Procès au Vatican © Vatican Media

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« Le procès au Vatican se poursuit, les objections de la défense rejetées »

Prochaine audience et premiers interrogatoires le 17 mars 2022

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« Le procès au Vatican se poursuit, toutes les objections de la défense rejetées », titre Radio Vatican (Salvatore Cernuzio), ce mardi 1er mars 2022, au terme de la neuvième audience, d’environ trois heures, du procès pour utilisation illicite présumée de fonds du Saint-Siège.

La prochaine audience aura lieu le 17 mars : le cardinal Becciu sera interrogé sur « l’affaire Sardaigne »: ce sera le début du « vrai procès ».

Les objections ne sont pas retenues

Le président du tribunal du Vatican, Giuseppe Pignatone, a lu, dans la Salle polyvalente des Musées du Vatican, une longue ordonnance, d’environ 40 pages, dans laquelle il a rejeté toutes les demandes en nullité avancée dès le 27 juillet 2021 par les avocats de la défense.

D’autre part, en ce qui concerne les « violations alléguées du procès équitable », l’ordonnance précise que « le système vatican respecte pleinement les indications données à l’art. 6 de la Convention européenne des droits de l’homme « .

Deux jugements sont également cités, celui de la Cour de cassation italienne qui a annulé la garde à vue du financier Gianluigi Torzi et celui du Tribunal fédéral suisse qui a confirmé en appel la saisie du courtier Raffaele Mincione, car tous deux nient le fait qu’au Vatican, en raison de la configuration institutionnelle particulière, les principes de « procédure régulière » n’existent pas. Ces deux phrases reconnaissent également l’indépendance des juges du Vatican, rendant ainsi « complètement injustifiées et déplacées les définitions de ‘procès spécial’ et de ‘tribunal spécial' » utilisées par certains défenseurs.

Les avocats des prévenus se sont réservé le droit de contester l’ordonnance. Parmi les raisons, le fait que le tribunal du Vatican aurait fondé sa disposition non seulement « sur l’observance des lois », mais aussi sur les quatre ordonnances – « Rescripta » – du pape qui « sont des actes à valeur normative, mais certainement pas des lois ».

Interrogatoires en vue

Le président Pignatone a demandé de communiquer quels accusés avaient l’intention de procéder à l’interrogatoire. Requête devant laquelle, plusieurs avocats ont déclaré vouloir « avoir clairement d’abord le matériel », ou une expertise sur les copies médico-légales « pour apprécier la correspondance entre le matériel saisi et ce qui était reproduit dans les documents ».

Une demande a été faite de divers côtés pour obtenir les supports informatiques saisis à Mgr Alberto Perlasca, considéré comme le principal témoin. Le juge Pignatone, précisant que la Cour « n’a pas compétence pour statuer sur les choses saisies mais non déposées », a invité le Bureau du Promoteur de Justice à procéder aux demandes de révocation, représentées aujourd’hui dans la salle d’audience par Roberto Zannotti, qui évaluera « toute demande » de copies à livrer éventuellement avant le 7 mars.

La plupart des accusés se sont déclarés disposés, par l’intermédiaire de leurs avocats, à être interrogés. Sauf trois : Raffaele Mincione, Gianluigi Torzi et la manager Cecilia Marogna. Le défenseur de ce dernier, Fiorino Ruggio, a expliqué que sa cliente a évoqué d’être liée par le secret avec la Secrétairerie d’Etat du Vatican, l’Etat italien et l’OTAN. Le tribunal du Vatican, a précisé Pignatone, pourra écrire à la Secrétairerie d’État pour demander des éclaircissements, mais pas à des tiers, en particulier à l’OTAN qui – a-t-il dit – en ce moment « est occupée par d’autres questions ». Ruggio s’est opposé au fait que si l’OTAN ne dénoue pas le lien du secret, il demeure et a ajouté que Mme Marogna « craint pour sa propre sécurité ».

Le premier à être interrogé, le 17 mars, sera donc le cardinal Giovanni Angelo Becciu, seul accusé présent dans la salle d’audience ce matin. Le cardinal ne répondra que sur « l’affaire Sardaigne », c’est-à-dire l’envoi de fonds au diocèse d’Ozieri et à la coopérative Spes, gérée par son frère. Dans deux autres « tranches », le cardinal sera plutôt interrogé sur « l’affaire de Londres » et sur « l’affaire Marogna ». « Enfin, commençons, maintenant je peux parler », a commenté le cardinal Becciu en marge de l’audience.

D’autres audiences sont prévues les 18, 29 et 30 mars et les 5 et 6 avril.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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