L’archevêque anglican de Canterbury, Justin Welby, se rendra au Soudan du Sud avec le pape François, a annoncé Lambeth Palace, le 3 mars 2022: ce sera la première mission conjointe de chefs religieux chrétiens en faveur de la paix.
Ils ont participé à la retraite au Vatican pour la paix dans le pays, déchiré par la guerre civile, en avril 2019, avec l’ancien modérateur de l’Eglise presbytérienne d’Ecosse, John Chalmers, qui pourrait les accompagner.
Le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège a seulement annoncé, hier, jeudi 2 mars, le voyage du pape François, sans préciser si Justin Welby se joindrait à l’étape soudanaise de la visite, mais le bureau de l’archevêque de Cantorbéry a confirmé sa présence. L’archevêque Welby avait parlé de cette possibilité dès le 6 février.
Le pape arrivera de son côté au Soudan du Sud, à Djouba, depuis la République démocratique du Congo où il sera en visite du 2 au 5 juillet (à Kinshasa et à Goma). Il restera au Soudan du Sud du 5 au 7 juillet 2022.
En décembre 2020, le pape François avait renouvelé sa promesse de se rendre au Soudan du Sud, faite pour la première fois en 2019, avec l’archevêque Welby et le modérateur de l’Assemblée générale de l’Église d’Écosse.
Dans son discours devant le Corps diplomatique, en janvier 2021, le pape a évoqué ce voyage ainsi que la journée de retraite organisée avec « la précieuse contribution de l’archevêque de Canterbury, Sa Grâce Justin Welby, et de l’ancien modérateur de l’Église presbytérienne d’Écosse, le révérend John Chalmers », auquel Martin Fair a succédé en mai 2020.
« J’ai confiance, a dit le pape, qu’avec l’aide de la communauté internationale, ceux qui ont des responsabilités politiques poursuivent le dialogue pour mettre en œuvre les accords établis. »
Ensemble aussi pour le message de Noël
Comme le pape, l’archevêque Welby et John Chalmers, en 2019, le pape, l’archevêque Welby et Martin Fair, ont adressé un message de Noël, le 24 décembre 2021, aux dirigeants politiques du Soudan du Sud : « En cette saison de Noël, nous nous souvenons que notre Seigneur Jésus-Christ est venu au monde parmi les plus petits – dans une étable poussiéreuse avec des animaux. Plus tard, il a appelé ceux qui souhaitent être grands dans son royaume à être le serviteur de tous. »
Ils disaient leur fidélité aux engagements de 2019: « Nous restons attentifs dans la prière aux engagements pris au Vatican en avril 2019 – les vôtres pour amener votre pays à une mise en œuvre harmonieuse de l’accord de paix, et les nôtres pour visiter le Soudan du Sud en temps voulu, alors que les choses reviennent à la normale. Nous avons été heureux de voir les petits progrès que vous avez fait, mais nous savons que ce n’est pas assez pour que votre peuple ressente le plein effet de la paix. »
Ils ont aussi évoqué leur visite future en disant alors: « Quand nous viendrons vous rendre visite, nous aspirons à témoigner d’une nation changée, gouvernée par des dirigeants qui, selon les paroles du Saint-Père l’an dernier,« se tiennent par la main, unis » … comme de simples citoyens » pour « devenir des Pères (et des Mères) de la Nation ».
Ils ont aussi dit ensemble qu’ils priaient: « Nous prions, ce Noël, pour que vous connaissiez une plus grande confiance entre vous et une plus grande générosité au service de votre peuple. Nous prions pour que vous connaissiez la paix qui dépasse toute connaissance dans vos propres cœurs et dans le cœur de votre grande Nation. »
Le geste du pape pour la paix
Lors d’un festival à Belfast (Irlande), en février dernier, rapporte The Tablet, l’archevêque Welby a confié espérer que la visite ait lieu et il a évoqué la scène de la retraite de 2019 au Vatican, au terme de laquelle le pape François a embrassé les pieds des dirigeants du Soudan du Sud, les suppliant de faire la paix: « Je pouvais voir des larmes couler sur leurs visages. Des larmes coulaient sur tous les visages, y compris sur celui du caméraman de la BBC. »
En effet, le pape avait proposé une journée de retraite spirituelle au Vatican aux responsables du pays en avril 2021. Cette retraite a été conclue par ce geste saisissant du pape François.
C’était « une image forte », avait alors confié Andrea Tornielli, « qui ne peut être comprise que dans le climat de pardon mutuel qui a caractérisé les deux jours de la retraite. Ce n’est pas un sommet politico-diplomatique, mais une expérience de prière et de réflexion commune entre des dirigeants qui, après la signature d’un accord de paix, s’efforcent de faire en sorte qu’il soit respecté ».
Ce n’est pas la première fois que le pape souhaite affronter un défi du monde contemporain la main dans la main avec d’autres chrétiens. Le pape François s’est en effet rendu dans le camp de réfugiés de Moria, sur l’île de Lesbos (Grèce) le 16 avril 2016, avec le patriarche Bartholomée et l’archevêque orthodoxe d’Athènes, Hiéronyme, et ils y ont signé une importante Déclaration commune.
