Le pape François dénonce une « inacceptable agression armée » en Ukraine, une « guerre atroce », un « massacre », une « barbarie », une « profanation du Nom de Dieu » et le « martyre » de la ville de Marioupol, assiégée, affamée et bombardée, comme témoignent les images que des journalistes font parvenir, au prix de partager le danger qui frappe les civils sur place.
Après l’angélus de midi, hier, dimanche 13 mars 2022, place Saint-Pierre, en présence de quelque 25 000 personnes, le pape en a appelé « au nom de Dieu » à l’arrêt « des bombardements et des attaques ».
C’était aussi le 9e anniversaire de l’élection du pape François, qui a parlé avec la liberté qui le caractérise, en employant des termes d’une grande force, sans jamais prononcer le nom du président russe ni l’adjectif russe, ni le nom de la Russie, comme une façon respecter le pays – et les nombreux Russes qui manifestent contre la guerre – et de laisser la porte ouverte au dialogue. Mais ses propos, très clairs, dénonçant qui refuse le cessez-le-feu, n’en avaient peut-être que plus d’impact.
Le martyre de Marioupol
Le pape a dénoncé le martyre de Marioupol, ville portuaire et industrielle de l’oblast de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine, sur la Mer d’Azov, avec quelque 431 859 habitants en 2021: « Frères et sœurs, nous venons de prier la Vierge Marie. Cette semaine, la ville qui porte son nom, Marioupol, est devenue une ville martyre dans la guerre atroce qui ravage l’Ukraine. »
Le monde entier a vu la destruction de la maternité de Marioupol: une maman enceinte, le bassin brisé, a été emportée sur une civière, et, malgré les efforts des secouristes, elle est décédée, son bébé aussi. Une autre maman, Marianne, a survécu, et sa petite Veronika est née, avec l’aide du papa, Youri, et les médecins, loin, au téléphone.
Le pape a dénoncé cette « barbarie »: « Face à la barbarie des meurtres d’enfants, d’innocents et de civils sans défense, il n’y a pas de raisons stratégiques qui tiennent : il faut seulement arrêter l’inacceptable agression armée, avant qu’elle ne réduise les villes en cimetières. »
Visiblement bouleversé, le pape François a imploré la fin des bombardements « au Nom de Dieu »: « La douleur au cœur, je joins ma voix à celle des gens ordinaires qui implorent la fin de la guerre. Au nom de Dieu, qu’on écoute le cri de ceux qui souffrent et que l’on arrête les bombardements et les attaques! »
Il a réclamé, « au Nom de Dieu » l’ouverture de négociations: « Que l’on mise vraiment et résolument sur la négociation, et que les couloirs humanitaires soient efficaces et sûrs. Au nom de Dieu, je vous demande : arrêtez ce massacre ! »
La profanation du Nom de Dieu
Et puis le pape a souligné la présence du Christ en tout réfugié et il a appelé à continuer la générosité pour eux: « Je voudrais encore une fois exhorter à l’accueil les nombreux réfugiés en qui le Christ est présent, et dire merci pour le grand réseau de solidarité qui s’est formé. »
Enfin, le pape a exhorté les catholiques à intensifier leur prière: « Je demande à toutes les communautés diocésaines et religieuses d‘augmenter les moments de prière pour la paix. »
Le pape François a dénoncé le fait d’inciter à la guerre comme une profanation du nom de Dieu: « Dieu est seulement le Dieu de la paix, il n’est pas le Dieu de la guerre, et qui soutient la violence profane son nom. »
Enfin, le pape a prié en silence avec la foule présente place Saint-Pierre pour la conversion de ceux qui ne veulent pas la paix: « Maintenant, prions en silence pour ceux qui souffrent et pour que Dieu convertisse les cœurs à une ferme volonté de paix. »