unanimement reconnu que Joseph Ratzinger était un grand théologien, mais il était aussi un remarquable communicateur, avec un style bien à lui, dont l’héritage transcendera sans aucun doute la limite temporelle de son existence terrestre. Le fait que Benoît XVI n’était pas un communicateur de masse – même s’il a attiré l’attention de millions de jeunes pendant les JMJ – ne retire rien à son style de communication. Tout d’abord, en tant que théologien, il a montré que même des sujets hautement intellectuels pouvaient être expliqués de manière simple et accessibles à un large public et pas seulement aux spécialistes. Le succès de son Introduction au christianisme, qui est toujours – plus de 50 ans après sa publication – un best-seller mondial dans les publications religieuses, démontre la capacité innée de Ratzinger à expliquer la foi en Jésus-Christ et à le faire avec des arguments clairs et un langage attractif et convaincant.

Il en va de même pour la trilogie sur Jésus de Nazareth, œuvre à laquelle Joseph Ratzinger a consacré tous ses efforts, réussissant à la terminer avant sa démission, malgré les difficultés de gouverner l’Église universelle. On peut donc dire que Benoît XVI a été un grand témoin de la foi – grâce à son caractère mesuré – comme le montre en définitive son testament spirituel – également dans la manière dont il a su la transmettre. En particulier, à travers ses écrits, ses discours (dont certains mémorables, comme beaucoup en font mémoire ces jours-ci) et ses homélies, définies comme « sublimes » par le P. Federico Lombardi pour la sage harmonie entre théologie, connaissance de l’Écriture et spiritualité.

 

Néanmoins, le pape allemand n’a pas manqué de gestes et de courage pour « prendre des risques » dans le vaste domaine de la communication. Benoît XVI a été le premier pontife à rencontrer des victimes d’abus sexuels commis par des clercs. Un acte d’une grande importance également en termes de communication, dans lequel Ratzinger a placé l’écoute au centre. Une écoute – comme on l’a vu dans les rencontres lors de ses voyages internationaux – loin des projecteurs et marquée par l’ouverture et l’empathie, conditions essentielles pour initier ce processus de conversion du cœur que François poursuit désormais avec conviction et qui a été le fondement du Sommet sur la protection des mineurs en février 2019.

Bien que certains médias n’aient pas manqué de critiquer certaines de ses décisions, Benoît XVI a toujours conservé une attitude positive à l’égard du monde des moyens d’information et de communication. Sa conversation avec le journaliste allemand Peter Seewald a donné naissance à Lumière du monde, un livre qui aborde toutes les questions les plus sensibles de son pontificat, allant jusqu’à évoquer le sujet de sa démission. Benoît XVI est aussi le premier pontife à avoir envoyé des SMS (aux jeunes des JMJ de Sydney), à avoir parlé aux astronautes de la Station spatiale internationale, à avoir répondu à des questions à la télévision le Vendredi Saint (2011), tandis qu’à Noël de l’année suivante, il signait un éditorial dans le Financial Times portant sur l’engagement des chrétiens dans le monde d’aujourd’hui.

Benoît XVI est surtout le premier pape à avoir été confronté à l’apparition des réseaux sociaux, qui ont profondément remodelé le contexte communicationnel mondial, précisément dans les années de son pontificat. Pas moins de cinq de ses huit messages pour les Journées de la communication sociale sont consacrés à cet aréopage numérique sans précédent. Ensemble, ils constituent une sorte de compendium du Magistère de l’Église sur cette nouvelle réalité qui a changé non seulement notre façon de communiquer, mais aussi notre façon d’entrer en relation avec les autres. Benoît XVI a immédiatement saisi l’importance de cette révolution technologique, qui n’est pas tant un moyen à utiliser qu’un espace à exploiter. C’est pourquoi il a inventé le terme de « continent numérique » pour désigner les réseaux sociaux. Un continent, comme dans le domaine de la géographie, qui demande l’engagement des fidèles – surtout des laïcs, dans la ligne d’Inter Mirifica – pour évangéliser ce nouveau territoire de mission. Le pape a également compris que la distinction entre le virtuel et le réel doit être dépassée car ce qui est partagé et commenté sur les nouvelles plateformes entraîne des conséquences concrètes dans la vie des personnes.

 

Benoît XVI encourage les chrétiens à être des témoins numériques plutôt que des influenceurs, à transformer les réseaux sociaux en « portes de la vérité et de la foi ». Et il ne le fait pas seulement avec des mots. Le 12 décembre 2012, pour la première fois, un pape a posté un tweet via le compte @Pontifex ouvert quelques jours plus tôt. Certains comparent ce geste à la création de Radio Vatican par Pie XI. Tout le monde ne l’approuve pas, craignant que le pape ne s’expose aux critiques et aux offenses, mais Benoît XVI est convaincu d’un choix qui va dans le sens de la nouvelle évangélisation. Une fois de plus, un pape sait comment exploiter le potentiel des innovations technologiques pour atteindre des personnes qui seraient sinon exclues de l’annonce de l’Évangile.

Quelques semaines après l’ouverture du compte, Benoît XVI a démissionné de son ministère pétrinien, mais @Pontifex a été « réactivé » par François, qui atteint aujourd’hui – par ses tweets en neuf langues – plus de 50 millions de followers chaque jour. Si donc, pendant les presque huit ans de son pontificat, Benoît XVI a communiqué en utilisant les langues les plus diverses avec créativité et courage, pendant les presque dix ans en tant que pape émérite, sa communication a pris une forme différente, invisible mais non moins efficace pour autant : la forme du silence et de la prière.

 

Alessandro Gisotti est directeur éditorial adjoint des médias du Saint-Siège.

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Rédaction

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