Le pape François a reçu en audience une soixantaine de membres de l’Association de parents de jésuites espagnols, ce vendredi matin 25 mars 2022, dans la Salle Clémentine du Palais apostolique du Vatican.
S’exprimant dans sa langue maternelle, il leur a fait partager des souvenirs personnels et d’autres, liés à l’histoire de la Compagnie de Jésus, rapporte Radio Vatican.
Le pape parle d’expérience, lui qui a raconté souvent l’opposition de sa maman à sa vocation.
Le pape a souligné combien il est important que des parents soient proches de leurs enfants qui choisissent la voie de la vie consacrée ou du sacerdoce. Evoquant sa propre entrée au noviciat à Córdoba, à 700 kilomètres de Buenos Aires où vivait sa famille, il a confié que sa mère, qui ne partageait pas son choix de vocation, avait pourtant tenu à l’accompagner avec son père pour ce long voyage en autobus.
Il a également rappelé la passion pour le football de son père, qui était un supporter de l’équipe du San Lorenzo et avait joué au basket dans le même club.
Le pape argentin a évoqué les préposés généraux de la Compagnie de Jésus : Włodzimierz Ledóchowski, Jean-Baptiste Janssens, et Pedro Arrupe qui a renouvelé et assoupli la discipline rigide qui la caractérisait.
Il a enfin remercié les familles des jésuites qui font partie des plus grands bienfaiteurs de la Compagnie fondée par saint Ignace de Loyola et formé le vœu que les choix vocationnels des enfants puissent toujours être accueillis par leurs parents.
La réaction des Bergoglio à la vocation de leur fils
Rappelons que dans son livre entretien avec Francesca Ambrogetti et Sergio Rubin, « Je crois en l’homme » (Flammarion 2013), le pape confie la réaction de ses parents à l’annonce de sa décision de devenir prêtre. « Je l’ai d’abord dit à mon père, et il a approuvé mon choix. Encore mieux, il était heureux. Il m’a demandé si j’étais sûr de ma décision. Puis c’est lui qui en a parlé à maman qui, en bonne mère, commençait à s’en douter. Sa réaction fut différente: « Je ne sais pas, mais je ne te vois pas… Tu dois attendre un peu… Tu es l’aîné… Continue à travailler… Termine tes études. » La vérité c’est qu’elle l’a très mal pris » (p. 46).
Sa mère restera longtemps distante par rapport à ce choix de Dieu: « Quand je suis entré au séminaire, maman n’a pas voulu m’accompagner. Elle a mis des années à accepter ma décision. Nous n’étions pas fâchés, mais autant j’allais à la maison, autant elle ne venait jamais au séminaire. Quand finalement elle l’a accepté, elle a mis certaines distances. Au noviciat de Cordoba, elle venait me voir. Cela dit, c’était une femme croyante et pratiquante, mais elle pensait que tout était allé trop vite, que c’était une décision qui requérait un temps de réflexion. Elle était cohérente, cela dit, je la vois encore à genoux devant moi, à l’issue de la cérémonie de mon ordination, demandant ma bénédiction » (pp. 46-47).
La réaction de sa grand-mère
Et puis voici la réaction de sa grand-mère: « Lorsque j’en ai parlé à ma grand-mère, qui le savait déjà et qui joua les innocentes, elle m’a dit: « Bien si Dieu t’appelle, béni sois-tu ». Elle a aussitôt ajouté: « Je te prie de ne pas oublier que les portes de la maison sont toujours ouvertes et que personne ne te reprochera quoi que ce soit si tu décides de revenir. » Cette réaction, que nous qualifierons aujourd’hui de modérée, devant quelqu’un qui s’apprête à traverser une épreuve importante, fut pour moi une leçon pour savoir comment se comporter face à une personne qui est sur le point de faire un pas décisif dans la vie. »