Mgr Gadecki et le patriarche Bartholomée © Conférence des évêques de Pologne

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Pologne: le patriarche Bartholomée Ier et Mgr Gadecki prient pour la paix

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Le baptême de saint Vladimir

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« Parfois, il n’y a de place que pour les larmes », a déclaré le patriarche Bartholomée Ier après une rencontre à Varsovie (Pologne) avec des réfugiés d’Ukraine, indique un communiqué de la Conférence des évêques de Pologne publié ce mardi 29 mars 2022 en anglais.

Le patriarche œcuménique Bartholomée Ier et l’archevêque Stanislaw Gadecki, président de la Conférence épiscopale polonaise, se sont en effet entretenus en tête-à-tête, ils ont rencontré des réfugiés et ils ont prié ensemble pour la paix dans le monde ce 29 mars.

Le patriarche oecuménique de Constantinople voyage en effet en Pologne à l’invitation du président polonais Andrzej Duda, pour encourager les réfugiés.

La rencontre a eu lieu sur le campus de l’Université cardinal Stefan Wyszynski, où se trouve une résidence pour environ quatre-vingt-dix réfugiés d’Ukraine. Après les entretiens et l’écoute d’histoires d’expériences de guerre, le patriarche Bartholomée a déclaré qu’il n’est pas facile de donner un visage ou un nom à des histoires douloureuses, il est beaucoup plus facile de prêcher à leur sujet de façon théorique.

Seulement des larmes

« Notre expérience de ces deux jours a en effet été déchirante car il est difficile de voir les visages des personnes qui souffrent, de rencontrer des personnes qui ont perdu leur maison, des êtres chers, de rencontrer des femmes, des enfants et des personnes âgées qui ont perdu des êtres chers, ont perdu tous leurs biens sauf leurs souvenirs. Et il est tout simplement impossible d’imaginer à quel point cette invasion atroce a causé des ravages au peuple ukrainien et au monde entier ! » a souligné Bartholomée. Il a ajouté qu’il « n’y a pas de mots » pour décrire ce qu’il a rencontré là-bas, alors il a réalisé « très intensément » que parfois il n’y a de place « que pour les larmes ».

Le patriarche œcuménique a salué la générosité des habitants de Pologne et des pays voisins qui ont donné leur maison et leur cœur à leurs semblables: « Le monde entier vous doit une profonde dette de gratitude », a-t-il souligné. Il les a exhortés « à ne pas oublier les larmes, ni les visages, ni l’angoisse de vos frères et sœurs d’Ukraine. Votre solidarité avec eux – un don céleste, en effet – est la seule chose qui puisse vaincre le mal et les ténèbres dans le monde ».

Mgr Gadecki a pour sa part remercié Bartholomée et il a rappelé les victimes de la guerre déclenchée par la Fédération de Russie le 24 février: « des milliers d’innocents tués, des femmes, des enfants et des personnes âgées qui n’avaient rien à voir avec les hostilités, des maisons détruites, des villes et des villages bombardés ». « Beaucoup d’actions de l’agresseur portent la marque d’un génocide », a souligné le président de la Conférence épiscopale polonaise. « Et tout cela se passe au début du 21e siècle », a déploré Mgr Gadecki. L’expérience traumatisante de la Seconde Guerre mondiale n’était pas un « avertissement suffisant »? Il a diagnostiqué une  « soif effrénée du pouvoir et le manque de respect pour la vie humaine et la dignité humaine ont conduit à la renaissance des démons destructeurs du passé »: « Des innocents sont tués et ceux qui ont survécu sont contraints d’abandonner leurs maisons et de « vagabonder » dans l’inconnu ».

Le baptême de saint Vladimir

Mgr Gadecki a rappelé que dans cette guerre, deux nations slaves chrétiennes se combattent, et pourtant elles ont « les mêmes fonts baptismaux » : « le baptême de saint Vladimir le Grand, prince de Kiev, qui, en 988, l’a reçu de Constantinople , la capitale de l’Orient chrétien ».

Il a cité ses propres paroles  dans une lettre du 2 mars à Kirill, le patriarche de Moscou et de toute la Russie : « Aucune raison, aucune justification ne peut jamais justifier la décision de lancer une invasion militaire d’un pays indépendant, bombardant des zones résidentielles, des écoles ou des jardins d’enfants. . La guerre est toujours une défaite pour l’humanité. Cette guerre (…) est encore plus insensée du fait de la proximité des deux nations et de leurs racines chrétiennes. Est-il permis de détruire le berceau du christianisme sur le sol slave, le lieu où Rus a été baptisé ?  »

Mgr Gądecki a souligné que les catholiques se retrouvent en tant que « Sœurs et Frères en Christ »: « En Lui, nous trouvons le vrai pardon et la liberté d’esprit. Ce n’est que dans la Croix du Christ qu’il y a l’espoir de briser le pouvoir du mal et de se libérer des chaînes des tourments de la guerre. »
Il a rappelé que le pape François, et avec lui toute l’Église catholique romaine, prend de « nombreuses initiatives spirituelles », plaidant « pour la paix en Ukraine et dans le monde entier ». C’est pourquoi la Solennité de l’Annonciation du Seigneur — dans l’Église catholique — a été une « journée spéciale de prière pour la paix, couronnée par l’Acte de consécration du monde, en particulier de la Russie et de l’Ukraine, au Cœur Immaculé de Marie ».

A la fin, le président de la Conférence épiscopale polonaise a remercié le patriarche Bartholomée « pour sa présence et pour toute l’attention spirituelle et paternelle apportée aux chrétiens orthodoxes d’Ukraine, dont beaucoup ont trouvé refuge en Pologne ». Il a assuré que l’Église catholique « les assistera matériellement et spirituellement dans le respect de leur foi et de leur spécificité culturelle, conformément à l’enseignement de l’Église catholique concernant les principes de l’œcuménisme et de la liberté de conscience et de religion ».

Il a également remercié le clergé, les personnes consacrées et les laïcs pour « toute l’aide qu’ils ont offerte aux fidèles des Églises orthodoxe et gréco-catholique, dont l’histoire et la tradition sont si étroitement liées au peuple ukrainien ».

La prière, ensemble

Ensuite, le patriarche Bartholomée Ier, l’archevêque Gadecki et les participants se sont rendus à la chapelle pour prier ensemble.

Après avoir lu un passage de l’évangile de saint Jean, les participants à la réunion ont prié « pour que les chefs religieux deviennent un exemple vivant de la paix et de l’unité, pour les disciples d’autres religions, pour les gouvernements », en particulier « pour que ceux qui sont au pouvoir en Russie et en l’Ukraine soit guidée par les principes découlant de la foi chrétienne de ses peuples « , pour « une fin rapide de la guerre », pour « la guérison des blessures spirituelles et physiques, pour tous ceux qui ont souffert à cause de la guerre cruelle », pour la « repentance », la « conversion » et la « pénitence » de ceux qui ont provoqué cette guerre

Les personnes rassemblées ont également prié pour le salut éternel de ceux qui ont péri dans cette guerre et que Dieu « montre sa grande miséricorde envers les défunts qui ont pris part à cette guerre avec de mauvaises intentions ».

« Avec Marie, Mère de Jésus et notre Mère, nous vous prions de parler au cœur des responsables du sort des nations. Abolissez la logique de représailles et de vengeance, et accordez, par l’intermédiaire de l’Esprit Saint, des solutions innovantes, généreuses et nobles, dans le dialogue et l’attente patiente – plus fructueuses que la guerre violente », a prié Mgr Gadecki.

La prière pour la paix s’est terminée par la prière du « Notre Père » en anglais et en ukrainien et la bénédiction de l’archevêque Gądecki et du patriarche Bartholomée.

Le patriarche œcuménique Bartholomée s’est rendu en Pologne à l’invitation du président polonais Andrzej Duda. Arrivé le 27 mars, il a déjà rencontré des réfugiés de guerre ukrainiens au Centre culturel orthodoxe de Varsovie. Le 28 mars, il a rencontré les fidèles de l’église orthodoxe Saint-Jean Climaque dans le quartier Wola de Varsovie et il a visité l’Eglise orthodoxe Sainte-Sophie la Sagesse de Dieu en construction dans le quartier Ursynow de Varsovie. Il a rendu visite au président Andrzej Duda. Le patriarche Bartholomée Ier était accompagné de l’archevêque Sawa, métropolite de Varsovie et de toute la Pologne. La visite s’achèvera le 30 mars.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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