Le fondement de l’anthropologie chrétienne n’est autre que « le regard de Dieu sur l’homme lui-même »: le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin a conclu avec une conférence concluant un colloque organisé par plus d’une soixantaine d’associations de laïcs catholiques, à Rome, à « l’Angelicum » – l’Université pontificale Saint-Thomas-d’Aquin des dominicains -, mercredi dernier, 9 mars 2022.
Le séminaire était intitulé « “Proclamez-le sur les toits“ (Mt 10, 27). Agenda public subsidiaire et partagé ». L’intervention du cardinal a été rapportée sur Vatican News en italien.
Un regard, a précisé le secrétaire d’Etat, qui lui accorde la plus grande dignité possible et qui le voit toujours comme « très beau »: « Voilà la contribution que l’Église peut donner, aujourd’hui comme hier, à la famille humaine de tous les lieux et de tous les temps ».
Affirmer la dignité de l’homme
Cette dignité que l’homme reçoit de Dieu, a dit le cardinal Parolin, « est ce que le monde a besoin d’entendre, car chaque fois qu’il l’oublie, il occulte non seulement la présence de Dieu, mais aussi la dignité, la beauté et la valeur de l’homme ». Pourtant, « tout homme, croyant ou non, ressent au fond de lui-même, qu’il est porteur d’une valeur et d’une dignité absolues, sans conditions », a-t-il souligné. L’affirmation de la dignité humaine est acceptable par le plus grand nombre, parce qu’elle est tout à fait « raisonnable ».
Une raison « élargie »
Partager « largement » les valeurs chrétiennes suppose ce que le pape émérite Benoît XVI appelait une « raison “élargie“ », qui ressent « spontanément la nécessité de “s’élargir“ aux interrogations proprement humaines », a précisé le secrétaire d’Etat. La raison ne se satisfait pas d’un raisonnement prétendument scientifique qui l’exclut des « grandes questions sur le sens de l’existence humaine », comme si « les seules certitudes devaient être le résultat d’une combinaison de mathématiques et d’empirisme, sans lesquels il n’y aurait rien de scientifique et donc de raisonnable ».
Le cardinal a également mis en garde contre le risque de tomber « dans le pur subjectivisme éthique » et de faire de « l’arbitraire subjectif, l’unique instance éthique » si l’on « soustrait au domaine de la raison » les questions existentielles concernant la religion et l’ethos.
Laïcité
La séparation entre l’Eglise et l’Etat, a souligné le secrétaire d’Etat, implique « la liberté de l’Eglise et des chrétiens d’exprimer même dans la sphère publique des pensées, des actions et des comportements correspondant à leur foi, avec le plein droit de demander des actions publiques correspondantes et des lois pour protéger les valeurs qu’ils professent ».
Une laïcité “authentique” « garantit le légitime exercice d’une liberté religieuse tout aussi authentique et traduit du point de vue de l’Etat ce que le Concile Vatican II a exprimé du point de vue de l’Eglise catholique », a poursuivi le cardinal Parolin. Cette « laïcité authentique », selon laquelle l’Etat n’empêche pas « l’expression religieuse mais en bénéficie, dans la juste distinction des sphères, permettra aux laïcs de réaliser leur mission, d’être sel de la terre et lumière du monde ». Les chrétiens pourront ainsi « inspirer des pensées et des œuvres dans leur environnement social et avoir un impact non seulement au niveau privé, mais également public et politique ».
La « meilleure politique »
Cette « laïcité authentique », a conclu le cardinal, favorisera la « meilleure politique » dont parle le pape François au chapitre V de l’encyclique Fratelli tutti : une politique « populaire au sens propre, et non populiste, et remplie d’un véritable “amour politique“ qui devient un amour effectif et qui, comme l’enseigne encore le pape, « est toujours un amour préférentiel pour les plus petits, présent derrière toute action accomplie en leur faveur ».