Martyrs chrétiens à Nagasaki, XVI-XVII siècle © DP / Wikipedia

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Japon: les « documents Marega » et la « diplomatie de la culture »

Une découverte de la bibliothèque vaticane

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« La “diplomatie de la culture“ permet de tisser des relations et de traiter avec finesse et précision les questions les plus délicates et épineuses », affirme le préfet de la Bibliothèque apostolique du Vatican, Mgr Cesare Pasini, après des années de collaboration avec le monde scientifique japonais sur l’histoire des persécutions des premiers chrétiens au Pays du Soleil levant.

La présentation « Histoire de l’évangélisation du Japon. Les “documents Marega“ de la Bibliothèque apostolique vaticane » s’est tenue mardi 1er mars 2022, dans la salle de presse du Saint-Siège. Les documents portent le nom du salésien italien Mario Marega.

Outre l’introduction du cardinal José Tolentino de Mendonça, bibliothécaire et archiviste de la Sainte Eglise romaine, d’autres experts sont intervenus au cours de la conférence de presse, parmi lesquels Mgr Cesare Pasini, préfet de la Bibliothèque apostolique vaticane (BAV), et le docteur Delio Vania Proverbio, Scriptor Orientalis.

Mgr Cesare Pasini et le docteur Delio Vania Proverbio ont relaté l’histoire du Fonds Marega, du recueil des documents anciens à la mise à disposition d’une base de données numérique : un travail qui n’aurait pu voir le jour sans « une collaboration étroite avec le monde japonais » et ses instituts de recherche, et des résultats qui vont bien au-delà de la sphère scientifique. C’est ce que Mgr Pasini appelle « la diplomatie de la culture ».

Dans les années trente, relate Mgr Cesare Pasini, le salésien Mario Marega commença à rassembler de nombreux documents sur l’histoire du christianisme au Japon qui risquaient d’être dispersés, pour les envoyer à Rome.

En juin 1938, raconte le docteur Delio Vania Proverbio, Scriptor Orientalis à la Bibliothèque Vaticane, Marega envoie une première dizaine de documents destinés au Musée du Latran (aujourd’hui Musée missionnaire ethnologique) ; ils seront transférés aux Archives apostoliques du Vatican, puis à la Bibliothèque vaticane en 2020. Et en 1953, grâce à l’ambassade d’Italie à Tokyo, l’ensemble du Fonds Marega part du Japon en bateau en direction de Rome et entre à la Bibliothèque Vaticane.

Le Fonds ne fut pas aussitôt inventorié, comme d’autres collections qui nécessitent d’abord une vérification minutieuse et complexe, explique Mgr Pasini, ; l’attente se prolongea, notamment parce que le matériel était dans une langue peu accessible (le japonais) et de plus dans une écriture ancienne qui exigeait des compétences paléographiques particulières.

C’est en 2011 que le docteur Delio Proverbio, scriptor orientalis de la Bibliothèque vaticane, s’y intéresse et travaille à la restauration des documents.

Une collaboration étroite avec le monde japonais s’avère nécessaire, en particulier pour les compétences que seuls ses Instituts de recherche pouvaient offrir. Ainsi, en 2013, un projet commun de la Bibliothèque vaticane et des Instituts de recherche en sciences humaines (NIHU) du Japon voit le jour.

Le projet, précise le préfet de la Bibliothèque, prévoyait « la réorganisation du matériel, sa conservation et la restauration d’une partie de celui-ci en raison des conditions précaires dans lesquelles Marega l’avait trouvé, la numérisation intégrale à haute définition, l’étude et le catalogage des documents et la mise à disposition d’une base de données permettant l’accès aux documents et à leur description ». La base de données est désormais consultable en ligne avec les documents numérisés : https://base1.nijl.ac.jp/~marega/).

Pour Mgr Cesare Pasini, la collaboration avec les institutions japonaises sur des documents témoignant d’une persécution qui a duré deux siècles et demi, est positive : « il a été possible, souligne-t-il, de construire une expérience commune, qui s’est concrétisée dans un échange de compétences et qui s’est élargie et approfondie dans une connaissance et une estime mutuelle ».

Cette « diplomatie de la culture », se félicite le préfet de la BAV, permet de « tisser des relations et de traiter avec finesse et précision les questions les plus délicates et épineuses ». Là où l’histoire a causé des blessures ou des oppositions entre les uns est les autres, « nous pouvons bâtir compréhension et accueil, harmonie et respect, en recherchant et en enquêtant, en expliquant et en contextualisant, en faisant mémoire de tout et de tous avec respect ». Et de conclure : « Nous connaissons encore mieux la vie des peuples. C’est un message particulièrement d’actualité. »

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Hélène Ginabat

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