Le pape François a déclaré que « la construction d’une nouvelle économie, respectueuse de la dignité humaine et de l’environnement, peut et doit commencer par le bas ». Et « cela a déjà commencé par le bas, a-t-il noté : partout dans le monde, il existe de nombreuses expériences d’entreprises éthiques et durables qui montrent un chemin. » Il a invité à « favoriser la communication et le partage entre ces expériences, afin de former un réseau capable d’avoir un impact à des niveaux de plus en plus larges ».
Le pape a rencontré les membres d’une association d’entrepreneurs italiens, « Âme pour le social dans les valeurs d’entreprise », le 14 mars 2022, au Palais apostolique du Vatican. Dans son discours, il a rappelé que l’organisme fête le 20e anniversaire de sa création.
Le pape François a voulu « encourager » les entrepreneurs qui représentaient « principalement la réalité des petites et moyennes entreprises » ainsi que leur « offrir quelques pistes de réflexion ».
Même si « certains pensent que les critères éthiques et sociaux sont comme une ‘cage’ qui mortifie la liberté et la créativité économique » « en réalité, c’est tout le contraire, ou du moins ça peut l’être », a expliqué le pape et a ajouté : « Si l’on veut que le monde futur soit habitable et digne de l’homme, l’économie doit être plus libre du pouvoir de la finance et plus créative dans la recherche de formes de production orientées vers une écologie intégrale. »
Le pape a appelé à une économie plus « concrète, pas « liquide » ou « gazeuse » » : « La mondialisation doit être « gouvernée », a-t-il noté, afin que le global ne se fasse pas au détriment du local, mais que les deux dimensions soient vertueusement et fructueusement liées. »
Ce thème « de la nouvelle économie, de l’économie concrète » est au cœur de son dernier livre – Revenons au rêve (Ritorniamo a sognare) – ou le pape, selon ses paroles, s’est « concentré sur une analyse de ce problème de la concrétude de l’économie et de la visibilité de l’économie, pour éviter ce qu’on appelle la « liquidité » ou la « gazéité » ».
Aujourd’hui, a souligné le pape François, « gardant l’objectif centré sur le bien commun, il est nécessaire que la politique et l’économie, en dialogue constant l’une avec l’autre, se mettent résolument au service de la vie, de la vie humaine et de la vie de la création » et non au service « de la mort, comme cela arrive parfois malheureusement ». Il ne faut pas « oublier la sphère géopolitico-militaire, a-t-il poursuivi, où diverses guerres régionales et notamment la guerre en cours en Ukraine montrent que ceux qui gouvernent le sort des peuples n’ont pas encore compris la leçon des tragédies du XXe siècle ».
Le pape a aussi voulu donner « un conseil » aux entrepreneurs « en tant qu’évêque »: « Si vous voulez être une « âme » dans le monde des affaires, ne négligez pas de prendre soin de votre propre âme, celle qui nous vient de Dieu. » Il s’agit d’une « exigence personnelle », a-t-il souligné : « chacun, s’il veut animer, doit se laisser animer intérieurement par le bien, le beau et le vrai. »
Il a aussi rappelé que « les témoignages d’entrepreneurs italiens qui ont pu augmenter non seulement les profits, mais aussi la vie, la qualité de vie, la qualité du travail, avec liberté et créativité » « en témoignent ». « Et cela vous amène à la créativité, cela vous amène – j’ose dire – à la poésie, a conclu le pape François. Le travail de l’homme est aussi poésie : faire les choses. »